Le défi de Picamoles

Par Rugbyrama
  • Eurosport
    Eurosport
Publié le
Partager :

Etincelant pour le premier test contre les All Blacks, Louis Picamoles est en passe de s'imposer au centre de la troisième ligne des Bleus. Mais il doit encore se faire violence, afficher sa rage pour devenir incontournable. Il en est conscient, d'autant que Lièvremont traque le moindre relâchement.

Pour les All Blacks, il faisait partie des inconnus. Avec seulement treize sélections pour le XV de France, le troisième ligne centre, Louis Picamoles n'avait pas encore l'aura de son capitaine Thierry Dusautoir, bourreau à Cardiff en quart de finale du Mondial. Mais s'ils étaient dans le flou, les Néo-Zélandais ont appris à le connaître. Dans le vétuste Carisbrook Stadium de Dunedin, le futur Toulousain a crevé l'écran. Pour faire simple, Picamoles leur a tout fait. Pénétrant, technique, excellant dans l'art du raffut, il fut aussi impliqué sur deux essais. Un match de géant. S'il n'a pas, les qualités aériennes de ses concurrents potentiels – Harinordoquy et Bonnaire - il a révélé un profil intéressant pour les Bleus quand il s'agit de jouer les nations majeures du sud. Parce que Picamoles sait faire les efforts pour rester debout le plus longtemps possible, gagner la ligne d'avantage et faire jouer derrière lui.

Et pourtant, ce joueur-là exaspère Marc Lièvremont. Explication du coach : "Il est celui qui est le plus loin d'avoir révélé tout son immense potentiel". Par manque d'investissement, de rage. Et cela, le technicien ne pardonne pas. Persuadé que ce joueur est de classe mondiale, Lièvremont affiche une exigence en adéquation avec cette ambition. Il l'a lancé au niveau international durant le 6 Nations 2008, mais il l'a aussi mis dans l'ombre durant le dernier Tournoi. Et avant le premier test de Dunedin, Lièvremont s'est encore fendu d'un nouveau rappel à l'ordre. Picamoles plaide coupable : "Je me suis fait secouer. C'est difficile d'entendre certaines choses mais il faut aussi relativiser : il ne fait pas cela pour me détruire mais pour me remuer et m'amener à exprimer le maximum de mon potentiel. Il m'a plusieurs fois soufflé dans les bronches. Mais dans le même temps, il a fait appel à moi. Cela veut dire qu'il me fait confiance. A moi de m'imposer pour lui rendre."

"Je dois devenir plus méchant"

A Dunedin en tout cas, il en a été digne. Alors, en toute logique, Picamoles a été reconduit dans son statut de titulaire pour le test-revanche ce samedi à Wellington. Pour confirmer définitivement ? Le joueur formé au MHRC sait sa chance. "C'est toujours un plaisir de pouvoir être titularisé pour un deuxième match d'affilée. Je veux continuer à prouver. Ce n'est pas une fin en soi d'être titulaire. Il y a un grand défi à relever". Ce défi est collectif : gagner une série de tests en Nouvelle-Zélande, un exploit seulement réussi par la bande à Berbizier en 1994. Mais il est aussi individuel : Picamoles doit prouver qu'il peut s'endurcir. Et rejoindre le gotha. Il sait ses défauts : "Je suis encore trop passif. J'attende qu'on me secoue. C'est pour cela que j'ai voulu rejoindre le Stade toulousain : pour franchir ce cap. Là-bas, il faudra travailler énormément. Si je ne me prends pas en main, avec la concurrence, il sera très difficile de jouer."

Au moins Picamoles a amorcé sa prise de conscience. Et pour lui, les efforts à fournir sont évidents : "Je dois me prendre en main, me faire violence pour travailler mes lacunes. Je dois devenir plus méchant sur le terrain. Etre en action plus qu'en réaction. Et ça, je ne peux que le régler tout seul." Il cite Ouedraogo ou encore Millo-Chlusky en exemples. "Pour leur continuité dans l'effort, leur régularité. Sur un match, Romain Millo-Chlusky va rendre une copie quasi-parfaite."

Mais si au Westpac Stadium, Picamoles est dans la même tempo que lors du premier test, il n'en sera pas loin. Avec l'agressivité defensive en prime, il serait indétrônable. Et pour les All Blacks, Picamoles ne devrait pas rester anonyme longtemps...

Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?