Coupe du monde 2023 - Sébastien Bertrank (nouveau sélectionneur du Portugal) : "On va essayer de foutre le bordel partout sur le terrain !"

  • Le Français Sébastien Bertrank prend la direction sportive du Portugal, auteur d'un superbe parcours en Coupe du monde. Le Français Sébastien Bertrank prend la direction sportive du Portugal, auteur d'un superbe parcours en Coupe du monde.
    Le Français Sébastien Bertrank prend la direction sportive du Portugal, auteur d'un superbe parcours en Coupe du monde. DR
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Relativement méconnu du grand public, le Français Sébastien Bertrank prend la suite de Patrice Lagisquet à la tête de la sélection du Portugal, véritable coup de cœur de cette Coupe du monde en France. Pour la première fois, il expose ici son parcours, son projet de jeu et sa vision d'avenir pour le Portugal. La promesse, ambitieuse, devrait plaire aux supporters des Lobos.

  • Sa personne

Vous devez vous douter que l’annonce de votre nomination comme prochain sélectionneur du Portugal a surpris beaucoup de monde…

Je m’attendais effectivement à de l’étonnement quand ce serait annoncé. Je comprends qu’on puisse se poser des questions. Je suis quelqu’un de très discret sur mes activités, je n’ai jamais cherché à vraiment communiquer dessus. C’est d’ailleurs quelque chose qu’on a pu me reprocher, par le passé, de ne pas assez travailler mon image. Ça ne m’intéressait pas forcément, j’aime bien l’ombre. C’est les Auvergnats, ça ! Heureusement, ceux qui me connaissent et ceux à qui j’ai eu affaire ne se sont pas posé toutes ces questions. Lors de l’annonce, j’ai reçu les félicitations et l’étonnement de Julien Malzieu, Anthony Floch, Romain Sazy, Jonathan Wisniewski, Sergio Parisse, Rémy Vaquin, Romain Carmignani, Bakary Meité. Des gens que j’ai eus comme joueurs, quand j’entraînais dans les catégories de jeunes, ou comme stagiaires dans les formations d’entraîneur, au CREPS de Montpellier. Des gens avec qui je suis toujours en contact et avec qui j’échange toujours beaucoup. Cela va bien au-delà de la relation entraîneur-entraîné, ou formateur-formé. Pour ceux qui veulent en savoir plus sur moi, c’est peut-être à eux qu’il faut demander !

Quel est votre parcours ?

J’ai entraîné pendant trois ans les Reichel de l’ASM Clermont Auvergne, champions de France en 2004. Pour certains, ils ont ensuite participé au premier titre de champion de France senior de l’histoire du club, en 2010. Ensuite, j’ai entraîné pendant quatre années l’équipe de France junior où j’ai pu croiser quelques futurs joueurs professionnels comme Wesley Fofana, Cédric Coll, Alexandre Dumoulin, Benjamin Fall, Antoine Erbani, Mickaël Ivaldi… Puis le XV de France Féminin. J’ai enfin entraîné la sélection de la Réunion, avec qui on a gagné la coupe d’Afrique.

Vous êtes connu, en France, pour être un formateur beaucoup plus qu’un entraîneur. Qu’est-ce qui vous a décidé à sauter le pas ?

J’avais eu plusieurs fois des contacts pour basculer vers l’entraînement en professionnel. En 2007, j’avais discuté avec Henry Broncan pour le rejoindre à Agen. Mais ça ne s’était pas fait et pour tout dire, ce n’est pas un truc qui m’attirait vraiment. C’est les hommes, le jeu, l’entraînement qui m’attirent. L’argent, je m’en fous, ce n’est pas mon moteur. Je préférais cette idée d’intervenir dans plein de clubs, auprès de plein de staffs. De graviter dans le monde professionnel tout en gardant ma liberté.

Sans l’envie d’éprouver directement vos méthodes ?

