Villière : "C'est à nous d'écrire les premières lignes de l'histoire de ce groupe"

Par Rugbyrama
  • Gabin Villiere (Toulon).
    Gabin Villiere (Toulon).
Publié le Mis à jour
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CHALLENGE CUP - Si on connaissait Gabin Villière pour ses qualités ballon en mains, l'ailier supersonique se dévoile insatiable plaqueur, hyperactif et gratteur émérite. À 24 ans, l'international à VII réalise un début de saison remarqué.

Rugbyrama : Gabin, comment allez-vous après cette qualification en demi-finale de Challenge Cup ?

Gabin Villière : C'était un match assez fermé, très engagé et finalement c'est passé pour nous. Nous avons su être solidaires en défense, c'est top !

Avez-vous cru, notamment à 6-0 à la mi-temps et alors que vous ne trouviez que peu de solutions en attaque, que la rencontre allait vous échapper ?

G.B : Nous ne nous sommes pas trop posés de questions. Même à 0-6 à la mi-temps, ce n'était pas la catastrophe. Nous avions confiance en notre plan de jeu, alors nous sommes restés concentrés sur ce que nous avions travaillé la semaine. Nous sentions que si on continuait d'imposer cette intensité ça finirait par passer.

On dit souvent que les matchs serrés sont des marqueurs importants pour les groupes : que va vous apporter cette victoire contre les Scarlets ?

G.B : On se souviendra de cette victoire comme de celle qui nous a permis de rentrer définitivement sur cette nouvelle saison. C'est particulier de basculer sur un match de phases finales après seulement deux matchs de Top14, et cette victoire contre Llanelli nous a permis de totalement entrer dans la compétition. C'est de bon augure pour la suite de la compétition, et de la saison.

Pouvez-vous nous raconter ce retour que vous faites sur Steff Evans (ailier des Scarlets) à la 66e minute du quart de finale, au terme d'une course de 50 mètres et à seulement quelques centimètres de votre en-but ?

Sur le coup je n'ai pas le temps de réfléchir : je viens de faire une passe approximative pour Bryce Heem, le ballon est un peu chahuté, va dans tous les sens, rebondit sur trois joueurs, sur un pied et finit dans les bras de l'ailier. Moi j'avais lancé ma course pour aller au soutien et du coup je me retrouve avec l'ailier sans vis-à-vis et surtout cinq mètres devant moi, ballon en mains qui file vers l'en-but... Je comprends vite que ce sera un duel crucial, et qu'il ne restera que lui ou moi. Alors j'essaye de mettre les cannes pour le reprendre, plutôt que de tenter une cuillère désespérée. Et finalement j'arrive à le rattraper. Quel soulagement. Cette action m'a fait penser au VII, où il y a beaucoup de courses en poursuite. Heureusement que je l'ai repris... Ç'aurait été difficile de me trouer comme cela dans un match comme celui-ci.

Que représente pour vous une demi-finale européenne ? Un rêve de gosse ?

G.B : Comme de nombreux mecs à Toulon, nous sommes de jeunes joueurs et n'avons jamais goûté aux phases finales, aux matchs couperets. C'est excitant, enrichissant : ça nous permet d'engranger de la confiance, de l'expérience. Puis c'est quand même de sacrés moments à partager avec le groupe, avec les supporters.

L'insouciance de cette jeune équipe peut-elle primer sur l'expérience, ou ce sera un désavantage ?

G.B : Le groupe est composé de jeunes joueurs, mais également d'anciens qui ont encore faim. Et à l'approche d'une demi-finale, tout le monde est très excité. On veut jouer le coup à fond, et se faire plaisir. On doit se lâcher. Jeunes ou vieux : au niveau de l'envie et de l'état d'esprit il n'y aura aucun problème.

Cette compétition peut-elle devenir la première pierre de ce "RCT nouveau" qu'on voit se mettre en place depuis plusieurs mois maintenant ?

