Coupe du monde de rugby 2023 / Irlande - Nouvelle-Zélande - La question qui fâche : les Irlandais ont-ils un problème de mental ?

Par Paul Arnould
Publié le Mis à jour
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L’histoire est cruelle pour le XV du Trèfle, incapable de passer le cap des quarts de finale d’un Mondial, et une nouvelle fois stoppé par des All Blacks insubmersibles dans un match de légende. La question est simple : la première nation mondiale a-t-elle un sérieux problème de mental ? 

Ils eurent beau communiquer avec passion pendant la semaine, affirmer haut et fort que les favoris, c’étaient bien eux, que le plafond de verre des quarts de finale n'était qu’une vaste fumisterie, personne ne fut dupe et ne l’a été dans ce duel de géants et de légendes opposant Irlandais et Néo-Zélandais. Les Tout-verts ont perdu pour la huitième fois en dix éditions en quart de finale du Mondial face à des Blacks redevenus des tueurs de sang-froid, historiquement costauds quand il s'agit d'anéantir l'espoir d'une nation entière (2011 est toujours dans un coin de la tête...). Car le constat, tout le monde peut le faire : depuis quatre ans, l'Irlande était une meilleure équipe que la Nouvelle-Zélande. Les résultats l'attestent, sa première place au classement mondial aussi.

Mais quand vint le premier match à élimination directe, l'Île d'Emeraude fut incapable de mener une seule fois dans la rencontre malgré une prestation de qualité. La faute à des Blacks stratosphériques, certes. Mais pas que. Hé oui, chers amis irlandais, le blocage psychologique qui vous hante depuis 36 berges vous a nouvelle fois fait faire des mauvais choix dans les moments clés. Et malgré ce qu'affirmait le tout jeune retraité Jonathan Sexton en préambule du choc - lui qui ne fera donc jamais mieux que son meilleur ami Ronan O'Gara - neuf joueurs étaient déjà sur la feuille de match au Japon il y a quatre ans.

Des erreurs évitables

À ce propos, et pour ceux qui voudraient relativiser la dimension psychologique de cette énième élimination précoce, n’allez pas nous affirmer que papi Sexton n’avait pas dans les guiboles cette pénalité à moins de 40 mètres très légèrement excentrée ou que le si précieux Caelan Doris ne pouvait pas éviter cet en-avant grossier à neuf minutes du terme. Sans parler de la faute stupide de l'expérimenté Conor Murray qui offrit trois points à des Blacks sensiblement fatigués. Pour la première fois depuis dix-sept rendez-vous, l’Eire a cédé. Eux d'habitude si brillants, vacillèrent en touche, furent dominés en mêlée, et perdirent le défi du jeu au sol. Plus grave, ils ne réussirent jamais à conclure quand les Blacks tenaient leur ligne d'en-but sans qu'on sache encore comment. En atteste ce maul qui s'écroula derrière la ligne sans que Ronan Kelleher ne puisse aplatir, ou de cette balle de match longue de 37 temps de jeu, qui rappela forcément celle en 2018 face à nos Bleus, cette année-là conclue par un drop magistral de Sexton. 

8 x 0 = la tête à Andy ?

Comment l’expliquer ? Nous ne sommes pas ici en consultation, messieurs, dames, mais le grand Freud y verrait là une psychanalyse de groupe. Cette Irlande, composée à 80 % de Leinstermen tout aussi tétanisés au moment de conclure cinq mois plus tôt face à leur bête noire rochelaise, s’est une nouvelle fois entêtée dans le choix d'aller en touche au lieu de prendre tous les points qui se présentaient. Deux fois cela fonctionna lorsque l'écart au score le justifiait, mais, pourquoi ne pas tenter la première tentative pour revenir à hauteur (3-3) ou bien, à dix minutes du terme, pour ne compter plus qu'un petit point de retard ? Quand on repense à la dernière action où un drop voire une pénalité auraient suffi pour les qualifier en demie, la stratégie peut surprendre. 

Entendez-nous bien, l'Irlande a réalisé un grand match samedi soir, et n'a pas déjoué comme il y a quatre ans. L'aspect psychologique mis en exergue ici n'est pas la seule explication à l'élimination des Verts. Simplement, impossible de ne pas penser à ce point sensible d'ordre psychique qui s'exprime à chaque fois que l'Irlande s'avance dans la plus grande compétition planétaire. Reste à savoir maintenant si Andy Farrell (sous contrat jusqu'en 2025 mais qui va devoir prendre acte de la fin de carrière de cadres historiques) pourra se remettre de ce nouveau KO. "Andy ? Tu dors", imagine-t-on crier dans son sommeil un autre manager lui aussi tout de noir vêtu au quotidien au bord de l'Atlantique, triste sans aucun doute par cette cruelle désillusion, mais qui attend son heure patiemment depuis plusieurs années sans jamais avoir caché son envie de prendre, un jour, la sélection.

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Les commentaires (60)
chtibigor Il y a 6 mois Le 15/10/2023 à 15:53

C'est ne pas connaître le peuple Irlandais que d'imaginer qu'ils peuvent manquer d'humilité. Ce sont des grandes gueules pacifistes. Ces joueurs font ce qu'on leur a dit; c'est à dire de suivre Sexton désigné comme exemple à suivre. Mais Sexton fait plus partie du problème que de la solution. Dans ces conditions de jeu avec un adversaire très vigilant, il est incapable d'envisager de prendre un intervalle dans la défense. Il l'a fait au début de la compétition parce que les adversaires étaient friables et on a cru qu'il avait retrouvé les jambes de ses 20 ans parce qu'il avait marqué 2 ou 3 essais. Et j'ai bien peur que l'arrivée annoncée de ROG en sélectionneur, retarde encore le problème. Ils doivent se passer de cette impasse du 10 détenteur de la stratégie de l'équipe pour passer à style de joueur qui attaque la ligne quand ça se présente.

picsaintloup Il y a 6 mois Le 15/10/2023 à 15:04

non ce n'est pas un problème mental, c'est un mélange de limitation technique amplifiée par un manque d'humilité. L'humilité ... quand on est trop sur de sa puissance on ne prend pas les points se présentant pensant qu'on peut en prendre plus avec une touche .... Problème technique ... que de passes et de possession pour ne pas en faire grand chose et marquer sur des actions sans passes ... quand tu es contré dans ton plan, que tu ne peux t'en sortir par le jeu debout alors le jeu de passe est une solution (encore faut-il savoir s'adapter) ... mais quand en plus tu n'as pas de jeu de passe efficace (cad produisant des points) alors c'est la fin ...

Zach_antony Il y a 6 mois Le 15/10/2023 à 14:02

N'importe quoi