La galère européenne

Maurice Faure, le dernier signataire vivant des accords de Rome donnant naissance à la grande Europe, ne doit pas y croire. L'Europe, celle du rugby, a une énorme épée de Damoclès au-dessus de sa tête. Un mince fil, épais comme un cheveu la maintient encore. Le 31 mars, soit le cheveu se sera renforcé, soit il aura rompu.

Le dernier jour du mois de mars représente la fin du délai qu'a donné la LNR pour la fin des négociations avec les Anglais entre eux. Nous sommes à J-6 d'une "décision irrévocable" comme l'annonce fermement Serge Blanco, président de la LNR.

Bernard Lapasset, missionné en médiateur à Londres vendredi matin, a obtenu un accord favorable sur quatre des cinq points évoqués avec les Anglais de la RFU... Manque un point, peut-être le plus important, celui qui concerne la répartition financière avec les clubs du Premiership.

La FFR et la LNR se sont mises d'accord pour une nouvelle répartition, ce que refuse la RFU. Sûre de sa position, elle rejette l'ingérence française avec vigueur. Sûrs de leur position, les clubs français sont en rang serré derrière Blanco. Plus que six jours pour éviter le clash... C'est peu. Lancée le 16 janvier dernier, l'annonce du boycott ne s'est pas essoufflée, loin de là. Surprenant toute l'Europe qui n'avait pas assez pris au sérieux les avertissements des Français excédés.

L'Europe est aujourd'hui en plein milieu de la Manche dans une très mauvaise eau. Il y a un vent frais digne d'une tempête tropicale. Pour tout équipage, il ne reste à l'Europe que quelques personnes munies de rames coupées... L'Europe – du rugby – va mal. Qu'en pensent les Français ? Ah oui, ils l'ont crié très fort lors du référendum 2005 : ils disent Non !