Top 14 – Pierre Popelin (Castres olympique) : "En signant à Castres, je me suis mis en danger"

Par Paul Arnould
  • Pierre Popelin est l'un des meilleurs joueurs du Top 14 depuis le début de saison.
    Pierre Popelin est l'un des meilleurs joueurs du Top 14 depuis le début de saison. - Icon Sport
Publié le Mis à jour
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Le demi d’ouverture, arrivé à Castres à l’intersaison, est l’attraction de ce début de championnat. Très performant, il raconte son intégration, son départ de La Rochelle, et sa nouvelle vie au CO, qui affronte Toulouse, samedi, dans un derby très attendu.

Quel début de saison du CO : quatre victoires, invaincu à domicile. Tout roule !

Le début de saison est positif, c’est clair. Pourvu que ça continue ! Personnellement, je me suis bien intégré au club et à mes coéquipiers. Tout a été facile en arrivant dans le Tarn. C’est plus simple dans les relations, c’est plus simple dans le rugby, c’est plus simple dans la vie de tous les jours. C’est ce que j’ai ressenti en arrivant ici.

Après une saison dernière difficile, quelles sont les ambitions du club en 2023-2024 ?

Nous nous sommes fixés des objectifs en interne lors des stages de début de saison. Il faut être conscient que tous les clubs du Top 14 espèrent se qualifier et être champions, sinon autant ne pas partir sur la ligne de départ. On a des ambitions, et cela passera par énormément de boulot. Castres n’est pas l’un des clubs les plus médiatisés, nous n’aurons pas la lumière sur nous tout au long de la saison, donc en ce moment nous la prenons et on verra où ça nous amène au fur et à mesure. Mais j’espère que le club se qualifiera pour les phases finales.

Se profile maintenant le derby face à Toulouse. L’occasion d’un peu plus marquer les esprits ?

On me parle beaucoup de ce match. Dès lundi, j'ai senti que c’était une semaine différente. Ce n’est peut-être pas le match le plus important de l’année, mais il a une saveur très particulière. Ce qui s’est passé avant, c’est bien, mais être performant dans le derby, ça sera dix fois mieux.

Le poste de demi d'ouverture est cruel, car d’un jour à l’autre, on peut être adulé puis détesté

En quoi ce match est-il particulier ?

Castres est un peu le petit poucet sans nous dénigrer. Nous n’avons pas les têtes d’affiche et les internationaux de Toulouse. Mais nous avons une force collective ici très importante et l’envie de démontrer qu’elle peut faire déjouer toutes les équipes du Top 14, à commencer par les Toulousains ce week-end.

Quels souvenirs gardez-vous de votre première avec le maillot castrais ?

C’était compliqué de rêver mieux comme première. Lors des matchs amicaux, j’avais pu me mettre en jambes, montrer aux copains ce que j’étais capable de faire, et face à Pau, j’ai eu l’opportunité de concrétiser le boulot qui avait été fait en donnant la victoire à toute l’équipe. J’adore avoir ces responsabilités. C’est notre métier en tant qu’ouvreur. Comme je l’ai dit à certains supporters, la pièce est tombée du bon côté. Le poste de demi d'ouverture est cruel, car d’un jour à l’autre, on peut vite être adulé puis détesté.

Ça a lancé idéalement la saison…

C’est sûr que si on perd ce premier match à domicile, nous n'en serions peut-être pas là aujourd’hui. Ce sont des petits détails, mais, qui, mis bout à bout, nous permettent de s’entraîner toutes les semaines avec le sourire et non avec la trouille du week-end d’après.

Oyonnax ? Je suis très loin d’être satisfait de mon match

Saviez-vous que vous étiez le joueur le plus étoilé dans le Midi Olympique après six journées ?

Je ne savais pas du tout. Je vais essayer de continuer comme ça alors (rires).

Êtes-vous un éternel insatisfait ? Après la rencontre face à Oyonnax notamment marquée par une action folle de votre part, vous avez partagé la vidéo sur vos réseaux sociaux en précisant bien que vous aviez raté ensuite la transformation…

L’action tourne encore beaucoup cette semaine, mais je suis très loin d’être satisfait de mon match. Pour ceux qui ont vu la rencontre - sans doute n’étaient-ils pas nombreux parce qu’un Castres – Oyonnax en multirugby à 17 heures n’attire peut-être pas les foules – j’ai eu du déchet. Notamment au pied où je rate deux tentatives et je mets deux jeux au pied directement en touche. Je ne me satisfais pas de cette action. Il y a encore du boulot car les échéances s’enchaînent.

Comment avez-vous géré la pression d’être désigné comme le successeur de Benjamin Urdapilleta, véritable guide du CO pendant huit saisons ?

Je ne me suis pas dit ça en arrivant à Castres. Je suis parti pour essayer d’avoir un rôle de numéro un et énormément de temps de jeu. Plus qu’à La Rochelle, surtout l’année dernière. Après, qui dit plus de temps de jeu, dit plus de responsabilités. C’est une concession que j’ai faite en partant. J’aurais pu rester à La Rochelle et faire des bouts de matchs de cinq ou dix minutes tous les week-ends. En signant à Castres, je me suis mis en danger et j’en suis très content.

Le fait d’être installé durablement à l’ouverture, comme c’était le cas à Vannes, explique-t-il vos performances ?

Ma première année à La Rochelle, j’avais enchaîné à l’ouverture mais Brice (Dulin) partait en sélection donc je basculais à l’arrière. J’étais un peu le deuxième choix à ces deux postes et dès qu’il y avait un souci, c’est moi qui faisais la bascule. Ça ne m’a peut-être pas trop permis d’avoir des repères sur le poste de 10. Cela étant dit, je joue là où me dit de jouer. Je pense plutôt que c’est le fait d’avoir plus de temps de jeu.

