Tout sourire

Il est des victoires qui redonnent le moral. Celle des Bleus samedi soir à Cardiff sur les Néo-Zélandais, 20-18, en fait largement partie. Avant le coup d'envoi donné par le jeune arbitre anglais Barnes, "50% des Français y croient" (Le Parisien). Après l'essai de Yannick Jauzion, le deuxième des Bleus, ils étaient 100%.

Pour les amnésiques ou les ermites, les titres de la presse de ce dimanche matin se chargent de leur annoncer la bonne nouvelle. Si après l'échec inaugural face aux Pumas, les mots étaient simples mais poignants pour décrire la déception, ceux de ce dimanche matin sont simples et éloquents de la joie procurée : "Enorme" (le JDD), "Grandiose" (La Provence), "Géant" (Le Parisien), "C'est immense" pour répondre au titre de la veille "Ce serait immense", "Tellement Français" pour l'Equipe, "Héroïque" pour Sud Ouest, "Monstrueux" (L'Indépendant ).

"Comme les 40 dernières minutes de notre vie" a soufflé Raphaël Ibanez à La Provence. "Ils l'ont fait ! Contre toute attente, contre tout espoir, contre tout le monde, ils ont battu les All Blacks. Hier, dans un stade de Cardiff aux tribunes inondées de noir, les Français, pourtant mal partis, ont chamboulé tous les pronostics, éliminant des Néo-Zélandais méconnaissables," s'écrit L'Indépendant.

Dans les tribunes présidentielles, Bernard Lapasset a retrouvé tout son sourire auprès du président Nicolas Sarkozy qui avait fait le déplacement comme pour confirmer que les Bleus étaient bien dans LEUR Coupe du monde.

Si Dusautoir et Jauzion, à la conclusion des deux essais tricolores, recueillent louanges et bravos, les quotidiens ne peuvent que saluer la performance défensive des 22 Bleus : "Grosse défense des Français qui ont tenté 197 plaquages, en réussissant 178, balance Le Parisien. Un match historique qui s'est d'abord joué sur la défense. Hier, pour battre les Blacks 20 à 18, les joueurs du XV de France ont asséné 178 plaquages aux Néo-Zélandais, selon les statistiques officielles du match. En moyenne, en match international, chaque équipe dispense environ 140 plaquages."

Et le premier plaquage, le plus réussi des Bleus, aura été celui sur le haka. "D'anthologie", s'écrie la presse unanime. Les Bleus ont fait front à quelques centimètres de Néo-Zélandais qui ont peut-être perdu le match là, selon plusieurs analyses. Méconnaissables, ils demandent "la pitié" (Dominion Post) de leurs compatriotes qui attendaient tant le retour de ce trophée au pays du long nuage blanc. "Les larmes aux yeux, le capitaine des Blacks tentait de trouver une explication à la défaite des siens : Nous avons donné le meilleur, mais nous avons perdu contre meilleur que nous." Meilleur ou plus humble ?

Après 1999, les Français écrivent une nouvelle page de l'histoire du rugby. Cela faisait 7 ans que la France s'inclinait face aux Blacks... et les journaux dominicaux de reconnaître comme La Provence, le coup de poker réussi de Bernard Laporte qui ne va donc pas prendre tout de suite sa place dans le gouvernement.

Maintenant, place à l'Angleterre pour une demi-finale qui s'annonce elle aussi d'anthologie après la performance des coéquipiers de Wilkinson face aux Australiens.

"Rien n'est impossible" avait titré vendredi matin Midi Olympique pour reprendre le slogan des équipementiers des All Blacks. Maintenant qu'ils sont éliminés... ils peuvent le confirmer, cette Coupe du monde est celle de tous les possibles.