Je l’ai fait, mais le rugby professionnel n’est pas le seul rugby. En 2015, je suis allé entraîner à Montaigut-Besse (Puy-de-Dôme), mon village, à un niveau régional. Là, ça m’intéressait. J’avais surtout entraîné des jeunes d’élite, jamais à ce niveau plus modeste et j’étais curieux de voir ce qu’on pourrait faire. Un peu plus tard, je suis allé entraîner trois saisons à Ussel, en Fédérale 3. Un niveau intermédiaire, encore une fois j’étais curieux. Dans les clubs professionnels, je me contentais d’interventions ponctuelles et de conseils distillés au cours de nombreux échanges avec les entraîneurs. J’en garde beaucoup de proximité avec pas mal d’entre eux : Sébastien Piqueronies, Christophe Urios, Pierre-Henry Broncan, Ronan O’Gara, Jérôme Cazalbou, Pierre Mignoni ou Franck Azéma. Tous m’ouvraient leur porte, je venais, j’observais, j’intervenais comme je le pensais opportun. J’échange beaucoup avec Christophe Urios, de temps en temps je lui propose des idées, des innovations dans son management qu’il expérimente. Ou pas. Il reste décideur. Mais mon travail restait dans l’ombre et ça m’allait très bien.

Vous changez donc de direction…

La lumière arrive désormais, on va la gérer. Ce n’est pas une quête, pas un problème non plus. J’ai 53 ans, je ne m’en fais pas une montagne.

Pourquoi le faire avec le Portugal ?

Mon discours et mes méthodes leur ont visiblement plu, c’est aussi simple. Ils sont prêts à prendre le risque, je les en remercie. (il sourit)

C’est un risque ?

Je dis cela en souriant. C’est vrai que je prône quelque chose d’assez novateur et moderne. Je sais que ça peut faire peur à des présidents de clubs professionnels et je le comprends. Ils ont des partenaires, des comités directeurs, des comptes à rendre, des obligations de résultats rapides. Tout cela crée un contexte de pressions qui fait qu’on peut préférer une vision plus classique et sécuritaire. Moi, je propose autre chose, un discours moins commun. C’est le fruit de mes expériences, dans beaucoup de clubs professionnels, avec des sélections de jeunes ou 5 mois passés en Amérique du Nord, pour observer le fonctionnement des sports professionnels.

Ici aux côtés de Ronan O'Gara et des entraîneurs rochelais, Sébastien Bertrank intervient régulièrement auprès des staffs du Top 14.
Ici aux côtés de Ronan O'Gara et des entraîneurs rochelais, Sébastien Bertrank intervient régulièrement auprès des staffs du Top 14. DR - DR

  • Son projet de jeu

Comment se sont faits les premiers contacts ?

Cela part d’une longue discussion avec Sergio Parisse, à mon retour d’Amérique du Nord, sur le besoin de proposer un rugby qui vous ressemble, qui exprime votre culture et votre identité. L’Italie est sous influence depuis longtemps. Ils jouent comme on leur dit de jouer, ils copient ce qui se fait ailleurs mais quand vous copiez, vous êtes toujours second. Ils devraient jouer comme des Italiens, construire sur leurs racines, leur histoire. L’identité italienne, c’est ce qu’on devrait retrouver sur le terrain.

Et donc ?

Un jour à Montpellier, je déjeune avec mes anciens joueurs à Clermont : Anthony Floch, Julien Malzieu et Julien Bardy, qui est devenu il y a quelques mois vice-président de la Fédération du Portugal. On mange bien, on arrose ça d’un bon vin rouge et on refait le monde du rugby. Je leur raconte cette conversation avec Sergio. Je ne le savais pas mais cette discussion a beaucoup interpellé Julien (Bardy). Quinze jours après, le téléphone sonnait.

Il avait été votre ambassadeur ?

Il avait parlé de moi et de cette conversation avec le président de la Fédération et le DTN. « Allô, Séb ? Viens au Portugal, ils veulent te rencontrer. » Je pensais qu’ils voulaient des conseils, un peu d’aide extérieure. Mon boulot, quoi. Dans l’ombre, comme d’habitude. « Non, c’est pour aller plus loin. Il faut que tu te prépares. » Et me voilà embarqué.

Sans laisser de place au doute ?

