Thion n'est plus un bleu

L'image de ce coup de coude reçu par John Smit le 26 novembre 2005 lors d'un test contre l'Afrique du Sud en avait laissé beaucoup sans voix... Lui particulièrement ! Après cette fracture du larynx, Jérôme Thion avait mis plusieurs semaines à retrouver sa voix de crooner. Deux kilos de perdus en deux semaines d'hospitalisation, deux mois loin des terrains... La blessure fut aussi incommodante qu'impressionnante, survenant au pire moment. Le Biarrot venait d'être promu capitaine des Bleus après la suspension de Fabien Pelous contre l'Australie.

Mais il a su revenir à son meilleur niveau, a disputé le Tournoi 2006, les tests d'été, une finale de Coupe d'Europe et obtenu un second titre de champion de France en deux ans. Un palmarès d'excellence. Ça tombe bien, Jérôme Thion n'aime que le haut niveau. Le très haut niveau, celui qui l'a poussé à abandonner le basket parce qu'il savait qu'il n'en toucherait jamais les étoiles.

Deuxième Coupe du monde

Le choix du rugby fut judicieux puisqu'il a intégré l'équipe de France six ans seulement après avoir touché son premier ballon ovale. Cinq sélections à peine et la Coupe du monde 2003 lui ouvrait les bras. Un Mondial où il faisait figure de bleu chez les Bleus. Mais il a su y prouver ses qualités, emmené par le maître Pelous.

Aujourd'hui, c'est lui qui fait figure d'ancien. Depuis l'Australie, Jérôme Thion a enchaîné 26 sélections, dont trois comme capitaine. Blessé pour les tests de novembre dernier contre les Blacks, il a retrouvé sa place lors du Tournoi des 6 Nations avec quatre titularisations en cinq matchs.

La concurrence au poste est forte (Nallet, Pelous, Chabal) et il n'a peut-être pas retrouvé son niveau de 2005, mais son expérience et son gabarit (1m99, 115 kg) sont des atouts indiscutables. Sa bonne humeur aussi et ses chants dans les vestiaires sont réputés dans toute l'Ovalie. A 29 ans, Jérôme Thion est une poutre du XV de France. Sur le terrain comme dans la vie du groupe.