France – Nouvelle-Zélande – La pression du match d’ouverture de la Coupe du monde peut-elle faire déjouer les Bleus ?

Par Paul Arnould
  • Le XV de France devra gérer ses émotions ce soir, face aux All Blacks.
    Le XV de France devra gérer ses émotions ce soir, face aux All Blacks. Icon Sport
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C’est le match que tout le monde attend. France – Blacks, en ouverture du Mondial 2023 dans un Stade de France chauffé à blanc. Seulement voilà, la pression peut-elle dévorer nos Tricolores comme ce fut le cas dans le passé ?

Mario Ledesma n’est pas n’importe quel lascar. En plus de sa formidable carrière, le talonneur s’était payé avec sa sélection argentine les Bleus en match d’ouverture de la Coupe du monde 2007. Au soir de l’exploit au Stade de France le 07 septembre, l’ancien Clermontois jeta un pavé dans la mare : "Agustin Pichot est venu me voir pour me dire qu’en rentrant aux vestiaires pour se changer, il a croisé dans les couloirs des joueurs français qui partaient reconnaître la pelouse. Il m’a dit qu’ils étaient tout blancs et que nous pouvions vraiment faire quelque chose." Il ajouta en guise d’ultime punition : "Nous, on joue tout au mental".

Mario Ledesma face au XV de France le 7 septembre 2007.
Mario Ledesma face au XV de France le 7 septembre 2007. Dave Winter / Icon Sport

Dans le camp français à l’époque, les avis divergeaient : "Plus l’événement s’est rapproché, plus nous avons senti de la tension, avouait Damien Traille. Quelque chose trottait dans nos têtes. Nous sommes complètement passés à côté." "Nous étions prêts physiquement et psychologiquement, défendait lui Jérôme Thion. Je ne pense pas que l’enjeu puisse expliquer notre prestation."

Seize ans plus tard, le même Thion reconnaît volontiers sa mauvaise lecture : "On n’avait pas abordé ce sujet (la pression d’un premier match d’un Mondial à domicile, N.D.L.R.) entre nous en préparation et on a été submergé par l’engouement. Ce fut un véritable fiasco." Vous nous voyez venir… Un écrin identique, un chef d’État omniprésent là aussi, une machine médiatique s’accélérant au fur et à mesure que le jour J approche, et une équipe de France qui devait à l’époque faire plier cette Argentine pimbêche, poussée par une nation à l’unisson, devant aujourd’hui partir en mission pour conforter un statut de favori à domicile face à des Blacks que certains imaginent tout gris.

Histoire de génération

Pour en revenir à ce vendredi soir, ce mal couve-t-il les Bleus de Galthié ? L’excellence atteinte par cette équipe de France ne nous voile-t-elle pas la face sur une défaillance psychologique couvant, très souvent, le pays organisateur dudit événement ? Souvenez-vous de la bande à Griezmann à l’Euro 2016 de football qui trouva son salut grâce au pied gauche miraculeux de Dimitri Payet à la 89ème minute face à la modeste Roumanie. Et nos leaders ? Bien que passés au statut de stars internationales, auront-ils la cuirasse assez solide pour supporter cette pression, et la transformer en force redoutable ?

Toutes ces questions qui embrument l’esprit et laissent songeur trouveront réponse dans la soirée de vendredi. En attendant, des ex-internationaux tentent de rassurer. "Passer à côté ? Je n’y crois pas du tout, confie Jérôme Thion. Dans cette équipe, on a l’impression d’avoir des garçons qui ont tous 80 sélections. Quand tu vois Antoine… Ils ont tous cette capacité d’absorber cette pression. Pour moi, c’est leur force par rapport à notre génération, et même aux autres nations." "Je n’ai pas de crainte, affirme Fabien Pelous dans votre édition Midol exceptionnelle. Cette équipe de France me semble hermétique au contexte, à la pression d’un public ou d’un adversaire. (…) Ces joueurs français vivent ces moments avec sérénité. Ils savent ce qu’ils ont à faire. Et ils vont le faire."

"On ne porte pas le sac à dos qui pourrait nous alourdir"

Et les principaux intéressés, qu’en pensent-ils ? Fabien Galthié à l’annonce de la composition d’équipe mercredi ne voulait pas entendre parler d’une quelconque pression : "Notre fonctionnement en interne, c’est simplement de jouer. On est tellement heureux de jouer. Vivre l’instant présent avec plaisir et s’aimer très fort. C’est ça l’enjeu pour nous. On ne porte pas le poids, on ne porte pas le sac à dos qui pourrait nous alourdir. Nous sommes très légers, très heureux de jouer, et notamment de débuter vendredi face à la Nouvelle-Zélande". Le tacticien français l’assure, ses Bleus ne seront pas submergés par le poids de l’histoire et la peur de ne pas décevoir. "Bien sûr qu’il y a de la pression, accordait son capitaine Antoine Dupont. Au-delà de recevoir un événement planétaire, le Graal de notre sport, elle est surtout due au fait que les gens attendent beaucoup de nous. En ayant des résultats probants et en étant dans les premières places mondiales, on a donné à tout le monde l’envie de nous voir soulever ce trophée. Ils croient en nous, ça les porte et ça nous porte. On doit rester dans ce que l’on fait depuis quatre ans maintenant et prendre l’énergie positive de cette fameuse pression."

La chance de ce XV de France ? Que la génération passée, belle à bien des égards, ait déjà connu la désillusion de ce match d’ouverture en France si difficile à aborder. Les Français sont prévenus, en somme, et si une défaite face à une nation triplement championne du monde n’est pas à exclure et ne serait pas une injure, on prend le pari qu’elle trouverait ses raisons aux antipodes de la dimension psychologique. En attendant, soyons optimistes. Les Bleus sous Galthié ont rarement failli dans les caboches lors des grands moments. Et des rendez-vous majuscules, la bande à Dupont commence à en avoir vécu quelques-uns. À eux désormais de dompter les Blacks et les mauvaises émotions, première étape dans leur quête du trophée Webb-Ellis.

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Les commentaires (1)
Chabalou Il y a 7 mois Le 08/09/2023 à 14:00

Oui je rappelle de 2007 et cette débâcle. Énorme déception et fête gachée pour des millions de français
Souhaitons qu ils aient été préparés mentalement pour ne pas revivre ca
On le sera vite en 10mn si on loupe une réception si on fait en avant...mais si tout de suite les français sont agressifs ce ne sera pas pareil