G.B : C'est exactement ça ! On connaît l'histoire du club, et on ne peut pas l'oublier, mais désormais c'est à nous de prendre les choses en mains. C'est à nous de prendre la plume et d'écrire les premières lignes de l'histoire de ce groupe. Ce serait vraiment magique qu'on arrive au bout de cette compétition. Ce serait incroyable pour le groupe de vivre cela, d'autant que nous sommes toujours dans la continuité de la saison passée, la première de ce "nouveau chapitre du RCT". On a beaucoup travaillé pour cette coupe d'Europe, nous sommes toujours invaincus et ce serait une récompense et une motivation pour la suite de la saison.

Parlons désormais de vous. Après une saison d'apprentissage, qui vous a permis de découvrir l'environnement toulonnais, vous faites aujourd'hui figure de joueur important du groupe. Est-ce quelque chose que vous ressentez ?

G.B : La saison passée j'ai pu rencontrer des difficultés, notamment car j'étais blessé à mon arrivée, mais j'ai énormément appris : sur le niveau, le jeu, la récupération, les soins... Je me suis rendu compte que chaque détail était déterminant. J'ai pris mes marques et désormais c'est à moi de m'épanouir, de me laisser porter par le jeu mis en place et par l'état d'esprit de ce groupe. Je me sens super bien depuis le début de saison, j'enchaîne les entraînements, les matchs, je commence vraiment à rentrer dans le moule et à me sentir à ma place.

Qu'avez-vous compris et assimilé de ce niveau Top14 et Coupe d'Europe, qui vous a permis de franchir un nouveau cap ?

G.B : Que le Top14 est un marathon, qui demande de la régularité. Il n'y a pas de mecs d'un niveau "moyen", et il n'y a pas de place pour les erreurs ou le laisser-aller. Il faut être prêt tout le temps : sur le terrain, en dehors, aux entraînements, à la vidéo, etc. Chaque séance est déterminante.

On vous imaginait dans un profil d'ailier supersonique qui colle à sa ligne, et finalement on vous découvre gros plaqueur et surtout ultra-présent dans le cœur du jeu, en attaque comme en défense...

G.B : Même si je suis ailier, le contact et les plaquages sont vraiment indispensables . C'est un poste où il existe beaucoup de profils, et c'est vrai que j'apprécie ce registre de combat. J'aime l'idée de soulager l'équipe en prenant part au jeu, en accompagnant mes avants. J'ai besoin de courir beaucoup, d'aller chercher les mecs, d'avoir des contacts.

Ne craignez-vous pas de trop en faire, au risque d'être parfois en dehors des prérogatives qui incombent à votre poste ?

G.B : Ç'a pu m'arriver de m'oublier parfois à Rouen. Je voulais tellement en faire que j'avais parfois du mal à contenir mon envie. Mais aujourd'hui je suis capable d'être lucide, de ne pas aller chercher tous les coups, mais seulement ceux qui sont bons à prendre.

Passer de la Fédérale 1 à une demi-finale de Challenge Cup en un peu plus d'un an : comment vivez-vous cette ascension ?

G.B : C'est incroyable, magique. Je peux vous dire qu'on prend rapidement goût à ces efforts, à ces sensations, à cet enthousiasme. Ça donne envie de bosser toujours plus, pour aller chercher toujours plus loin. Il faut savourer ce qui se passe, mais surtout poursuivre sur cette dynamique de travail, de progression et être toujours plus performant. Les saisons sont longues, on a besoin de beaucoup de joueurs et je veux continuer d'être à la hauteur dans les trois compétitions qui nous attendent cette saison.

Pour conclure on va se projeter à l'été prochain : les Jeux Olympiques sont-ils toujours dans un coin de votre tête ?

G.B : Sans le moindre doute. Mais ce ne sera pas à moi de décider si je peux ou si je dois y aller. Ça dépendra du staff de l'équipe de France et de Patrice Collazo. Si Toulon a vraiment besoin de moi, et que nous arrivons sur des échéances importantes, il faudra faire un choix. Je n'oublie pas le VII, et en même temps je suis prêt à tout pour servir mon club et mes couleurs. On verra au moment venu.

Propos recueillis par Pierrick Ilic-Ruffinatti

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