Poitrenaud: "Je suis dans le coup"

Que retenez-vous de cette victoire face aux Gallois?

Clément Poitrenaud.- Ce qui est intéressant, c'est que contrairement aux deux premiers matchs, où nous avions rapidement mené, nous avons cette fois dû courir après le score. Vu notre entame, il a fallu être impeccable derrière. On a pu constater que le XV de France avait de belles ressources mentales. C'est intéressant pour l'avenir.

On vous a vu davantage impliqué dans le jeu offensif qu'à Dublin. Est-ce aussi votre sentiment?

C.P.- C'est vrai que j'ai eu davantage de ballons de relance à négocier qu'en Irlande. Ce n'était pas le même match non plus. Le contexte m'était probablement un peu plus favorable, plus conforme à la manière dont mon jeu peut s'exprimer. J'essaie de m'adapter. A Croke Park, j'étais souvent contraint d'utiliser mon pied. Là, j'ai eu deux ou trois ballons à jouer avec un eu de champ devant moi. Tant mieux pour moi. C'est agréable.

Après trois matchs, êtes-vous parfaitement intégré dans cette équipe, au niveau de vos relations avec vos ailiers par exemple. Vous connaissez très bien Vincent Clerc, un peu moins Christophe Dominici...

C.P.- Avec Vincent, les repères acquis en club sont largement suffisants. On se connaît tellement bien. C'est plus avec Domi qu'on commence effectivement à très bien s'entendre. Les automatismes n'étaient pas forcément là en Italie. Il y a eu du mieux en Irlande. Il le fallait d'ailleurs, face à un jeu au pied aussi performant que celui d'O'Gara. Contre les Gallois, j'ai le sentiment que notre relation a plutôt pas mal fonctionné.

Qu'avez-vous le sentiment d'avoir apporté au XV de France depuis le début du Tournoi?

C.P.- Sur les deux premières rencontres, je crois avoir rassuré tout le monde concernant mon jeu au pied, mon placement et ma défense. Je suis assez satisfait par rapport à ça. Ce n'était pas des matchs faciles pour moi. J'ai pu davantage jouer comme j'aime le faire contre le pays de Galles, c'est-à-dire porter le ballon, faire jouer mes partenaires. Puis, c'est aussi une volonté du staff, donc ça me convient bien.

Il vous tardait de pouvoir vous exprimer pleinement?

C.P.- Bien sûr. Mais ce sont des matchs internationaux, de très haut niveau. Ce n'est jamais évident. En Irlande, c'est Vincent qui a brillé, qui a davantage eu l'occasion de se mettre en avant. Domi et moi avions peut-être été confinés dans des tâches un peu plus obscures. Au Stade de France, c'était un peu l'inverse. C'est ça le rugby.

Le fait de ne pas avoir vécu le naufrage de l'automne face aux Blacks, c'est un avantage pour vous?

C.P.- Sincèrement, je ne pense pas. Je n'ai pas eu l'impression d'arriver dans un groupe traumatisé. Il y a un vécu, un acquis. On sent au contraire beaucoup de confiance dans cette équipe, même si chacun reste conscient que tout peut basculer très rapidement.

Dans ce groupe, il y a des leaders, comme Ibanez, Thion ou Dominici. Quel statut pensez-vous avoir acquis?

C.P.- Vous savez, il y a plus de leaders qu'on ne l'imagine dans cette équipe. Bien sûr que Raphaël ou Domi jouent un rôle important, mais prenez quelqu'un comme Yannick (NDLR, Jauzion). Il ne parle pas beaucoup certes, mais c'est un vrai leader de jeu. Dimitri (NDLR, Yachvili) peut l'être aussi. Pour ma part, je ne sais pas. J'ai un peu de vécu, j'ai quelques sélections et une Coupe du monde derrière moi, même si je n'avais pas mis les pieds chez les Bleus depuis un moment. J'essaie d'apporter mon enthousiasme, ma volonté.

Vous vous sentez dans la peau d'un titulaire dans la perspective du Mondial?

C.P.- Je me sens dans le coup, dans le bon wagon. J'ai fait trois matchs, j'espère encore en jouer d'autres. Titulaire, c'est difficile à dire. J'étais déjà très heureux d'être dans le groupe des 40. Là, je prends beaucoup de plaisir. Je donne tout et je n'aurai rien à regretter. On verra bien la décision du staff. Il reste peu de match avant la Coupe du monde, elle est là, elle se profile. Nous sommes tous à 200%.