Jones: "Passer la main"

Par Rugbyrama
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L'ex-flanker All Black et charismatique entraîneur des Samoa, Michael Jones, va à 42 ans prendre du recul avec le rugby après ce Mondial, pour se consacrer, entre autres, à la jeunesse défavorisée d'origine samoane en Nouvelle-Zélande.

Quel bilan tirer du rugby samoan après un Mondial décevant ?

M.J.- C'est une mesure de nos progrès d'avoir tenu l'Angleterre sous pression pendant 70 minutes et une mesure de nos manques de s'être fait crucifier dans les 1O dernières. On est très déçus, on visait les quarts et on failli dans la mission. Mais en conquérant les coeurs et les esprits, en donnant un parfum d'un rugby spécial et unique, on fait beaucoup pour notre petit pays de 180.000 habitants. C'est pour cela que notre dernier match contre les Etats-Unis est important, pour finir fort, montrer sur 80 minutes notre potentiel.

Que vous inspire l'Angleterre, visiblement relancée avec Wilkinson, avant son 8e de finale contre vos tombeurs tongiens ?

M.J.- L'Angleterre a montré des signes qu'elle était de retour, et avec Jonny elle ressemble par certains côtés à une équipe qui peut aller au bout. Même si, quand je vois les All Blacks, j'aime ce que je vois, et je les vois au bout. Les Tongiens sont en confiance et, comme nous, s'ils jouent à leur plein potentiel, peuvent réaliser l'impossible. Mais je pense que l'Angleterre a trop de puissance de feu partout et sait gagner ce type de matches.

Quel autre avenir pour le rugby des îles qu'une vaine course derrière les nantis ?

M.J.- L'étape la plus critique pour nous à présent est d'avoir un " véhicule samoan ", par exemple une franchise samoane engagée dans une compétition professionnelle comme le Super 14. On aurait alors sous contrat 30-40 de nos meilleurs joueurs, avec lesquels on pourrait travailler pendant six mois. Vous verriez qu'en un rien de temps la sélection nationale samoane accèderait au Top 8 mondial, et vite après en demi-finales de Coupe du monde.

Vous êtes l'ambassadeur N.1 du rugby samoan, îlien. Pourquoi arrêtez-vous ?

M.J.- J'avais prévenu la Fédération qu'après six ans comme entraîneur de Manu Samoa (dont trois comme entraîneur en chef), il était temps de passer la main. Il y a de jeunes coaches samoans qui émergent, et on a aujourd'hui les moyens d'avoir un coach professionnel à plein temps. Moi je n'ai jamais fait cela à plein temps, or l'équipe le mérite. Et puis il me faut aussi gagner ma vie a présent (il travaille pour une compagnie maritime) et m'occuper de mes jeunes enfants.

Comptez-vous à terme vous réinvestir dans le rugby samoan, mondial ?

M.J.- La Fédération sait que je serai toujours là, quoi que je puisse faire, pour aider le rugby samoan à exprimer son plein potentiel. Au niveau mondial, je ne peux être un administrateur, je ne suis pas fait pour cela. Mais je vis à Auckland où je dois continuer à servir les Samoans et les gens du Pacifique, et le rugby n'est qu'un moyen de le faire. Notre communauté a beaucoup de besoins, et on a mis en place une fondation pour aider les jeunes Samoans en Nouvelle-Zélande à s'en sortir et réussir dans la vie. C'est une de mes vraies passions, j'ai hâte de m'y consacrer davantage. La plus grande chose que m'ait donné le rugby, c'est l'influence de pouvoir aider ces vies, cette jeunesse.

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