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Coupe du monde rugby 2023 / XV de France - Convaincants, les Bleus peuvent enfin rêver des Blacks

Par Marc Duzan
  • Matthieu Jalibert et les Tricolores ont largement prouvé, face à l'Australie, qu'ils étaient prêts pour démarrer le Mondial.
    Matthieu Jalibert et les Tricolores ont largement prouvé, face à l'Australie, qu'ils étaient prêts pour démarrer le Mondial. Icon Sport - Icon Sport
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Auteurs d’un match sérieux face aux Wallabies, Antoine Dupont et ses coéquipiers ont dimanche soir largement rempli leur mission et, à quinze jours du coup d’envoi du Mondial, semblent enfin prêts au combat…

Le XV de France a répondu dimanche à la seule question qui valait vraiment la peine d’être posée et, à moins d’être d’une consternante mauvaise foi, on retiendra donc de cet ultime match de préparation que la bande à Dupont est aujourd’hui bel et bien prête à démarrer « sa » Coupe du monde : à Saint-Denis et à seulement quinze jours du match d’ouverture face aux All Blacks, la sélection tricolore a ainsi passé quarante points à l’Australie, huitième nation mondiale, marqué quatre essais dont deux magnifiques aux Wallabies et terminé la rencontre sans avoir à déplorer le moindre blessé. Que demande le peuple, nom de Dieu ? Pas grand-chose de plus, semble-t-il. Lui qui, chauffé à blanc pour la répétition générale de la cérémonie d’ouverture, a ce dimanche lancé la rencontre par une Marseillaise a cappella -séduisante idée nous faisant oublier que les supporters français n’ont jamais été capables de respecter la cadence infernale de ses fanfares- avant de conspuer Eddie Jones pour une raison que l’on ignore mais qui semblait néanmoins valable puis d’allègrement monter aux nues Damian Penaud, l’homme sans qui les France-Australie n’auraient pas tout à fait la même saveur…

C’était bon, c’était beau et cela nous fit oublier, in fine, que les Springboks avaient deux jours plus tôt salement refroidi l’ambiance, en saccageant les All Blacks à Twickenham, hurlant par la même occasion qu’il faudrait être fort, très fort, pour arracher de leurs larges pognes ce trophée Webb Ellis que les équipes de France n’ont jamais pu que caresser du regard. Franchement ? Il y a aujourd’hui de quoi chanter avec les 80 000 furibards du Stade de France. Il y a de quoi croire, aussi, que la sélection tricolore, dont la montée en puissance est indéniable au fil de ce mois d’août, a les moyens de ses ambitions : déjà, parce qu’elle a pour elle un incomparable instinct de survie et, poussée à plusieurs reprises dans ses derniers retranchements par les Wallabies en première période, elle compensa une organisation collective parfois imparfaite par l’ardeur d’un pitbull ; ensuite, parce qu’elle possède des individualités dont sont aujourd’hui dépourvues la plupart de ses rivales, Damian Penaud, Antoine Dupont ou Gregory Alldritt en étant les incarnations les plus ostentatoires ; enfin, parce qu’elle a semble-t-il résorbé dimanche soir le plus épineux problème qui s’était posé à elle, au fil de cet été meurtrier : attendu de pied ferme par toutes les langues de pute ayant un temps pensé que le staff des Bleus le brûlerait délibérément face à l’Australie pour faire place en numéro 10 à Thomas Ramos lors du match d’ouverture, le génie incompris du rugby français, Matthieu Jalibert, a donc rapidement fait taire les sceptiques, menant le jeu tricolore avec brio, mordant dans la ligne avec appétit, délivrant in fine pour Gabin Villière une sublissime passe décisive au pied.

Dès lors, y a-t-il un temps eu débat entre Antoine Hastoy et le golden-boy de Gironde pour savoir qui remplacerait Romain Ntamack, lorsque celui-ci abandonna son genou sur la pelouse de la Beaujoire ? On n’ose vraiment le croire et si jamais la question du numéro 10 fut malgré tout soulevée à un moment ou à un autre par le staff tricolore, elle semble désormais réglée.

Fabien Galthié : « On va basculer dans un autre univers »

Au bout du bout, il semble qu’à l’heure où elle s’apprête à démarrer ce pour quoi elle a été enfantée il y a trois ans, l’équipe de France de Fabien Galthié, 31 victoires en 39 matchs disputés, est peu ou prou à la place où elle voulait être aux origines de la « flèche du temps ». Et dans son sillage, enfle de toutes parts un inextinguible souffle d’enthousiasme, caractérisé ici par des audiences télés en perpétuelle progression, ou là par la présence au stade de « peoples » souhaitant coûte que coûte se mêler à cette fête que d’aucuns, jadis, considéraient simplement comme une manie de « happy few », ou la simple tocade des gens du Sud…

Aussi auguste soit la fierté de tous, aussi puissant soit le désir de voir la bande à Dupont renverser la table dans quinze jours, la première mi-temps des Tricolores à Saint-Denis a heureusement de quoi nous rappeler à une certaine prudence et dimanche soir, on vit comme vous que la mêlée tricolore amputée de Reda Wardi -probable titulaire pour le match d’ouverture- flancher à deux reprises. On s’interrogea également sur la forme physique de Paul Willemse et les multiples retards au soutien du paquet d’avants tricolore, au fil de cette première heure suffisamment poussive pour faire soudainement surgir du banc de touche un pack tout beau, tout neuf. On pesta aussi largement lorsque la ligne tricolore, naïve et trop serrée, se fit surprendre dans le couloir par le talentueux ailier Mark Nawaqanitawase, que l’on connaissait seulement jusqu’ici pour son étrange ressemblance avec Michel Berger.

In fine, on s’interrogea comme vous sur la qualité réelle de cette équipe australienne encore aux prémices de sa reconstruction et restant sur cinq défaites consécutives, depuis qu’Eddie Jones en a pris les rênes au printemps dernier : non, cette charnière Gordon / McDermott, coupable de quelques mauvais choix et diverses balourdises, n’a rien de commun avec la doublette que formèrent en leur temps George Gregan et Stephen Larkham, sous ce même maillot. Non, ces Wallabies indisciplinés et globalement maladroits n’ont ni la carrure de potentiels champions du monde, ni le dixième du talent des Néo-Zélandais. C’est d’ailleurs ce que sembla concéder entre les lignes Fabien Galthié, en conférence de presse : « Un match de préparation, c’est de l’observation, de l’analyse. Mais on ne peut pas comparer ce qu’on a fait là avec ce que l’on espère faire face aux All Blacks dans quinze jours. Ce sera un autre engagement, une autre intensité, une autre dimension physique. Le 8 septembre, on va basculer dans un autre univers. » Vivement demain, dans ce cas…

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Les commentaires (2)
Iorana82 Il y a 7 mois Le 29/08/2023 à 12:46

Excellent article...

DanylAuvergnat Il y a 7 mois Le 28/08/2023 à 01:54

Seulement en rêver