Prime à l'exportation...

Par Rugbyrama
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Avec les possibilités offertes par la LNR, les délocalisations de matchs pourraient encore s'intensifier et être récurrentes la saison prochaine. Aussi bien en Top 14 que dans les compétitions européennes ou même en Pro D2. Les bénéfices, tant au niveau financier que de l'exposition, sont évidents.

Le Stade toulousain, qui a pris l'habitude de jouer plusieurs fois dans la saison au Stadium de Toulouse (38 000 places), a été pionnier en matière de délocalisation. Mais c'est bien Max Guazzini, le président du Stade français, qui a démocratisé l'exercice. En réussissant le pari de déplacer certains matchs de son équipe de la modeste enceinte du stade Jean-Bouin au Stade de France et ses 80 000 places. Tribunes combles, animations en tous genres et un franc succès à l'arrivée.

Du coup, tout le monde s'y met. Cette saison, Bourgoin a reçu le Stade français au Stade des Alpes de Grenoble et Toulon a fait le plein de public… et de points pour la réception de Toulouse au stade Vélodrome de Marseille. Et comme le confirme Serge Blanco, le président biarrot, "l'an prochain, cela va encore s'étendre". Son club, par exemple, va une nouvelle fois délocaliser dans le stade d'Anoeta à Saint-Sébastien. "Nous y avons déjà joué à quatre reprises en Coupe d'Europe. A chaque fois, nous avons rempli le stade de 32 000 places".

Un match de Pro D2 délocalisé, d'autres de H Cup et de Top 14 à l'étranger…

Tous les clubs cités précédemment vont certainement renouveler l'expérience. Et d'autres l'envisagent. Perpignan, par exemple, a émis le souhait de délocaliser une rencontre de Coupe d'Europe au Stade Olympique de Barcelone. "C'est seulement une option. Il n'y a rien de sûr, explique Benoît Brazes, le responsable de la communication de l'Usap. Nous le projetons depuis longtemps mais nous n'en avons jamais eu l'occasion. Depuis que les délocalisations sont facilitées, nous ambitionnons de le faire peut-être pour un match de poule comme celui contre le Munster, qui représente une belle affiche". Brive, également, pour son retour dans la grande compétition européenne, aimerait jouer un match à Bordeaux. "Pourquoi ne pas imaginer une rencontre à Bordeaux qui se situe à une heure et demie de route, notamment pour la réception du Leinster qui est le champion d'Europe en titre ? Ce serait important pour nos partenaires […] Si nous pouvions leur offrir de grands événements, ce serait génial. Et même pour nos supporters", nous confiait Simon Guilham, le directeur général du club.

La Ligue autorisant la délocalisation de matchs vers l'étranger pour les rencontres de Top 14, dans la limite de 200 kilomètres hors de France et de façon exceptionnelle, des rendez-vous de championnat se dérouleront également hors de l'hexagone. "Nous avons fait la demande pour un match de Coupe d'Europe et deux de Top 14, dont celui contre Bayonne, note Serge Blanco. Faire le derby à Anoeta est un symbole fort. Je ne me voyais pas organiser ce premier match en championnat là-bas contre une autre équipe que Bayonne. Ce sera la tradition, la culture et surtout le fête du pays basque".

Et voilà qu'en Pro D2 aussi, l'idée séduit. Le stade Chaban-Delmas de Bordeaux pourrait ainsi aussi être le théâtre du match entre l'Union Bordeaux-Bègles et Agen. La preuve concrète de l'extension des délocalisations à toutes les compétitions. "La demande a été faite à la Ligue mais aucune décision n'a encore été prise. Pouvoir jouer à Chaban-Delmas contre Agen, qui sera l'épouvantail du championnat, serait un moyen de montrer que le rugby prend une place importante a Bordeaux", nous explique Laurent Marti, le président de l'Union.

Blanco : "Aujourd'hui, c'est un tournant"

Les raisons et les bénéfices de telles pratiques sont évidemment avant tout financiers. Serge Blanco ne le cache pas : "J'ai un stade de 10 000 places assises et 3500 debouts. Je travaille pour en avoir un de 18 000 assises à l'avenir. Si je l'avais, je n'aurais pas pensé à délocaliser. Mais aujourd'hui, c'est un tournant. L'apport de recettes qu'offrent ces matchs n'est pas négligeable ". Avant d'ajouter : "C'est aussi quelque chose qui booste le commerce local. Quand le Munster était venu à Anoeta, il y avait 10 000 Irlandais. Entre les hôtels, les restos, les bars et autres, ils ont laissé huit millions d'euros dans les caisses, sans compter la recette du match".

Mais l'exposition que génèrent ces rencontres transformées en véritables événements est un autre point à prendre en compte : "Un match à Barcelone, cela changerait tout, tant au niveau médiatique qu'au niveau du public", note-t-on du côté de l'Usap. En effet, les regards se portent naturellement sur ce genre de rendez-vous. Des occasions d'attirer au stade un autre public, "en l'occurrence celui de la Catalogne du sud. Dans le département, nous ne sommes pas loin d'atteindre le potentiel maximum". "C'est vrai que nous ne voulons pas intéresser seulement une frange de la population locale mais s'étendre à d'autres populations ", confirme Serge Blanco.

Tout les dirigeants s'accordent à reconnaître que les amoureux du rugby aiment cette manière d'aborder les matchs. " Ceux-ci dégagent quelque chose de spécial, de fort. C'est l'occasion d'être vu et reconnu par beaucoup de monde. Les gens vont venir de partout", explique Blanco. C'est aussi une manière voir l'implication d'un club dans l'ensemble d'une région. Les responsables perpignanais expliquent tout de même qu'il existe des risques financiers. "Si nous organisons un match de poule de H Cup à Barcelone, cela pose le problème du voyage. Il n'est pas prévu dans les abonnements. Il faut bien étudier la question ". Serge Blanco nuance : "Les risques existaient au départ car nous ne pouvions pas connaître la réaction des gens. Max Guazzini et René Bouscatel ont su les prendre et aujourd'hui, nous savons que ce genre d'événements fait un tabac". Pourtant, pour certains comme l'Union en Pro D2, l'objectif affiché n'est pas financier. Et cette initiative représente un danger : " Les frais seront énormes, notamment le prix du dispositif de sécurité. Cependant, nous allons tout mettre en &oeliguvre pour ne pas perdre d'argent et essayer de rentabiliser l'événement ", espère Laurent Marti. Rentabiliser… A tous les niveaux !

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