La fièvre du mercredi soir

Par Rugbyrama
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Toujours invaincu après trois journées, Toulon a gagné le droit de s'offrir un choc au sommet à Mayol face au leader, Clermont. Avec, cerise sur le gâteau, la première place en jeu. Anecdotique? Peut-être, mais l'enjeu suffit à embraser la ville, à commencer par le patron du RCT, Mourad Boudjellal.

Dali avait fait de la gare de Perpignan le centre du monde. Pour les amoureux du RC Toulon, le coeur de la planète battra mercredi soir du côté de Mayol. De leur planète. Comme toujours, quand les Rouge et Noir jouent à domicile. Oui, comme toujours. Mais avec, cette fois, un soupçon d'excitation en plus. Car le RCT joue pour la première place mercredi. Rien que ça. Alors, oui, bien sûr, une première place après quatre journées, ça ne garantit rien. Pour tout dire, ça ne rime pas à grand chose. Mais Toulon s'en fout. Parce que pour Toulon, ce serait énorme. Tellement bon. Tellement grand. Quand bien même ça ne devrait durer qu'une minute, le peuple de Mayol a envie de vivre ça.

Alors, pourquoi jouer les grincheux? En réussissant un début de saison presque parfait (un nul, deux victoires, 10 points), Toulon a gagné le droit de rêver un peu et de s'offrir un choc grandeur nature contre le leader et triple vice-champion de France en titre, Clermont. Mourad Boudjellal, lui, n'a en tout cas pas l'intention de bouder son plaisir. "J'aime les symboles, confiait le président samedi soir après la victoire à Albi. Je sais pertinemment que le RCT n'est pas encore la meilleure équipe du Top 14, mais si nous pouvons être premiers ne serait-ce qu'une journée, ce serait une sacrée belle image. Si mercredi soir nous sommes leaders, à Toulon, ce sera jour de fête".

Saint-André: "Pour l'instant, on a juste battu des promus"

Même Philippe Saint-André, qui n'a de cesse de calmer les ardeurs et tempérer les enthousiasmes, ne peut esquiver l'enjeu. " C'est toujours mieux de jouer pour la première que pour la dernière place", consent le manager varois, tout en reprenant aussi sec sa prudente dialectique: "Pour l'instant, on a juste battu des promus". Ce qui, soit dit en passant est complètement vrai. Il n'empêche que Toulon a grandi en un an. La saison passée, le RCT avait débuté en prenant six points lors de ses deux premiers matchs à domicile, avec un nul et une victoire. Exactement comme cette année. Puis, lors de la troisième journée, il s'était désintégré à Mont-de-Marsan, un promu. Le début d'une longue période de doute. Cette fois, les Toulonnais n'ont pas trébuché sur la troisième marche. Dans des conditions similaires, chez un promu en quête de sa première victoire, ils ont affiché une maîtrise bien supérieure. Cette victoire à Albi n'était certes pas la plus glamour du siècle, mais elle permet, plus que d'autres, de mesurer la progression du club.

Le choc face à Clermont, quoique sans comparaison possible en apparence, s'inscrit dans cette même optique d'étalonnage, chaque étape devant valider la précédente. Toulon a soif de se jauger lui-même en se mesurant aux autres. Avec l'ASM, le RCT est servi. Alors, redoutant toujours l'euphorie, Philippe Saint-André remet chacun à sa juste place. "Mercredi, à Mayol, ce sera la catégorie au-dessus qui va nous attendre, prévient l'ancien joueur de Montferrand. Restons humbles. Nous sommes encore loin de ce que peuvent proposer des équipes comme Clermont. Nous allons passer au révélateur." Certes, Clermont s'alignera au coup d'envoi avec plusieurs espoirs et sans un certain nombre de cadres, blessés ou laissés au repos avant un autre choc, plus titanesque encore, dimanche, contre Toulouse. Mais les Toulonnais ont leur part de soucis. Notamment le manque de récupération. Ils ont joué samedi soir, soit 24 heures après l'ASM. Rentrés d'Albi tard dans la nuit de samedi à dimanche, ils ont eu moins de temps que leur adversaire pour se préparer et récupérer.

Ce mercredi soir, sur les coups de 19h30, il n'y aura de toute façon plus d'excuses à trouver, d'un côté comme de l'autre. Juste un combat à mener. Et une première place à aller chercher. On y revient toujours. "C'est vrai que c'est très excitant", avoue l'arrière Rory Lamont. Et le plus excité de tous, c'est sans doute Mourad Boudjellal, piaffant devant ce rendez-vous comme un gamin la veille de Noël devant son sapin. "J'aimerais bien voir le public de Mayol avec son RCT à la première place , souffle le patron supporter. Ce serait énorme. Ca n'est plus arrivé depuis le siècle dernier. Toulon, premier du Top 14... La ville serait en fusion." Toulon a la fièvre. La fièvre du mercredi soir. Pas la plus courante, mais la plus brûlante de toutes.

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