International - "Une quantité limitée d'énergie cérébrale par jour" : comment l'ex All Black Carl Hayman vit avec sa démence

Par Ninon Giraud
  • Présent pour son intronisation au Hall of Fame du RCT, Carl Hayman s'est confié sur son quotidien avec la démence.
    Présent pour son intronisation au Hall of Fame du RCT, Carl Hayman s'est confié sur son quotidien avec la démence. Icon Sport
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En novembre 2021, l'ex pilier des All Black et de Toulon Carl Hayman (43 ans) annonçait être atteint de démence précoce. Il s'exprime aujourd'hui sur son quotidien avec la maladie et sur son combat en justice contre World Rugby.

Un an et demi après s'être confié sur ses premiers signes de démence, Carl Hayman s'est exprimé plus en détail son quotidien avec la maladie : "C'est comme voir au réveil que son téléphone n'est chargé qu'à 30% et savoir qu'il faudra tenir la journée avec." À 43 ans, l'ancien pilier néo-zélandais se plaint aujourd'hui de pertes de mémoires et a même avoué des envies suicidaires maintenant que sa maladie a significativement progressé. "En gros, cela signifie que j’ai une quantité limitée d’énergie cérébrale par jour."

"C’est la meilleure façon de résumer ma situation et il faut en permanence faire attention à ce que vous faites et comment vous voulez dépenser cette énergie", poursuit Hayman. Comme lui, de plus en plus de joueurs et anciens joueurs de rugby disent souffrir de troubles neurologiques divers causés par la répétition des chocs durant leur carrière.

Une action en justice en cours

Aux côtés de centaines de joueurs souffrant de troubles similaires, comme l'ancien talonneur anglais Steve Thompson ou le troisième ligne gallois Alix Popham, Carl Hayman a fait le choix de saisir la justice. Ils dénoncent notamment l'inaction de différentes instances, et surtout World Rugby, ces dernières années : "Je n'ai pas rejoint cette procédure juridique pour des raisons financières, mais pour voir ce sport changer de l'intérieur", a-t-il justifié.

Hayman devait faire partie des discussions au sujet d'un calendrier mondial qui proposerait moins de matchs aux joueurs, de façon à moins les exposer. Malheureusement, la crise sanitaire n'a jamais permis de revenir sur ces discussions. "Est-ce-que c’est censé de jouer 10 mois dans l’année ? Est-ce que les joueurs devraient jouer chaque week-end, chaque année pendant 10 mois ?", s'interroge Hayman, auprès de l'AFP. "J’ai ma petite idée parce que j’ai fait partie de tout ça. Toutes ces discussions devraient avoir lieu le plus tôt possible, sinon ce sera préjudiciable à notre sport." À l'aube de la Coupe du monde en France, l'ancien All Black alerte sur l'importance de ce sujet : "Je ne pense pas que ce chemin sera parcouru en cinq mois mais ce serait super car ce sujet reste un peu un tabou dans le sport et tout le monde fait l’autruche."

Passé par Otago, Newcastle et Toulon, où il était d'ailleurs présent cette semaine pour son intronisation au Hall of Fame, Hayman a disputé plus de 400 matchs dans sa carrière, dont 45 sélections avec la Nouvelle-Zélande. Il avait annoncé sa retraite sportive en 2015, avant de rejoindre le staff de Pau en tant qu'entraîneur des avants (2016-2019). Depuis, Carl Hayman s'est complètement éloigné du monde du rugby et vend aujourd'hui des voyages en bateau en Nouvelle-Zélande.

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