Lapasset : "L'adhésion du public"

Quel bilan rapide pouvez-vous faire après onze jours de compétition ?

Bernard Lapasset.- Tout d'abord, j'ai le sentiment que l'IRB et les présidents des principales fédérations adhèrent complètement à notre projet. L'autre point positif est bien entendu l'adhésion du public comme ce fut le cas par exemple à Lyon lors du match entre les Blacks et le Portugal. Chaque match est un événement et le soutien du public aux petites équipes est sincère. Le partage, l'accueil ne sont pas simplement des mots.

C'est la fête dans les stades mais que pensez-vous de la diffusion des matchs ?

B. L.- Tout d'abord, les gens de TF1 sont très professionnels. Ils donnent une belle image du rugby et ils annoncent très bien les matchs et les rendez-vous rugby. Après, il est certain que les retransmissions sur Eurosport constituent un handicap car ce n'est pas dans la culture française de payer pour regarder des matchs internationaux. Ce n'est pas la même chose dans les pays anglophones. Je sens que cela suscite un manque mais les chiffres d'audience, et notamment à l'international, sont excellents. Et puis, qui pouvait se douter que Angleterre-Afrique du Sud réunirait plus de 7 millions de téléspectateurs en France.

L'équipe de France affronte l'Irlande vendredi, est-ce le match le plus important des Bleus depuis le début de l'ère professionnelle ?

B. L.- Oui, c'est le match le plus important de l'ère professionnelle... C'est un match particulier... Je suis allé voir les joueurs et je leur ai dit que j'avais tout fait pour qu'ils soient bien, que leur préparation soit bonne, que la fête soit à la hauteur de l'événement mais que je ne pouvais pas leur donner le maillot et ce qu'ils doivent faire avec. Un président ne peut pas faire plus. Je ne peux pas être juge de leur engagement, de leur vie. Je leur ai dit de se libérer car c'est leur passion... leur rêve. C'était beaucoup mieux à Toulouse où les joueurs ont eu envie de donner beaucoup de choses. Bien sûr, il y a eu des fautes mais, maintenant, il faut faire le tri dans tout ça pour remporter la victoire face à l'Irlande. Je n'attends pas autre chose.

Alors que de nombreuses équipes vont dans des écoles de rugby ou faire des séances de dédicaces, les Bleus restent à Marcoussis. Que pensez-vous de cette attitude ?

B. L.- J'ai beaucoup rencontré les supporters ces derniers jours et je n'ai ressenti aucune animosité envers l'équipe de France, même après la défaite contre l'Argentine. Il y a bien eu une ou deux personnes mais ce n'est rien comparé au déluge que cela aurait pu être. Les joueurs, par pudeur ou par honte depuis la défaite, font un blocage idiot. Ils n'osaient pas faire un tour d'honneur à Toulouse. A la fin du match, Jo Maso a dû les faire redescendre du bus pour que les gens qui attendaient puissent avoir des dédicaces. C'est vrai que pour l'instant, j'ai l'impression que cette Coupe du monde vit sans l'équipe de France.

Que pensez-vous du phénomène Chabal depuis le début de la Coupe du monde ?

B. L.- Il y a quatre ans, c'était Frédéric Michalak. Il représentait le french flair, l'élégance et donnait une image séduisante de l'équipe de France. Aujourd'hui, je crois que le public s'est tourné vers Sébastien Chabal car l'équipe de France doit gagner. Il représente donc la force et la dimension du combat. Cela veut dire que le public recherche, en équipe de France, des mecs qui ont la moelle car cette équipe doit gagner la Coupe du monde. Après, c'est vrai que Chabal n'est peut-être pas le joueur qui symbolise le mieux la vérité du rugby français (rires).