Coupe du monde 2023 - La blessure de Romain Ntamack, un nouveau rebondissement dans la carrière en Bleu de Matthieu Jalibert

Par Vincent Bissonnet
  • Matthieu Jalibert
    Matthieu Jalibert Icon Sport
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Inévitablement, le forfait de Romain Ntamack pour la Coupe du monde place Matthieu Jalibert (24 ans, 24 sélections) sur le devant de la scène. L'ouvreur bordelais devrait selon toute vraisemblance avoir la lourde responsabilité d'endosser le numéro 10, lui dont la carrière en Bleu aura été faite de hauts et de bas.

Les blessures font partie intégrante d’une carrière d'un joueur de haut niveau. Matthieu Jalibert est bien placé pour en parler, lui qui avait été foudroyé par une blessure à un genou, le 3 février 2018, au bout de 29 minutes de carrière en Bleu, face à l’Irlande. Le petit génie de l’UBB avait alors 19 ans et sa carrière devant lui. Mais à force de pépins, il avait dû tirer un trait sur le Mondial au Japon l’année d’après. “J’avais eu la chance de commencer tôt, mais cette blessure m’avait empêché d’enchaîner, avait-il évoqué dans les colonnes de Midi Olympique le mois passé. La Coupe du monde en 2019 a évidemment été un petit échec pour moi, même si je savais que j’étais jeune et que j’avais le temps de revenir.”

Cinq ans après, une nouvelle grave blessure à un genou va changer sa trajectoire : celle de Romain Ntamack, l'habituel numéro 10 de la sélection, en l'occurrence. Attendu dans un rôle de finisseur voire de polyvalent ouvreur-arrière, à la Coupe du monde, le Girondin devrait selon toute vraisemblance se retrouver propulser chef d’orchestre des Bleus. “Au vu des derniers matchs, je pense qu’il y a un titulaire en place, estimait-il. Après, à chaque fois que je vais à un rassemblement, je veux donner le maximum et ne pas avoir de regret. Mon but, c’est de prendre tout ce qu’il y a à prendre.” Le malheur de l’un va être synonyme d'opportunité pour l'autre. Celle d’une vie.

\ud83d\udea8\ud83d\udea8 Victime d'une rupture du ligament croisé du genou gauche, Romain Ntamack ne disputera pas la Coupe du monde avec le #XVdeFrance !

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— RUGBYRAMA (@RugbyramaFR) August 14, 2023

Édimbourg comme un symbole

Jusqu’à présent, la carrière internationale de Matthieu Jalibert a été une succession de hauts et de bas, d’allers et de retours, au gré de ses pépins et de ceux de son alter ego au poste. Perçu comme un finisseur depuis deux ans et l’expérimentation mitigée de son association avec son homologue toulousain en novembre 2021, le Bordelais a paradoxalement débuté la majeure partie de ses rencontres en Bleu : 13 titularisations pour 24 sélections. S’il a montré moins de constance que “NTK” sur la durée, ses coups d’éclat sont fréquemment venus mettre en lumière son talent naturel : son entrée en jeu face au Japon, en novembre 2022, avec deux actions de grande classe, sa partie trois étoiles à Twickenham malgré la défaite en mars 2021 ou son essai décisif en solitaire en Italie, en février dernier, avaient ainsi marqué les esprits sans pour autant l’installer comme un premier choix.

Si ses qualités, sur le plan offensif notamment, sont incontestables (avec 0,94 franchissement et 3,8 défenseurs battus sur 80 minutes, il possède les meilleurs ratios au monde pour un 10 depuis 2020, d'après Opta), son audace a pu se retourner contre lui et il n’a pas non plus toujours donné tous les gages espérés en défense et dans le jeu aérien. En Écosse, lors du premier match de préparation au Mondial, le 5 août, il avait d’ailleurs livré une prestation à l’image de son parcours tricolore : on l’avait vu inspiré et tranchant en attaque avec deux “try assists” pour Baptiste Couilloud et Louis Bielle-Biarrey (il en signe en moyenne une toutes les 85 minutes) mais il avait aussi manqué des coups de pied et avait été pris à défaut dans le jeu aérien.