J'ai fêté les deux titres comme un vrai champion d’Europe

Aviez-vous perdu votre joie de vivre sur le terrain à La Rochelle ?

Non je ne pense pas. C’était un autre challenge. En jouant plus, il y a davantage de situations pour se mettre en valeur. Quand je fais une connerie, je peux sourire car je sais que je vais avoir l’occasion de me rattraper. C’est plus difficile en jouant des bouts de rencontres car tu sais qu'en ratant une action, tu n’auras peut-être plus la chance de la corriger. Mais je le dis en toute honnêteté, j’ai pris mon pied lors de mes deux aventures précédentes sur l’Atlantique.

Vous n’en gardez que des bons souvenirs ?

Oui, j’en garde deux années incroyables. Je ne suis pas parti en étant heureux de quitter La Rochelle. Ça a même été assez compliqué. Je me suis mis au défi de partir dans un endroit que je ne connaissais pas, que cela soit pour moi ou ma compagne qui est rochelaise. Je ne connaissais personnellement aucun joueur. Repartir de zéro, dans une nouvelle région loin de la famille et des amis, ce n'est jamais facile. Mais quand on ose, on voit que ça peut marcher.

Pierre Popelin (28 ans, 1m81, 87 kg) : Formé à Tours, 66 matchs disputés avec Vannes (2018-2021), 35 avec La Rochelle (2021-2023), 48 avec l'équipe de France à VII. Deux titres de Champions Cup. Finaliste du Top 14 en 2023, demi-finaliste du Pro D2 en 2019 et 2021.
Pierre Popelin (28 ans, 1m81, 87 kg) : Formé à Tours, 66 matchs disputés avec Vannes (2018-2021), 35 avec La Rochelle (2021-2023), 48 avec l'équipe de France à VII. Deux titres de Champions Cup. Finaliste du Top 14 en 2023, demi-finaliste du Pro D2 en 2019 et 2021.

Vous considérez-vous double champion d’Europe ?

Je me sens plus champion sur la première année car j’ai beaucoup joué et j’ai fait tous les matchs de Champions Cup, hormis la finale. Avec ma blessure, j’ai moins joué lors de ma deuxième saison, mais je me souviendrai toujours des paroles de Romain Sazy.

Qui furent ?

Il m'avait dit que si le groupe était allé chercher les deux titres, c'était aussi grâce aux mecs qui ne jouaient pas trop et qui faisaient respirer les joueurs entre guillemets importants. Il avait raison. L’ambiance de travail chaque semaine était incroyable. Quand dix mecs ne jouent pas trop, ils peuvent très rapidement plomber l’ambiance et ça n’a jamais été le cas. Je ne dis pas que c’est ce qui nous a permis d’être champions, mais on a essayé d’y contribuer comme on a pu. Pour ma part, j’ai fêté les deux titres comme un vrai champion d’Europe.

Et plus ça vous donne de l'expérience. Avec vous, Castres va-t-il avoir des ambitions en Challenge Cup cette saison ? La Coupe d’Europe n’est pas le fort du club…

Les compétitions européennes sont extraordinaires. C’est une compétition qui fait respirer, qui permet de rencontrer d’autres joueurs, de se frotter à des rugbys différents. En plus, notre manager Jérémy Davidson est Irlandais, il a sans doute à cœur d’être performant en Coupe d’Europe. Je le vois comme ça. Je ne sais pas comment l’équipe sera gérée sur la Challenge. Avons-nous la profondeur d’effectif pour exister sur deux tableaux ? La question se pose, mais au regard de ce que j’ai vécu à La Rochelle et des émotions que l'Europe procure, le jeu en vaut la chandelle, c’est fabuleux.

Vous faites bien de le préciser, après Ronan O’Gara, votre nouveau manager est aussi Irlandais. Comment est-il au quotidien ?

C’est vrai, je suis tombé sur deux managers irlandais. Ce sont deux personnages très différents. Jérémy est focalisé sur la conquête, il est très précis dans beaucoup de domaines. Il apporte de la clarté, de la précision, et il est complété par un staff brillant. C’est aussi grâce à eux que nous sommes performants.

Dernière question, vous qui êtes passé par l'équipe de France à VII, l'idée de faire les Jeux Olympiques vous a-t-elle traversé l'esprit ?

En y allant, j’avais pour objectif d’y rester et de pourquoi pas réaliser les JO. C’est l’objectif de tous les mecs qui sont sous contrat avec le VII. Je n’ai pas été conservé après ma première année, et j’ai tiré un trait dessus. J’ai eu l’énorme chance de retrouver un club, Vannes m’a fait confiance, et quand ça allait un peu mieux, j’avais été recontacté par des dirigeants pour faire des préparations de Coupes du monde. Aujourd'hui je me concentre sur le XV, mon avenir à VII est scellé.

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Les commentaires (4)
oligui17 Il y a 5 mois Le 18/11/2023 à 15:15

Non Pierre ! tu ne t'est pas mis en danger en prenant un vrai poste de 10 à Castres, la preuve !! Puisque O'Gara ne t'accordait pas de temps de jeu a ce poste qui est le tiens et sous lequel tu as brillé déjà à Vannes ! Le peu de temps de jeu que tu as eu à LR c'est en 15 !! Alors pas de regret puisque O'Gara a préféré faire revenir hélas, le très moyen West, viré de Toulon !!!

Ostos17 Il y a 5 mois Le 18/11/2023 à 14:50

Heureux de le voir réussir. Il ne s'est pas mis en danger, il a décidé d'exister , tout simplement.

MaThi990 Il y a 5 mois Le 18/11/2023 à 12:53

R de dangereux ???