Histoires de premières

1908, le premier tout court

C'est au National Stadium de Cardiff que France et pays de Galles s'affrontent pour la première fois de leur histoire. Un combat inégal au possible. Les Gallois sont déjà bien expérimentés. Ils comptent une flopée de matchs internationaux, quatre triple Couronnes (1893, 1900, 1902 et 1905) et sont les seuls à avoir dominé les All Blacks trois ans plus tôt. En face, les Français comptent leurs matchs sur les doigts d'une main et certains avants n'ont même pas de crampons! Après l'ouverture du score sur un drop, les Français sont submergés. Résultat, neuf essais à zéro et une lourde défaite (36-4).

1910, le premier du Tournoi

Un an plus tôt, le pays de Galles est venu infliger à Colombes, ce qui reste à ce jour la plus large défaite du XV de France face au Poireau (5-47). L'année suivante, les Français sont enfin acceptés dans le Tournoi qui passe à cinq. Galles-France en est la première affiche. Une fois de plus, le match tourne à la démonstration. Les Gallois passent dix essais aux Français qui leur en rendent deux (49-14). On frôle parfois le ridicule quand ils s'arrêtent en pleine action pour expliquer les règles aux Français. Lors du banquet d'après match, un Gallois aura cette petite réflexion, un poil arrogante. "Vous ne gagnerez chez nous que le jour où il n'y aura plus de charbon dans nos mines".

1928, le premier cocorico

Dix-huit ans après son entrée dans le Tournoi, la France a déjà accroché l'Angleterre, l'Ecosse et l'Irlande à son tableau de chasse. Pas le pays de Galles, qui résiste. Cette année-là, au Stade Yves du Manoir de Colombes, les Français sont bien décidés à offrir réparer cette erreur. Malgré la perte sur blessure du deuxième ligne Calmel, qui oblige les avants tricolores à évoluer à sept pendant une grande partie de la rencontre, le XV de France s'impose grâce à deux essais d'Houdet (8-3). Deux ans plus tard, en 1930, le match offre un spectacle violent et lamentable. Il scellera le sort des Français qui seront exclus pendant 17 ans du Tournoi l'année suivante.

1958, le premier succès à l'Arms Park

Les Français ont fait tomber le St Helens de Swansea dix ans plus tôt - leur premier succès en terre galloise (3-11) - mais pas encore l'Arms Park. Ce 29 mars, ils vont faire mieux que le prendre. Ils vont le conquérir et son public avec. Sur un terrain boueux, le pack tricolore domine son homologue, allant jusqu'à enfoncer la mêlée galloise à plusieurs reprises. Un comble. A l'arrière, les Lourdais de la sélection font parler leur classe et leur talent. Les Bleus s'imposent (16-6) et sortent sous les applaudissements des spectateurs de l'Arms Park. L'ouvreur Cliff Morgan dira même qu'il n'avait jamais rencontré d'adversaires aussi forts.

1968, le premier d'un Grand Chelem

Malgré des succès sur l'Ecosse, l'Irlande et l'Angleterre, les Bleus ne partent pas favoris de leur rencontre à Cardiff où ils peuvent remporter le Grand Chelem. Sur un terrain difficile, ils s'en remettent à leurs solides avants et aux pieds des frères Cambérabéro qui composent la charnière. Les Français sont menés 9-3 quand un drop de Lilian Cambérabéro est contré par une main galloise et file dans l'en-but. Le capitaine Carrère aplatit le premier et relance les Bleus qui inscriront un autre essai. Les Gallois font tout pour reprendre le dessus mais l'occasion est trop belle et, au courage, les Français gardent leur avantage (14-9) pour signer le premier Grand Chelem de leur histoire.

1998, le premier zéro gallois

Déjà intraitable en 1997, la France survole une fois de plus le Tournoi cette année-là. C'est à Wembley, où le match est délocalisé en raison des travaux à l'Arms Park, qu'elle joue pour un sixième Grand Chelem, le deuxième consécutif. Et ce voyage, les Gallois vont s'en souvenir. Privés de leurs deux meilleurs défenseurs (Bateman et Gibbs), ils restent fanny pour la première fois de leur histoire face aux Bleus et surtout encaissent pas moins de sept essais (avec doublés de Garbajosa et Sadourny). Une véritable humiliation (0-51). C'est à ce jour le plus large succès français dans l'histoire du tournoi.

1999, le premier au Stade de France

C'est dans leurs petits souliers que les Gallois débarquent dans l'écrin de Saint-Denis, inauguré l'année précédente. Ils ont perdu leurs deux premiers matches alors que la France s'est imposée de justesse en Irlande (9-10). Ce jour-là, les spectateurs en ont pour leur argent avec quatre essais tricolores (dont trois de N'Tamack) et trois gallois. Une journée portes-ouvertes qui voit les Gallois mener la danse pendant la quasi-totalité de la rencontre. Jenkins inscrit la pénalité de la gagne pour le Poireau à la 75e alors que Castaignède manque la sienne dans la foulée. La France laisse filer la victoire (33-34) et termine dernière du Tournoi. Six mois plus tard, pour la première au Millennium, les Diables Rouges récidiveront (34-23).

2002, le premier "scandale" vidéo

L'année précédente, l'arbitrage vidéo a été instauré dans le Tournoi. Et cette rencontre entre Français et Gallois va lui faire une (mauvaise) publicité. Quatre fois, l'arbitre fait appel à la vidéo pour valider un essai. Deux fois, le responsable, Monsieur Dickson, prend la mauvaise décision. Il accorde d'abord un essai litigieux à Rougerie juste après la pause qui permet aux Bleus de se détacher. De quoi décupler la hargne des Gallois qui reviennent avec un essai de Morgan (validé après vidéo). La fin de match est digne d'un Hitchcock. Les Français mènent de quatre points (33-37) mais les Diables Rouges franchissent deux fois la ligne dans les arrêts de jeu, par Quinnel en force puis James. Les deux sont refusés après vidéo.