France - Namibie. De la Régionale 2 à la Coupe du monde, la folle saison de Pieter-Jan van Lill

Par Loïc Bessière
  • Pieter-Jan Van Lill jouera sa quatrième division
    Pieter-Jan Van Lill jouera sa quatrième division - PA Images / Icon Sport
Publié le Mis à jour
Partager :

Pieter-Jan van Lill va jouer sa quatrième Coupe du monde, ce qui est déjà un exploit en soi, à 39 ans. Le Namibien sort d'une saison passée à l'entente Capbreton-Hossegor en... Régionale 2 ! Retour plusieurs mois passés dans la neuvième division française par le deuxième ligne. 

Au milieu du mois d'août, le XV de France a posé ses valises dans un camping de Capbreton, commune où ils se sont aussi entraînés. Bedo Mendez, entraîneur du club local, n'a pas été plus impressionné que ça devant Fabien Galthié et ses ouailles. Ces derniers mois, il a dirigé un joueur qui fait le Mondial, lui aussi. Et il défiera même les Bleus, ce jeudi à 21 heures, du côté de Marseille. Il s'agit de Pieter-Jan Vann Lill. Car, oui, le deuxième ligne, remplaçant face aux Français, était licencié dans le club de Capbreton-Hossegor, en... Régionale 2 l'an passé. Passé par Dax et Bayonne, il voulait revenir habiter dans le Pays basque et ouvrir son cabinet dentaire, après deux années à Valence-Romans. "Je fais des études pour avoir mon équivalence, donc j’allais manquer les quatre premiers mois de compétition pour les cours, les examens, les exercices pratiques… De juillet à octobre j’ai cours, puis, en novembre il y a la tournée avec la Namibie. Je ne pouvais pas continuer en pro", détaille le joueur. Il a voulu se baser à Anglet, commune de résidence du président du CHR et voilà comment une licence est signée. "C’est inespéré pour les joueurs et pour le club, lâche Bedo Mendez. Entraîner un joueur qui va disputer une Coupe du monde, ce n’est pas donné à tout le monde. Mais au-delà de ça, on est tombé sur la bonne personne. Il a été très important sur le projet humain." 

A lire aussi : Coupe du monde de rugby 2023 - Namibie : Van Lill, futur dentiste en France ?

Voilà que Pieter-Jan van Lill, après huit années de professionnalisme en France, s'est donc retrouvé à évoluer dans la neuvième division du rugby français. Avec un objectif : disputer... la Coupe du monde. "Je voulais continuer à jouer pour être en forme. Mais j’ai aussi fait beaucoup d’entraînements, de la musculation et du crossfit pour être en forme. Je n’avais pas de jours off. Je bossais physiquement tous les jours", détaille l'intéressé. Affuté, ce renfort a évidemment fait du bien aux troupes de Bedo Mendes. "Il était à 60-70% en match avec nous, rejoue l'entraîneur. S’il mettait tout ce qu’il a offensivement et défensivement, je crois qu’il aurait explosé beaucoup de joueurs. Il a joué sur la retenue, heureusement pour les adversaires… Mais sa présence à 60% nous suffisait !" 

"Redonner au rugby français ce qu’il m’a apporté"

À écouter le coach du club, sa recrue, arrivée à la mi-saison, s'est très vite fondue dans le moule : "Il est assez discret en dehors et sur le terrain. Il ne cherche pas à prendre la parole à tout-va. Mais dès qu’il ouvre la bouche, il monopolise l’attention. Il était à l’écoute de ce que l’on proposait et on discutait beaucoup avec lui. Il donne les bons conseils, quand il faut, aux joueurs et aux entraîneurs." Réponse de celui qui est communément surnommé "Pof" : "Je laissais l’entraîneur parler mais s’il y a quelque chose où je peux aider, un domaine où je vois que l’on pouvait s’améliorer, je vais voir les entraîneurs."

\ud83c\uddf3\ud83c\udde6\ud83c\uddeb\ud83c\uddf7????? ????? ??? ????? 3️⃣ \ud83c\udfc9
.
Here's the Namibia Rugby Union team for their third #RugbyWorldCup2023 match against hosts France in Marseille \ud83d\udcaa\ud83c\udffd
.#RWC2023 #FRAvNAM #BornToBeBrave pic.twitter.com/cpjpcyGEJ3

— Namibia Rugby (@namibia_rugby) September 19, 2023

Pieter-Jan van Lill a redécouvert le rugby amateur après avoir basculé dans le monde pro en 2014, année de sa signature à Dax, où il était voulu par Richard Dourthe. "Je voulais redonner au rugby français ce qu’il m’a apporté, lance-t-il. C’est plus dur d’être amateur car il faut s’entraîner après avoir travaillé toute la journée, mais les gars jouent pour l’amour du rugby. Chaque match à l’extérieur, il y a toujours beaucoup de gens dans ces petits villages qui viennent soutenir leur équipe. C’est la base du rugby français."

S'adapter aux règles en amateur

Sur le terrain, le deuxième ligne a été surpris du niveau qu'il a rencontré : "Il y a des gens qui auraient pu jouer en pro, en Nationale ou Nationale 2. Ce qui manque, c'est le plan de jeu qui est moins précis qu'en pro." Mais il a aussi connu quelques mésaventures... "Le règlement, c’était bizarre pour moi. On ne doit pas plaquer au-dessus de la ceinture, j’ai concédé beaucoup de pénalités", concède-t-il. Malgré ces quelques fautes, l'entraîneur de Capbreton-Hossegor est très satisfait de l'apport de son joueur. Il a participé à la promotion de son équipe et aux phases finales, que ce soit au niveau local ou lors du championnat de France. L'ancien Bayonnais ne masque pas sa déception de ne pas être allé au bout, surtout pour ses coéquipiers qui ont disputé toute la saison, lui n'ayant joué que la moitié de l'année. 

Pieter-Jan Val Lill était sur le banc contre les All Blacks
Pieter-Jan Val Lill était sur le banc contre les All Blacks

Qui dit rugby amateur dit forcément troisième mi-temps. "Chaque fois que l’on a fait quelque chose, comme un stage de cohésion, il a répondu présent. Mais côté festif, il se limitait quand même. Ce n’est pas quelqu’un qui rentre à 4 heures du matin", révèle Bedo Mendez. En pleine préparation physique, le Namibien ne pouvait pas se permettre de ne pas avoir une bonne hygiène de vie. "On buvait une bière après les entraînements et les matchs. Mais j’avais un planning très chargé pour préparer le Mondial, je ne pouvais pas faire trop d’excès. Puis j’ai deux enfants aussi. Tout le monde m’a soutenu dans mon projet de Coupe du monde et a été sympa avec moi", achève-t-il. Ce jeudi soir, à 21 heures, du côté de Capbreton-Hossegor, certains auront peut-être du mal au moment de choisir le camp à soutenir...

Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?