Clerc, Noël avant l'heure?

Pour un sportif de haut niveau, les graves blessures n'ont qu'un seul avantage. Elles permettent de redécouvrir le plaisir simple et brut du jeu. Quand vous avez été privés pendant huit mois de votre passion, le simple fait de fouler à nouveau une pelouse, de chausser des crampons, de donner le ballon et de le recevoir agit comme une cure de jouvence. C'est ce que Vincent Clerc a retrouvé le week-end dernier. Avec les Espoirs toulousains, l'ailier international a repris le fil d'une carrière interrompue de manière si brutale en avril dernier, face à Clermont.

Ce dimanche 19 avril, le long de son aile gauche, les ligaments croisés de son genou ont lâché. Tout s'est alors arrêté. Depuis 15 mois, Clerc était pourtant au sommet. Depuis son essai décisif à Croke Park face à l'Irlande en février, jusqu'au Tournoi 2008 en passant par ses performances avec Toulouse ou lors de la Coupe du monde, il était devenu la nouvelle star du rugby français. Un statut qu'il partageait grâce à ses perfs sur le terrain avec Sébastien Chabal, comme un contrepoids au phénomène médiatique de Sale. Si une blessure ne tombe jamais bien, celle-là est vraiment intervenue au pire moment, fauchant un joueur au sommet de sa forme et de son art.

"Difficie de faire une évaluation"

Le bout du tunnel est enfin en vue. Pendant sa traversée, Clerc a été très entouré. Ce qui n'empêche pas les moments de doute. Pas forcément ceux qu'on imagine, d'ailleurs."Cette blessure a été bien gérée et mon entourage a été formidable , confie le Toulousain. La rééducation s'est déroulée dans les meilleures conditions avec deux stages à Capbreton. Quant aux doutes, ils ont eu lieu précisément dans cette période de reprise. Savoir quand on va retrouver son meilleur niveau. Maintenant, c'est la répétition des matches sur le terrain qui va me faire oublier tous ces doutes. "

La reprise face à Montpellier, avec les espoirs, entre dans ce processus, dont l'intéressé n'ignore pas qu'il sera long. Voilà peut-être le plus dur. Accepter d'être patient quand on piaffe depuis des mois. En attendant, le premier bilan est satisfaisant. "Les sensations ont été bonnes et je n'ai surtout pas ressenti de douleur particulière, explique l'international. Le terrain n'était guère favorable pour retrouver des appuis sur des phases de vitesse. Je crois toutefois que tout ce que j'ai entrepris a été propre, tant dans le secteur offensif que défensif." Il attend maintenant la prochaine étape. Le vrai révélateur. "C'est difficile de faire encore une évaluation. Le véritable test sera un match du Top 14."

A priori, le grand jour est imminent. Dans le pire des cas, son retour avec l'équipe première interviendra début janvier. Mais Guy Novès pourrait sortir l'atout Clerc de son chapeau dès ce week-end face à Mont-de-Marsan. Derrière, certains commencent à tirer la langue, quand d'autres sont toujours à l'infirmerie. Pas impossible, dans ces conditions, que le manager stadiste relance son finisseur avant Noël. "Pour le moment, s'amuse Clerc, c'est un secret. J'ai des chances de figurer dans le groupe. Il y a des joueurs qui sont blessés et d'autres qui ont besoin de souffler. C'est peut-être l'occasion de montrer que je suis prêt. "