Pro D2 - Kerman Aurrekoetxea (Biarritz) : "J’ai pu rebondir et sortir du trou"

  • Kerman Arrekoetxea est le demi de mêlée le plus utilisé, au BO, cette saison.
    Kerman Arrekoetxea est le demi de mêlée le plus utilisé, au BO, cette saison. - Icon Sport
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Mercredi, en milieu de matinée, Kerman Aurrekoetxea (23 ans) nous a accordé un long entretien. Pendant une demi-heure, le numéro neuf a évoqué la course au maintien dans laquelle est embarquée son équipe, est revenu sur les moments compliqués, en début de saison, d'un point de vue personnel ou collectif et a parlé de la sélection espagnole, avec laquelle il joue depuis 2019.

Kerman, le BO est avant-dernier du classement. Y a-t-il urgence à réagir ?
Oui, bien sûr, il y a deux matchs importants qui arrivent et qui vont déterminer notre fin de saison. Nous sommes un peu sous pression, nous avons besoin de résultat.

Dans quelle ambiance avez-vous retrouvé le groupe après une semaine sans match ?
Quand je suis rentré de sélection, j’ai trouvé une ambiance très positive. Tout le monde avait beaucoup d’envie et d’énergie. Ça se voit que les mecs ont envie de bien faire, ils s’envoient à l’entraînement. J’étais même surpris de l’énergie qu’il y avait.

Comment ça ?
Lorsque tu pars en sélection, tu reviens en club et l’ambiance est différente. Tu perds un peu les repères, car en deux semaines tu peux oublier beaucoup de choses comme en sélection, c’est aussi très intense. Quand je suis revenu au BO, j’ai trouvé qu’il y avait beaucoup d’énergie et d’application.

Globalement, c’est ce qui ressort depuis la prise de fonction de Simon Mannix, non ?
Oui. On s’entraîne bien, les résultats ne sont pas aussi bons que ce que l’on voudrait, mais ça fait un moment qu'à l’entraînement, on fait bien les choses.

Parvenez-vous à trouver pourquoi ça coince en match ?
Sur le dernier bloc, nous avons joué des matchs compliqués, que ce soit à Aix ou Nevers. Malgré tout, nous avons fait de bonnes performances, même si nous n’avons pas eu la victoire. Nous nous sommes trompés à la maison face à Brive, mais il y a eu une belle performance face à Valence. Ce qui est dommage, c’est le voyage à Dax. Les matchs importants à gagner vont arriver maintenant. Nous avons joué deux matchs, qui nous ont permis de bien nous préparer pour les deux matchs qu’on doit gagner.

Jouez-vous votre saison lors des deux prochaines journées ?
Tu ne sais jamais comment va se passer la suite, ce que vont faire les autres équipes… On doit se focaliser sur ce qui est de notre ressort et idéalement, on voudrait gagner les deux prochains matchs.

Avez-vous désormais acquis que le club jouait vraiment le maintien, ou est-ce une chose qu’on doit vous répéter au quotidien ?
On ne se le répète pas. Il y a des choses évidentes. Il ne faut pas se mettre la pression non plus, car il ne faut pas oublier que ça reste un sport et que le côté mental est très important aussi. Si tu agis avec de la peur, c’est moins efficace que si tu agis avec de l’enthousiasme et de la passion. Il ne faut pas être tout le temps avec la peur de ce qu’on a à perdre. Il faut regarder ce qu’on a à gagner.

Kerman Aurrekoetxea est au BO depuis 2019.
Kerman Aurrekoetxea est au BO depuis 2019.

Malgré la mauvaise passe, prenez-vous quand même du plaisir au quotidien ?
Oui. Lorsque je suis rentré de sélection, ça se voyait que les mecs prenaient du plaisir à faire ce qu’on faisait. Chaque matin, on a tous envie d’être au club et on s'investit à 100 %.

À quel type de rencontre vous attendez-vous, vendredi à Chanzy ?
Nous allons jouer sur un synthétique. Notre équipe aime bien ça, car on peut y envoyer du jeu. Ce sera un match compliqué, comme à chaque fois à l’extérieur. On s’attend à une guerre pour le maintien. Je pense que ce sera un bon repère pour voir le vrai niveau de notre équipe, en ce moment.

Personnellement, quel regard portez-vous sur votre première partie de saison ?
En club, nous avons eu tous un peu de mal à partir. Le début de saison a été très compliqué d’un point de vue mental. Les résultats n’étaient pas là. Quand tu perds un peu cette passion, c’est dur de s’y remettre. J’ai eu le soutien de ma famille, elle s’est beaucoup déplacée, est venue à Biarritz. Elle voyait que j’avais besoin de me sentir bien. J’ai eu une réaction, je me suis dit qu’il n’y avait rien à perdre. Les résultats collectifs n’étaient pas là, les sensations personnelles non plus. C’est là où j’ai pu rebondir et sortir du trou. C’est à partir de là que je me suis enlevé la pression. J’ai essayé de juste profiter de chaque opportunité sur le terrain et j’ai commencé à me retrouver individuellement. Les résultats, d’un point de vue collectif, étaient parfois là, d’autres fois non, mais individuellement, je pense être dans un bon moment. J’ai de la confiance, j’ai envie de continuer dans ce sens-là et je suis prêt à travailler pour. Pour le moment, je suis satisfait et j’ai envie de plus.