Fortement pressenti comme le joker de Romain Ntamack à l’ouverture pour la Coupe du monde, Matthieu Jalibert aura pour défi de trouver le juste équilibre entre audace et sobriété, en sachant qu’il n’aura, cette fois, pas la lourde responsabilité du but à assumer. Au-delà de ses qualités intrinsèques, son vécu international l’aidera à n’en pas douter à aborder ce challenge, lui qui a été de la grande majorité des rassemblements de l’ère Galthié et qui a déjà été associé à sept reprises à Antoine Dupont. À lui de prouver que nul n’est irremplaçable. Au staff, aussi, de trouver les bonnes adaptations pour que l’immense coup dur de l’absence de Romain Ntamack soit le moins pénalisant possible pour le collectif.

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Les commentaires (20)
phildefer Il y a 9 mois Le 15/08/2023 à 12:43

Je pensais qu'une équipe de rugby était un collectif. Hé bien non, la star fils de Ntamack blessée est plus puisqu'on lis ici que tout est perdu. Jalibert ne les écoute pas: tu n'es pas un "fils de" et tu vas leur prouver qu'ils se trompent. Pour ma part que la France gagne ou pas, je sais que tu feras comme par le passé, de très belles choses.

LedZep56 Il y a 8 mois Le 16/08/2023 à 13:29

Quel commentaire déplacé, "fils de" c'est plus des emmerdes et ça fait parler les mauvaises langues qu'autre chose. Le soucis c'est premièrement que c'est triste pour lui qui est jeune et c'était bien préparé pour l'événement; deuxièmement parce-que c'est lui qui a le plus joué 10 en bleu et encore plus avec Dupont. Il faut donc essayer de créer un maximum d'automatismes en 6 matchs avant la sortie des poules et c'est pas si simple. Jalibert est aussi très bon mais également moins gestionnaire et fiable en défense, c'est le profil d'un finisseur idéal. Hastoy a un profil lui plus proche de Ntamack mais est-ce il serait s'adapter assez vite à voir... Les deux alterneront dans tous les cas.

Djive-ST Il y a 9 mois Le 14/08/2023 à 22:55

Jalibert est considéré par la presse étrangère comme un meilleur attaquant - Espérant ainsi que Galthié succombent aux sirènes anglo-saxonnes - Car tout le monde sait que Dupont et Jalibert ne sont pas compatibles - Le jeu offensif de jalibert freine celui de Dupont - Alors que NTamack dirigeait le jeu en symbiose avec Toto

biilyzekid Il y a 9 mois Le 14/08/2023 à 19:42

Jalibert c'est tout pareil que N'tamack. Tout pareil. La classe mondiale en moins..... Quelle tristesse pour ce XV de France et pour le joueur. Courage à tous. Personne ne vous en voudra de sortir en 1/4 contre l'Irlande désormais.

krahknardz Il y a 9 mois Le 14/08/2023 à 20:58

Marrant que ce soit en général exactement le contraire de ce que disent les commentateurs étrangers, qui considèrent Jalibert un meilleur ouvreur que Ntamack.
Le problème dans l'histoire c'est pas la blessure du pseudo-prodige toulousain, qui n'existe que grâce à Dupont, mais la perte de Baille. Lui fera défaut à l'EdF. Par contre avec Jalibert ou Hastoy en 10 on aura finalement enfin un stratège à la baguette, et pas juste le meilleur pote à Dupont.

LedZep56 Il y a 8 mois Le 16/08/2023 à 13:41

Quel mépris pour un joueur reconnu par ses pairs et également à l'étranger... La perte d'un 10 efficace avec des habitudes est problématique tout simplement. Il serait intéressant de voir le nombre d'essais qu'il à marqué ou sur lesquels il a été décisif, ça représente sûrement pas mal. Il fait jouer l'équipe et défend bien ce qui n'est pas le cas de Jalibert. Hastoy est celui qui a fait la meilleure saison des trois mais n'a jamais joué avec Dupont et n'a aucun automatismes.