Tyrosse, grand saut, phases finales, tradition basque: voici Benat Auzqui

Talonneur à l'UBB, il était pilier à Tyrosse...

Jusque-là plutôt épargné par les blessures, Bordeaux-Bègles a payé au prix fort ses deux derniers revers à Oyonnax et devant Toulon. Surtout ses piliers gauches, tous sur le flanc: Jean-Baptiste Poux (épaule) et Jefferson Poirot (ligament de la cheville) ne devraient pas pouvoir rejouer cette saison alors que Laurent Delboulbès (commotion) espère être remis pour la dernière levée face à Biarritz. Que Raphaël Ibanez et son staff se rassurent, face à Paris, ils pourront compter sur... Benat Auzqui. "C'est un poste auquel j'ai très souvent joué avec Tyrosse (Fédérale 1), bien plus souvent qu'au talon. J'ai mes repères", a reconnu le joueur originaire de Saint-Jean-Pied-de-Port, "chambré depuis samedi" par ses coéquipiers. "C'est de bonne guerre, à moi de faire mes preuves et de leur montrer qu'ils on raison de me faire confiance".

... un poste qu'il a découvert à 25 ans

Qui est donc ce fameux Auzqui, inconnu du monde professionnel avant cette saison ? A 30 ans, il descend de cette lignée de piliers basques "dur au mal, pas les plus grands parleurs, plutôt des taiseux et des besogneux, confirme-t-il. Je n'ai pas le modèle car je suis arrivé pilier assez tard, à 25 ans". C'était à Tyrosse, la 'troisième patrie' de ce technicien territorial de formation, spécialiste de l'assainissement, dont les seules lettres de noblesse se sont écrites en Espagne dont il a porté 17 fois les couleurs ces dernières saisons. "Mais le Tournoi B ne vaut pas le Top 14, à part quand on joue la Géorgie ou la Roumanie avec des joueurs évoluant en Pro D2 ou en Top 14", tempère-t-il.

A 29 ans, il a fait le grand saut de la Fédérale 1 au Top 14

Repéré par Régis Sonnes, ancien sélectionneur espagnol et entraîneur des avants qui l'a fait venir à Bègles, Auzqui se félicite d'avoir relevé ce défi, même à 29 ans. Un essai inscrit à l'aller contre le Stade français "à la conclusion d'une belle cocotte", une très bonne mi-temps disputée à Montpellier et des batailles en Challenge européen l'ont crédibilisé aux yeux de tous. Du coup, il n'est "pas du genre à appréhender même si je n'ai pas assez d'expérience à ce niveau-là pour être serein à tous les niveaux. Je sais simplement qu'il y a une grosse différence de puissance avec la Fédérale quand on voit les joueurs qui poussent derrière nous en 2e ligne. On se dit que le moindre mauvais placement peut faire très mal. Il vaut mieux être bien gainé, la moindre erreur se paye cash et on peut prendre de belles retournées".

Slimani, même pas peur

Drôle de baptême du feu que de débuter à gauche samedi face à Rabah Slimani, l'un des meilleurs droitiers français, sélectionné sept fois en bleu cette saison. Auzqui, qui a également côtoyé en sélection Jean-Michel Gonzalez "aux conseils avisés", reconnait une excitation certaine, "Slimani est un jeune pilier qui fait une très bonne saison au sein d'un pack vraiment costaud". "Mais vous savez, ajoute-t-il, j'ai souvent joué contre Yvan Abbadie, ancien joueur de Tyrosse et de l'équipe de France fédérale. C'était le papa de tous les piliers, il nous a pris sous sa main, nous a formés du mieux qu'il pouvait. J'espère lui donner raison".

Il croit à une qualification aux phases finales

"Il ne faut surtout pas se poser de questions sinon on va droit dans le mur", résume-t-il quand on lui parle des prochaines échéances. Ambitieux, déterminé, "on est là pour ça, on ne va pas commencer à calculer, à se réserver. Il ne reste que deux matches, on va tout donner, j'espère qu'on pourra obtenir une belle qualification. Mais si cela n'arrive pas, qu'on se dise qu'on a tout lâché sur le terrain avant de mourir", conclut cette force tranquille qui vient de lever l'option pour une année de plus qui figurait dans son contrat.