C’est votre quatrième saison au BO. Avez-vous pris un peu plus d’épaisseur, ici ?
Peut-être, oui… L’année dernière, je commençais à sentir que, parfois, j’avais gagné en expérience. En début d’année, j’ai eu un peu de mal dans ce sens-là, et en ce moment, je me sens comme un leader de jeu, mais pas de groupe. Après, quand tu es neuf, tu es obligé d’imposer ton rythme et tes initiatives.

Vous serez du voyage à Soyaux vendredi, alors que l’Espagne jouera dans le Rugby Championship. Pourquoi ?
La Fédération Espagnole de Rugby et le club se sont mis d’accord. Nous avions déterminé, il y a un mois, que sur les cinq matchs du Rugby Championship, j’allais être libéré pour le premier et les deux derniers. Je n’étais pas présent lors des négociations. J’ai accepté ce plan, je voulais faire ce qu’ils avaient convenu.

Le BO a besoin de vous, l’Espagne reste votre pays. Comment vivez-vous cette situation ?
Ça fait un peu bizarre, j’ai préparé le match, la semaine dernière, avec l’Espagne. Je suis parti en club. J’avais le sentiment de laisser mes coéquipiers de la sélection. Mais d’un autre côté, si j’étais resté en sélection, la même sensation m’aurait animé, avec l’impression de laisser mes coéquipiers en club, alors qu’ils sont dans un moment dur. Il n’y a pas un bon choix. Peu importe ce que je fais, j’ai la sensation de perdre quelque chose. Le club et la fédération ont trouvé un équilibre et je vais essayer de respecter ce qu’on a dit. [...] Ça reste du sport, on ne change pas le monde non plus. C’est juste un jeu, même s’il y a de la pression médiatique ou sociale, ce point-là n’est pas un sujet de vie ou de mort.

Lors de vos différentes prises de paroles, vous insistez souvent sur ces notions de plaisir…
Ça m’est arrivé, dans le passé, de perdre un peu ce plaisir à cause de la pression ou de la sensation que ce que l’on faisait n’était pas au niveau espéré. Quand tu perds la joie ou la passion qui t’a amené à jouer au rugby depuis que tu es petit, c’est très dur et très triste. J’essaye donc de me répéter que ça reste un jeu et que le plus important est de prendre du plaisir. Je joue au rugby pour le plaisir et pour être au maximum tous les jours. Bien sûr, on aime gagner et à chaque fois que je joue, je veux des résultats, mais si tu perds ce côté passion, cette joie, tu n’es pas au niveau. C’est ce que j’essaye de me répéter.

À quel moment avez-vous perdu le plaisir ?
Je n’ai pas une date précise en tête. Cela ne concernait pas, non plus, de longues périodes. C’était sur des semaines, réparties au niveau de ma carrière. À cause de la fatigue, des mauvais résultats ou de la pression, j’ai perdu un peu ces sensations et j’ai tout de suite ressenti que mon niveau descendait drastiquement.

Revenons sur l’Espagne. Comment s’est passé le premier match du Rugby Championship, remporté aux Pays-Bas, 18-20 ?
C’était un match compliqué, après une semaine très positive. Nous avons un groupe avec de très jeunes joueurs, répartis dans toute l’Europe, en Italie, en Angleterre, en France ou Espagne. C’était très intéressant. Je pense que ce groupe a beaucoup de potentiel. Nous avons bien compris ce que le nouveau sélectionneur, Pablo Bouza, voulait. Les Pays-Bas nous ont surpris avec une équipe très costaud, devant. Willie Du Plessis a occupé le jeu de manière incroyable. Il y avait beaucoup de vent et nous avons eu du mal, face à lui, en seconde période. Heureusement, avant ça, nous avions marqué trois essais en mettant notre jeu en place. C’était un match plus compliqué que ce à quoi nous nous attendions.

Dans quel état le rugby espagnol est-il, après le fiasco de la non-qualification à la Coupe du monde ?
Il y a une équipe de jeunes, qui arrivent avec beaucoup d’envie. Nous avons perdu en qualité avec Guillaume Rouet, Marco Pinto ou Fred Quercy, qui sont partis à la retraite. Ce sera compliqué, pour nous, d’arriver à leur niveau de suite, car ils avaient beaucoup d’expérience. On ne peut pas dire qu’on est mieux qu’avant au niveau des performances. Ce ne serait pas réaliste. Mais je pense qu’il y a du potentiel pour travailler avec beaucoup de jeunes qui ont le rêve de devenir professionnels. C’est pour ça qu’ils ne sont pas restés en Espagne et qu’ils sont partis aux quatre coins de l’Europe. C’est toujours bon signe, quand les joueurs ont des ambitions.

La Belgique a battu le Portugal, la Géorgie a été embêtée par l’Allemagne, vous avez eu du mal face aux Pays-Bas. Ce 6 Nations B sera-t-il plus relevé que jamais ?
Apparemment. Tous les résultats ont été très serrés, toutes les équipes partent sur la ligne de départ avec le même niveau. Je pense que c’est positif. Ça sera stimulant, pour chaque équipe, de se dire que si nous sommes toutes au même niveau, nous avons quatre ans pour voir qui arrive dans les meilleures conditions. Tout le monde va pouvoir augmenter son niveau.

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