Ultradroite : Loïk Le Priol jugé pour le tabassage en 2015 d'un ancien président du Gud

Par Rugbyrama
  • Loïk Le Priol, principal suspect dans l'assassinat de Federico Martin Aramburu
    Loïk Le Priol, principal suspect dans l'assassinat de Federico Martin Aramburu
Publié le Mis à jour
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FAITS DIVERS - Le militant d'ultradroite Loïk Le Priol, principal suspect dans le meurtre en mars de l'ex-international de rugby argentin Federico Martin Aramburu, est jugé mercredi à Paris pour le passage à tabac en 2015 d'un ancien responsable du groupuscule d'extrême droite Gud.

L'ancien commando marine, en détention provisoire depuis le 1er avril, comparaît avec quatre autres personnes : Romain Bouvier, lui aussi mis en examen et incarcéré pour l'assassinat du rugbyman, Logan Djian, qui a succédé à la victime à la tête du Gud, et deux autres jeunes hommes de leur entourage.

Agés de 25 à 32 ans, ils sont poursuivis pour violences aggravées en réunion, avec menace d'une arme et préméditation. Certains, récidivistes, encourent dix ans de prison.

Le dossier arrive devant le tribunal correctionnel après trois renvois. Le dernier, le 20 octobre, pour cause de contamination au Covid-19 d'un des prévenus.

Les faits datent de plus de six ans et demi: un soir d'octobre 2015, Loïk Le Priol se trouve à une fête chez Edouard K. En fin de soirée, il demande à ses comparses de l'y rejoindre.

Selon l'enquête, le jeune homme, fortement alcoolisé, a alors "reçu de nombreux coups de pieds et de poing, a été menacé à l'aide d'un couteau, puis a été contraint de se déshabiller entièrement", pendant que Loïk Le Priol filme la scène.

En mars 2016, Mediapart met en ligne des extraits des vidéos et un article décrivant la scène.

Raisons obscures

A l'époque, l'affaire fait surtout du bruit pour un détail : selon le média en ligne, la caution de Logan Djian aurait été payée via une société créée par Axel Loustau, alors trésorier du micro-parti de Marine Le Pen, signe de la proximité entre l'ex-Front national et ces individus ultraviolents.

Les images accréditent la préméditation, selon l'accusation, car la première séquence montre le groupe dans la rue, "élaborant une stratégie et répétant une scène de violence".

En revanche, les "raisons" de ce passage à tabac "demeurent obscures", reconnaît l'accusation, y compris pour Edouard K., qu'on entend dire à ses agresseurs: "Pour quel motif ?"

"T'as trop parlé. (...) Quand on parle on agit derrière", lui répond Loïk Le Priol, avant de l'humilier : "T'es qu'une merde (...) C'est toi l'idole du fascisme ? C'est toi le patron du Gud ?"

Edouard K. avait réactivé en 2010 le Groupe union défense (Gud), syndicat étudiant réputé pour ses actions violentes, et l'avait dirigé jusqu'en 2012. Logan Djian lui avait succédé.

Loïk Le Priol et Romain Bouvier ont refait parler d'eux récemment : ils sont soupçonnés d'avoir ouvert le feu et tué Federico Martin Aramburu après une altercation dans un bar de Paris, le 19 mars. Ils seront arrêtés quatre jours plus tard, le premier en Hongrie et le second dans la Sarthe.

Partie civile, Edouard K. ne sera pas présent à l'audience, a indiqué à l'AFP son avocat, Léon-Lef Forster. Il lui a été reconnu douze jours d'incapacité totale de travail pour ses blessures physiques et trente jours pour le "retentissement psychologique".

Troubles du comportement

"Il n'est pas dans une démarche de vengeance. Il attend du procès que les personnes qui l'ont agressé se rendent compte du traumatisme qu'il a subi, de l'humiliation qu'il a vécue", a-t-il expliqué.

Il "veut complètement tourner la page", "y compris des engagements politiques" qui ont été les siens, a ajouté Me Forster.

Trois des prévenus ont déjà condamnés pour des violences. Les antécédents de Loïk Le Priol sont les plus lourds : quatre condamnations, dont deux peines d'un an et quatre mois de prison avec sursis prononcées en 2017, pour des faits de 2015.

Surtout, l'envers de son parcours de militaire d'élite est souligné par l'accusation : engagé dans les forces spéciales au Mali et à Djibouti entre 2013 et 2015, il a signé un protocole d'accord à Djibouti pour échapper à des poursuites, accusé par une prostituée de l'avoir "étranglée et frappée".

Rapatrié en France en juillet 2015 pour stress post-traumatique, il sera radié de l'armée pour son comportement violent.

"Tu sais que j'en ai buté plus d'un des mecs là-bas ? (...) Le coupe-gorge, ça va très vite", avait lancé le jeune homme à Edouard K. pendant son agression.

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