Top 14 - Laurent Labit au sujet de l'élimination en quarts : "Je ne voulais plus entendre parler de rugby"

Par Marc Duzan
  • Laurent Labit, qui fut longtemps durant le bras droit de Fabien Galthié en équipe de France, est aujourd'hui à la tête du Stade français.
    Laurent Labit, qui fut longtemps durant le bras droit de Fabien Galthié en équipe de France, est aujourd'hui à la tête du Stade français. Icon Sport
  • Laurent Labit, qui fut longtemps durant le bras droit de Fabien Galthié en équipe de France, est aujourd'hui à la tête du Stade français.
    Laurent Labit, qui fut longtemps durant le bras droit de Fabien Galthié en équipe de France, est aujourd'hui à la tête du Stade français.
Publié le Mis à jour
Partager :

Quatre ans durant, Laurent Labit fut le bras droit de Fabien Galthié en équipe de France. Aujourd’hui à la tête du projet sportif du Stade français, il revient sur l’élimination du XV de France en Coupe du monde, parle de Ben O’Keeffe, de Rassie Erasmus et d’Antoine Dupont… Comme souvent, c’est du sans filtre.

A-t-il été difficile de basculer aussi rapidement de l’aventure en Coupe du monde au quotidien d’un club de Top 14 ?

La fin de cette aventure fut brutale : au lendemain du quart de finale face aux Springboks, il nous fallait déjà dégager de l’hôtel à midi parce que les Argentins nous y succédaient. Les au revoir, les adieux, les machins, il n’y en a pas eu… (il coupe) Tout le monde est rentré chez lui, voilà tout.

Et après ça ?

J’ai passé un jour à la maison sans trop savoir quoi faire… Je n’avais pas prévu d’être là si tôt et ce fut difficile à vivre, oui. Nous avons alors décidé avec mon épouse de partir cinq jours à l’étranger. Je ne voulais pas regarder les demi-finales. Je ne voulais plus entendre parler de rugby. À mon retour de vacances, je me suis dit que la meilleure solution était de basculer sur autre chose et je suis donc arrivé au Stade français. J’avais le devoir d’occuper mes journées : parce que plus elles passaient et plus je me rendais compte, en fait, que nous avions raté quelque chose d’immense, quelque chose que nous avions à portée de mains.

World Rugby a recensé cinq fautes de l’arbitre néo-zélandais Ben O’Keeffe sur ce quart de finale. L’avez-vous encore en travers de la gorge ?

Non, pas du tout. Il n’y a qu’une décision arbitrale qui m’a interpellé sur cette rencontre, c’est l’interception d’Eben Etzebeth sur la passe de Damian Penaud, en début de match. La veille, le même geste avait coûté au demi de mêlée néo-zélandais Aaron Smith un carton jaune, contre l’Irlande….

Dès lors ?

Ce sont nous qui avons perdu le match. Ce n’est pas la faute de l’arbitre. Et ce n’est pas parce que les Springboks nous ont roulés dessus. […] En première mi-temps, on prend 19 points et trois essais à zéro passe : deux ballons mal maîtrisés, un turn-over et basta… Partant de là, on ne peut s’en prendre qu’à nous-mêmes. On n’en est pas à chercher un coupable idéal qui serait l’arbitre.

Néanmoins, le staff tricolore a-t-il été dominé stratégiquement par son homologue sud-africain, lors des dix dernières minutes de cette rencontre ?

Non. Si on ne prend pas ces 19 points en première période, leur stratégie, qui consistait à garder leurs joueurs les plus expérimentés sur le banc pour gérer la fin de match, elle n’existait pas. Là où ils ont été malins, en revanche, c’est en faisant revenir deux joueurs (Pieter Steph du Toit et Duane Vermeulen) au sujet desquels le médecin indépendant de World Rugby n’avait pas signifié de commotion cérébrale. Ils n’en avaient pas le droit et ne l’ont d’ailleurs pas réédité en demi-finale, contre l’Angleterre.

On vous suit...

