Faits divers - "Je n’ai qu’une ambition : faire vivre mon fils normalement" : le combat du père de Mathias Dantin, devenu tétraplégique après un plaquage

Par Propos recueillis par Manon MOREAU
  • Jérôme Dantin : " je veux me battre pour faire reconnaître les droits de Mathias et des autres victimes."
    Jérôme Dantin : " je veux me battre pour faire reconnaître les droits de Mathias et des autres victimes."
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Six mois après l'accident de son fils Mathias sur un terrain de rugby, Jérôme Dantin s'est longuement confié à Midi Olympique. Le père de l'adolescent de 17 ans devenu tétraplégique, confie avoir porté plainte contre x pour blessures involontaires et se bat pour faire valoir les droits de son fils.

C'est un drame qui ne devrait pas avoir lieu sur un terrain de rugby. Le 14 décembre 2022, Mathias Dantin était victime d'un mauvais plaquage lors d'un match scolaire, et la vie de l'adolescent basculait à jamais. Deux opérations en urgence, plusieurs jours dans le coma et des semaines de rééducation : "Mon état physique et mental a été mis à rude épreuve, expliquait le jeune homme sur son compte Instagram trois mois après l'accident. Le diagnostic est tombé. Les médecins m'ont annoncé que j'étais tétraplégique. Bien sûr ceci a résonné en moi comme une onde de choc mais grâce à mes proches et surtout ma famille et ma copine j'ai réussi à trouver de la force pour me battre." En mars dernier donc, Mathias prenait la parole avec courage pour raconter son histoire et sensibiliser la nouvelle génération. "Le 14 décembre 2022, ma vie a basculé en quelques secondes sur un mauvais plaquage d'un adversaire. Allongé au sol j'ai compris que mon corps ne serait plus jamais le même"."J'aimerais avoir une pensée pour toutes les personnes qui sont comme moi et qui endurent les mêmes souffrances. Tant qu'il y a de la vie, il y a de l'espoir".

Trois mois après avoir rendu public son accident, c'est son père, Jérôme, qui s'est confié au Midi Olympique. "Il y a des moments où il faut parler et des moments où il faut agir. Aujourd’hui, je veux agir parce qu’on m’écoute mais personne n’entend plus haut. Notre volonté première était d’accompagner Mathias dans sa reconstruction. Maintenant il nous faut les moyens. L’aide morale a été importante mais il nous faut une aide concrète et là, il n’y a plus personne." La famille a décidé de porter plainte contre x pour blessures involontaires. Il s'explique : "Pendant un mois, tout le monde était avec nous, dont l’UNSS. Nous avons eu 20 000 euros et ensuite, nous avons eu un appel pour nous annoncer que leur mission était terminée. On a essayé de faire valoir nos droits mais on s’aperçoit que nous n’avons pas de réponse et que seule la solution pénale peut faire avancer les choses."

"Aujourd’hui, Mathias est obligé de rester dans la cuisine"

La vie de Mathias a complètement changé, et ses parents ont dû engager des frais pour lui permettre de vivre le plus "normalement" possible. Actuellement, d'après Jérôme Dantin, "la vie de Mathias vaut 20 000 euros", et seulement "10 000 euros d'aide de la MDPH" aideront la famille "tous les dix ans". Pourtant, les besoins pour l'aménagement de la nouvelle vie de son fils demandent beaucoup plus de moyens : "Avec ma femme, nous avons acheté une voiture d’occasion adaptée à 25 000 euros pour pouvoir faire des sorties avec Mathias. Le fauteuil électrique, c’est 35 000 euros. Le matériel médical à acheter, 18 000 euros. Notre maison doit être réhabilitée, c’est estimé à 600 000 euros."

Comment expliquer ce que la famille Dantin vit comme un abandon ? Pour le père, seule "la solution pénale peut faire avancer les choses". "La seule chose que l’on m’a dite, c’est de revoir mes ambitions à la baisse. Je n’ai aucune autre ambition que de continuer à faire vivre mon fils normalement." Actuellement, les conditions de vie de Mathias sont actuellement loin d'être idéales : "Mathias est obligé de rester dans la cuisine. J’ai demandé un monte-charge, même si je déteste ce mot, pour qu’il puisse aller à l’étage. On m’a répondu : "pour quoi faire ? Il y a de la place en bas." À l’heure d’aujourd’hui, la seule personne qui n’a pas le droit de monter à l’étage, c’est le chien (il marque une pause). Il est hors de question que mon fils soit traité de la sorte."

Pour tenter de changer le quotidien de son fils et faire valoir ses droits, le père de Jérôme a donc engagé des poursuites. Suite à la plainte, une phase d'enquête est en cours. "Il faut attendre et on sait que cela va prendre des années. De mon côté, je ne veux pas attendre et je veux me battre pour faire reconnaître les droits de Mathias et des autres victimes".

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