Ce serait une bien belle erreur d’enterrer Toulon aussi vite...
CHAMPIONS CUP - La chute de Toulon en Coupe d'Europe ne constitue pas la fin d'un cycle. C'est la (dure) loi du sport, tout simplement. Sa soif de succès et de titres est toujours intacte. Il faudra clairement se méfier du RCT en Top 14 en cette fin de saison. Mais aussi et encore pour les années à venir.
Toulon est donc tombé de son trône. Après une incroyable domination symbolisée par 3 titres de champion d’Europe consécutif. Toute série a forcément un jour ou l’autre une fin. Mourad Boudjellal - en très habile communicant - l’avait prédit mais, sans ses propos, on s’était rendu compte tout seul que le RCT se montrait moins conquérant que lors des précédentes campagnes. Toutefois, il semble nécessaire de tirer un grand coup de chapeau à ce qu’a réalisé le club varois. Et de ne pas l’enterrer trop vite. Ce qui serait une erreur bien grossière.
3 titres de rang : un exploit pour l’heure unique. Toulon n’est pas du style à faire les choses comme les autres. Surtout depuis que Mourad Boudjellal a pris la main du RCT. Ambitieux dans son recrutement, affamé et en soif perpétuelle de victoires, le club varois a gravi les échelons à une vitesse hallucinante. Au point de se poser comme la référence ultime sur le Vieux Continent 5 ans à peine après sa remontée en Top 14. Ça force le respect, bien évidemment. Et ce n’est pas un revers en quart de finale de Coupe d’Europe qui doit propulser Toulon au placard.
Une victoire au Racing 92 n'aurait pas été un hold-up
Dimanche, on n’a pas forcément vu une grande équipe du RCT. Pourtant, elle aurait très bien pu s’imposer au Racing à Colombes sans que cela ne soit le hold-up du siècle. Le scénario du match ne lui a pas été favorable, en encaissant 10 points dans les 3 premières minutes sur deux actions franciliennes à zéro passe. En se penchant du côté de ces très chères statistiques, Toulon a dominé dans l’animation offensive (plus de franchissements et de défenseurs battus), commis moins de fautes (9 contre 10), mieux défendu (86% de plaquages réussis, contre 81% pour le Racing 92). Mais cette fois-ci, la chance ne lui a pas souri.
Avant même ce quart de finale, Toulon ne s’avançait pas comme cette équipe terrifiante, prête à cabosser n’importe quel pack et à broyer physiquement l’équipe adverse. Des Botha, Williams et Hayman ne se remplacent pas d’un simple coup de baguette magique. Wilkinson encore moins. Le RCT doit en plus déplorer les absences de Halfpenny, Manoa et O’Connell, ces joueurs qui auraient dû prendre la place des éléments précédemment cités. Et n’oublions pas que Giteau, le maître à jouer, effectuait son premier match en 2016. Son manque de rythme fut saisissant et ce n’est pas anodin s’il est sorti à l’heure de jeu. Même sur une jambe, Dan Carter a été laissé durant 80 minutes sur le terrain au sein des rangs du Racing 92.
Boudjellal a clairement annoncé la couleur : tout pour le Top 14
L’aventure européenne de Toulon est donc terminée. Pour beaucoup, une page se tourne. Je ne partage pas cet avis. Cette défaite ne marque pas la fin d’un cycle. Elle fait partie du sport, tout simplement. Il est impossible pour une équipe de remporter toutes les compétitions qu’elle joue durant une éternité. Toutes les bonnes choses ont une fin. C’est la normalité. Et quoi qu’il en soit, cela ne va pas réduire l’appétit (féroce) des joueurs de la rade.
Mourad Boudjellal a clairement annoncé la couleur dimanche dès le coup de sifflet final: désormais, c'est tout pour le Top 14. Avec un calendrier allégé de deux rencontres, Toulon va pouvoir se présenter avec les batteries gonflées à bloc lors des matches couperets du printemps. Matt Giteau, lui, va retrouver petit à petit sa forme. Toulon n’en sera que plus fort. Et l’intensité et l’apprêté des chocs aperçues face au Racing 92 dimanche, peu d’équipes du Top 14 pourront y résister.
En ce qui concerne le moyen terme, la flamme toulonnaise ne va pas s’éteindre d’un simple souffle. Avec le départ de Bernard Laporte et l’arrivée de Diego Dominguez, un nouveau discours ne pourra que faire le plus grand bien à ce groupe. L’Italien veut réussir ses premiers pas d’entraîneur. Quoi de mieux que d’avoir un technicien ambitieux pour remporter des titres ? Une chose est sûre : ne tirez pas trop vite sur Toulon et surtout, ne l’enterrez pas...
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