J’ai aussi lu des trucs où on criait au génie parce que les Springboks passaient d’un match à l’autre à un banc en 6-2, en 7-1 ou en 5-3. Nous ? Quand on changeait de configuration sur le banc de touche, c’est parce qu’on ne savait plus quoi faire… Quand tu perds, tu as toujours tort.

C’est en effet toute la binarité du sport…

Rassie Erasmus (le patron sud-africain) a aussi inventé le fait d’interpeller ses joueurs du haut des tribunes avec des lumières pour leur indiquer l’option de jeu à retenir. Là aussi, on peut l’interpréter comme on veut : si tu gagnes, c’est du génie ; si tu perds, c’est que tu n’as jamais été capable de responsabiliser ses joueurs. Voilà… Celui qui gagne a raison, c’est aussi simple que ça…

Pourquoi n’avez-vous pas sorti du terrain Antoine Dupont, lequel semblait fatigué en fin de rencontre ?

Antoine Dupont, c’est Antoine Dupont. Si on l’avait sorti et qu’on avait perdu le match, on nous l’aurait reproché. Et puis, c’était le seul mec qui pouvait changer le cours du match. (il soupire) Je vais vous dire une chose : si le match était le week-end prochain, on referait exactement la même chose en demandant simplement aux joueurs d’être plus prudents sur certaines actions, voilà tout.

Avez-vous eu Fabien Galthié, depuis ?

Oui. Il prend le temps de réfléchir, de digérer, d’analyser. C’est le patron et il sortira pour s’expliquer dans la presse courant novembre.

A-t-il été heurté de faire dernièrement la Une du journal Voici en tenue d’Adam ?

Il a le droit de faire ce qu’il veut. C’est sa vie privée. Maintenant, Fabien va repartir comme il a toujours su le faire. On espérait être à l’heure en 2023 et on y était presque. Ce dont je suis certain, en revanche, c’est que cette équipe de France sera au rendez-vous dans quatre ans.

Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?

Les commentaires (56)
GEGENE32 Il y a 5 mois Le 06/11/2023 à 15:50

Oui vous vous projetez dans 4 ans , je l'espère ...! mais avec quel Staff ? Combien de joueurs qui ont été sélectionnés en 2023 seront encore opérationnels sélectionnables en 2027 ? Attendons d'entendre ce qu'a à dire FB lors de conférence de presse.

kouccc Il y a 5 mois Le 02/11/2023 à 16:32

À mon avis, c'est peut-être plus l'arbitre vidéo que l'arbitre terrain qui n'a pas été à la hauteur. Par exemple, ça n'aurait rien couté, le jeu étant arrêté, de visionner la charge de Kolbe sur la transformation de Ramos, ou ce grattage sud africain où le défenseur a clairement pris appui au sol d'une main, entre autres. Sur d'autres matchs, les tmo ont été plus présents sans ruiner le jeu, car ils ont été rapides et précis.

Artiste Il y a 5 mois Le 01/11/2023 à 18:38

vas t on arrêter de tirer sur l'arbitre...mais avez vous lu labit...
non..et vous vous en foutez à débiter des trucs de dingues et hors de leur contexte
on a été battu...par les champions du monde !!
t'as enfin compris ...!!!!

rugbyvelo31 Il y a 5 mois Le 02/11/2023 à 08:46

Un peu langue de bois quand même
L'arbitre a été malhonnête point

Mich2a Il y a 5 mois Le 02/11/2023 à 09:27

Non ! C'est faux ce que tu dis. Lis bien ce qu'il dit sur l'en avant volontaire de Etzebeth. Normalement ( arbitrer logiquement) c'est pénalités pour l'équipe de France et carton jaune. L'arbitre n'a voulu rien voir, pire il a vu mais il n'a pas osé siffler. On sait tous pourquoi. Simplement sur cette action d'anti-jeu -- parce qu'il y en a d'autres -- la France gagne le match. On a pas été battu par les champions du monde, on a été volé par les magouilles de couloir de MR Erasmus. Quand on ne saisi pas trop les règles du rugby on peut retourner à la PlayStation.

GuydEg Il y a 5 mois Le 02/11/2023 à 20:42

Battus par 1 point d'écart, la nuance est énorme, l'artiste adieu.