La rébellion sang et or

"On a allié les actes aux paroles." En s'imposant face à Leicester (24-19), samedi à Aimé-Giral, l'Usap de Jacques Brunel a confirmé sur le terrain la remise en question opérée en interne, après la défaite à Castres (23-14). La victoire, impérative afin de prévenir tout traumatisme, indispensable pour préserver les espoirs de qualification a rassuré tout son petit monde dans les Pyrénées-Orientales. "On ne peut plus mettre en doute le mental de cette équipe, souligne Christophe Manas. Les joueurs ont été exemplaires et se sont investis à fond de la première à la dernière minute."

Pour le troisième ligne aile Bertrand Guiry, ce succès trouve son origine dans la mini-révolution vécue au cours de la préparation de cette rencontre de tous les dangers : "La semaine d'entraînement a été très bonne. Tout le monde a été plus sérieux, plus appliqué et pour la première fois, on a senti de la peur. Mais c'était une peur positive car elle nous a stimulés, elle nous a fait avancer. Tout ce que l'on a travaillé à l'entraînement a été retranscrit au cours de ce match." Robins Tchale-Watchou, grand monsieur de la rencontre, se félicitait, de son côté, du retour des valeurs et du caractère de ce groupe en quête de certitudes : "Nous nous sommes retrouvés sur la générosité et l'envie. On peut parler de jeu mais le plus important reste de gagner le combat et d'être solide en conquête. L'équipe a bel et bien remis son jeu à l'endroit."

"Ce ne sera pas la même équipe"

L'indiscipline, en première période, et la touche, encore et toujours maladroite, auraient pu précipiter la perte de l'Usap. Mais le doute n'a jamais habité les Sang et Or. La plus belle preuve de cette confiance collective : la série de neuf mêlées à cinq mètres de l'en-but anglais, dans les arrêts de jeu de la première période, conclue par un essai de Planté. Individuellement aussi, les Catalans ont relevé la tête avec Jérôme Porical en tête d'affiche : en délicatesse actuellement, l'arrière a ainsi inscrit le deuxième essai perpignanais au terme d'une magistrale contre-attaque.

Mais ne croyez pas pour autant Guilhem Guirado et ses coéquipiers rassasiés."Même si tout le monde était soulagé et satisfait, le vestiaire est finalement resté calme. Car chacun sait que la qualification va se jouer là-bas. Ca va être chaud, dimanche prochain. Il ne faudra surtout pas avoir de regrets à la fin." Déjà, le point de bonus évitable concédé aux Anglais trottait dans les têtes. Tout comme le souvenir d'une confrontation très intense, en décembre 2008, à Welford Road (38-27). Bertrand Guiry préférait donc prévenir tout excès de confiance : "IIs vont être très remontés. Ce ne sera pas la même équipe."

Pour l'emporter sur la pelouse inviolée du champion d'Angleterre, autrement dit pour réaliser un authentique exploit, les Catalans devront afficher une application et une cohésion aussi exemplaires: "Notre bonne organisation collective nous a permis d'éteindre leurs individualités, analysait avec lucidité le jeune flanker. L'équipe est parvenue à les empêcher de jouer en mettant une grosse pression." La pression, les Perpignanais vont d'ailleurs en être délestés, cette semaine. Et si l'ambition en profitait pour se réinviter ?