Dans les coulisses du procès de Luca Mariani, ancien espoir de Castres condamné à 10 ans de prison

  • Tribunal d'Albi - Illustration.
    Tribunal d'Albi - Illustration.
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FAITS DIVERS - Ce mercredi, la cour d’assises d’Albi a condamné Luca Mariani à dix ans de réclusion criminelle pour une tentative d'homicide commise en mai 2019, avec interdiction de porter une arme durant les quinze prochaines années. Retour sur le dernier jour du procès de cet ancien espoir prometteur du Castres Olympique.

Ils portent le même prénom à une différence près. L’accusé se nomme Luca, la victime Luka. Ils sont tous les deux animés par une passion commune, le sport. Jusqu'en mai 2019, Luca Mariani était un rugbyman, ancien espoir du Castres Olympique passé par l’équipe de France des moins de 18 ans. Luka Sljivic, lui, jouait au football à l’US Albi. Et ces deux hommes étaient épris de la même femme. La finalité ? L’un a subi une agression d’une violence extrême, est reconnu handicapé à 25% et peine à retrouver le goût de la vie suite aux traumatismes. L’autre est rongé par la culpabilité d’avoir commis de tels actes et vient d’être condamné à dix ans de réclusion criminelle.

Tout ça à cause d’un soir de printemps qui a mal tourné sur fond de jalousie amoureuse. Au cours des trois jours de procès qui se sont déroulés à Albi, les avocats de la partie civile et de la défense se sont renvoyé la balle. "Luca Mariani savait qu’il y avait eu une relation entre Lauriane et la victime avant qu’ils se mettent réellement ensemble. Alors qu’est-ce qui a déclenché cet excès de colère ?", demandait maître Alexandre Martin, avocat de la partie civile. "Il s’est senti trahi. C’était un amour sincère et passionnel de la part de Luca Mariani", martelait la défense.

Mais là n’était pas vraiment la question. La priorité était de définir si oui ou non, Luca Mariani avait eu l’intention de mettre fin à la vie de Luka Sljivic. Et pendant ces débats animés, le rugbyman, du haut de son mètre quatre-vingt-dix se tenait là, dans le box des accusés. Il passait la plupart de son temps recroquevillé sur lui-même, mains serrées sur les oreilles. Rares sont les fois où il levait le regard. Parfois, seulement, pour trouver un peu de soutien des siens.

"Tout a été fait pour qu’il meure"

"Ce n’est pas le procès du sport de haut niveau. Ce n’est pas le procès d’un crime passionnel non plus. C’est le procès de la violence.". L’avocat de la partie civile posait d’entrée de jeu les bases de sa plaidoirie. Avec l’aisance et la pointe de dramaturgie que l’on connaît chez les grands avocats, maître Martin se déplaçait dans la salle pour faire porter sa voix en n’hésitant pas à prendre à partie l’accusé : "Vous êtes une petite star à l’époque, Monsieur Mariani. Il est beau, il marque des essais, il est fort. Mais il a tout détruit ! Car on ne parle pas là d’une agression, mais bien d’un lynchage ! Tout a été fait pour qu’il meure".

La violence des faits était ici au cœur du débat. La victime jusqu’ici plutôt stoïque avait de plus en plus de mal à tenir en place. Après avoir roué de coup Luka Sljivic uniquement au niveau du visage (le médecin légiste n’ayant retrouvé aucune trace de coups sur le reste du corps), Luca Mariani l’aurait traîné au sol, selon les témoins. "C’est possible, je ne m‘en souviens pas", répondait l’accusé décontenancé. L’un des témoins racontait : "De loin je pensais que c’était un SDF qui battait son chien. Je ne pensais pas que l’on pouvait faire ça à un homme". La victime avait également été retrouvée en partie déshabillée, chaussures retirées et ceinture ouverte. "Je ne l’ai pas déshabillé, pourquoi j’aurais fait une chose pareille ?", rétorquait Luca Mariani.

L’image de familles détruites

Le récit glaçant de ce drame devenait alors presque insoutenable, et le réquisitoire de l’avocate générale n’arrangeait rien. La victime finissait par craquer et quittait la salle. Sa famille se succédait pour aller le soutenir. "Dix à douze ans de réclusion criminelle", demandait fermement l’avocate générale. La salle se figeait dans un silence de plomb brisé par les sanglots des proches de l’accusé. Le père quittait la salle titubant presque en se tenant aux barreaux du box où se trouvait son fils.

Plus les minutes défilaient, plus l’issue de ce procès se rapprochait. Et c’est comme si tout devenait plus lourd dans une salle qui n’avait de cesse de se remplir. "Je suis un monstre, une merde, je m’en voudrais toute ma vie. Je suis désolé et je regretterais toute ma vie ce que je lui ai fait. A lui mais aussi à sa famille… Et je suis incapable de les regarder dans les yeux pour leur dire", lâchait Luca Mariani en larmes.

La détresse des familles était frappante. Les peines n’étaient pas les mêmes, non loin de là. Mais ce qui apparaissait sur les bancs de la cour d’assises, c’est l’image de la destruction, le fait que rien ne sera plus jamais comme avant. "La mère de Luka ne dormira plus jamais le soir quand son fils n’est pas là. Plus rien ne sera jamais pareil", ajoutait maître Martin. Une fois le verdict prononcé la famille Sljivic se serrait dans les bras comme soulagée de pouvoir enfin tourner une page. De l’autre côté de la salle, la famille Mariani, dévastée au milieu de leurs avocats qui tentaient de rassurer. Une minute et quelques secondes… C’est la durée approximative de l’agression. Voilà comment en si peu de temps tout à volé en éclats.

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