Laporte: "Je suis serein"

Qu'est ce qui fait de ce match un événement particulier ?

B.L: D'abord le fait que ce soit le lancement de la Coupe du monde et un match décisif pour nous. J'espère qu'on est prêts. En tous cas, on est confiants. Ensuite, c'est vrai que c'est un match qui dépasse le cadre du rugby. Il faut que la Coupe du monde soit un grand événement, et pour nous une grande compétition.

Pourquoi?

Le monde entier va être focalisé sur la France, les yeux seront rivés sur notre pays. Et nous devons montrer aux 19 autres équipes que les Français s'intéressent à la compétition. C'est pour cette raison qu'on leur a demandé de porter quelque chose de bleu vendredi. Cela voudra dire que nous avons 60 millions de gens derrière nous. Et puis, je suis convaincu qu'une Coupe du monde sans une équipe de France performante ne sera pas une grande Coupe du monde. Nous avons cette mission là aussi.

Depuis le début de la préparation, vous avez institué beaucoup de dialogue avec les joueurs. Continuez-vous dans cette voie?

B.L: Le dialogue a toujours existé. Il faut qu'il continue. De toute façon on dit aux joueurs "c'est votre équipe, votre histoire", parce que nous malheureusement, on ne peut pas être sur le terrain. Je dis malheureusement, parce que le plus beau, c'est d'être sur le terrain. Déjà, lors de la Coupe du monde 2003, nous avions installé un dialogue avec les cadres. C'est bien de s'appuyer sur les joueurs leaders pour voir comment cela se passe, comment ils ressentent les choses, sur les plans sportif et extra-sportif.

Les leaders vont-ils jouer un rôle particulier vendredi ?

B.L: Sur les matches importants, ce sont toujours les leaders qui passent devant. Ce sont eux qui commandent. Qui plus est dans un match de ce calibre-là. On va leur laisser prendre les rênes, que ce soit à Raphaël Ibanez, Fabien Pelous, ou Pierre Mignoni, ou les autres, des gens qui sont à des postes de responsabilités. On va leur laisser le volant du bus. Puisque ce sont eux qui seront sur le terrain et qui auront des choix à faire.

Qu'attendez-vous des Argentins vendredi ?

B.L: Je pense qu'ils vont être fidèles à leur réputation, en nous proposant beaucoup de combat devant et du jeu au pied. Comme en novembre. Mais à nous de rééditer la même performance, parce que je n'oublie pas que nous menions 27 à 6 et que nous avions raté trois pénalités bien placées. Mais nous nous étions fait peur sur la fin lorsqu'ils avaient marqué un essai et que l'on s'était imposés de justesse (27-26).

Vous avez demandé aux spectateurs de vous encourager au Stade de France, alors que cela n'a pas toujours été le cas. On se souvient de vos commentaires sur le public après le match France - Irlande en 2006...

B.L: J'ai aussi souligné quand c'était bien ! Notamment l'engouement du Stade de France depuis un an. C'est vrai que l'on avait été déçu du Stade de France en 2006 et qu'on l'avait dit, peut-être un peu sèchement. Mais depuis on a retrouvé un public, et c'est lui notamment qui nous a permis de battre l'Ecosse (46 à 19 le 17 mars). Jouer une Coupe du monde en France en s'appuyant sur le public, c'est une vraie plus value, et j'espère qu'il répondra présent. On lui demande de nous aider, de nous encourager. Il faut qu'il soit le 23e homme.

Cela fait 8 ans que vous êtes sélectionneur. Vous abordez votre ultime défi. Dans quelles dispositions d'esprit ?

B.L: Je suis assez serein. Le groupe est prêt pour les responsabilités et moi je ne suis pas angoissé parce que c'est la fin. Je vais m'efforcer de vivre à fond la montée vers le match. La dernière heure qui précède le coup d'envoi. Cela vaut tout l'or du monde. Ce sont les derniers moments forts.