J’aime l’aventure et celle-là en est une belle. Ça m’emballe plus qu’un club pro, que je ne crois pas encore prêt à aller dans de la modernité à l’excès. Le Portugal, ça me fait plus envie qu’un club de Top 14 qui débarque et pose 30000 balles sur la table sans te parler de projet, seulement de résultats. Je viens au Portugal parce que j’en ai envie, ça fait sens dans ma vie. J’ai demandé à mes patrons du CREPS de Montpellier pour prendre un temps partiel. J’ai demandé à Madame Bertrank également, elle m’a dit de foncer Alors j’ai foncé. Ce projet me ressemble.

En quoi votre discours et le projet de jeu que vous souhaitez proposer avec le Portugal sont-ils si novateurs ?

Pour faire simple : on va essayer de foutre le bordel partout sur le terrain ! (il rit) Mais je m’entends : le bordel, ça peut être quelque chose de très organisé et de très plaisant. Je vois d’ailleurs que cette équipe l’a déjà très bien fait lors de la Coupe du monde, ce qui leur a permis des résultats superbes et une belle cote de sympathie. C’est super et il faut féliciter le staff en place autour de Patrice Lagisquet. C’est génial, ce qu’ils ont proposé et cela m’ouvre la voie. Je veux qu’on soit anti-conformiste. J’aimerais qu’on propose un rugby qui ressemble au Portugal et aux Portugais : un peuple joyeux, festif, souriant. Un peuple de voyageurs, qui doit donc faire voyager le ballon sur le terrain pour lui donner de la liberté, de la respiration. C’est tout cela qu’il faudra retrouver sur le terrain.

C’est quoi, alors, un rugby « joyeux, festif, souriant » ?

Je suis très friand d’un rugby total, de prises d’initiatives. C’est longtemps ce qui m’a bloqué avec le rugby professionnel, trop programmatique à mon goût. On y confond souvent prise d’initiatives et prise de risque. L’initiative est souvent par défaut, quand il faut sauver les meubles. La réalité est que le risque, ce serait justement de ne rien faire. Au Portugal, l’héritage me va bien. Je redis mon coup de chapeau à Patrice (Lagisquet), au staff, aux joueurs. Ils ont bâti une équipe pour l’initiative. C’est le rugby de demain, alors que ça devrait être le rugby d’aujourd’hui. On va aller à fond là-dedans.

La manière, OK mais le résultat, c’est important dans un sport, qui plus est un sport professionnel…

Bien sûr, il faut gagner et il faudra gagner. Mais le résultat c’est une conséquence, pas une finalité. La finalité, c’est ce qu’on veut mettre en place, le message positif que notre rugby doit véhiculer.

La Fédération du Portugal ne vous a pas mis d’objectif chiffré ?

Pour cette Coupe du monde en France, le Portugal s’était qualifié d’une façon un peu particulière (élimination de l’Espagne sur tapis vert). Maintenant qu'ils y ont goûté, ils veulent revenir. C’est donc l’objectif : se qualifier pour la Coupe du monde en Australie mais on le faisant de façon plus sereine, logique. Pour cela, ils ont déjà fait une partie du chemin. Sous la houlette de Patrice (Lagisquet), cette équipe a énormément progressé. Notre mission sera de professionnaliser l’environnement, d’amener des ressources supplémentaires dans le staff senior, de développer la relation avec les clubs des joueurs, mais qu’ils soient mieux accompagnés.

Quelle est la marge de progression ?

Je crois que le rugby a atteint son plafond de verre dans beaucoup de secteurs. Les outils de préparation physique se sont aujourd’hui démocratisés dans le monde, on les trouve partout et bien exploités. Idem pour les outils technique et tactique aussi. Il y a désormais une uniformité de jeu chez les grandes nations, un rugby programmatique. Quand vous les surprenez, que vous leur opposez un rugby libéré, sans inhibition comme celui qu’a proposé le Portugal à la Coupe du monde, cela les déstabilise. La conquête n’est qu’une remise en jeu et ensuite, on va jouer où c’est facile, où nos qualités s’expriment. Ce n’est pas un rugby de géographie sur le terrain : « à tel endroit, on tape, après tel lancement, on renverse. » Il faut prendre de la liberté, oser.

Cette notion de liberté revient souvent...

Au rugby, on ne travaille pas : on s’entraîne et on joue. C’est un jeu, on l’oublie trop souvent. Il ouvre plein de possibles et il faut exploiter ces possibles. « Qu’est-ce qu’on peut faire que les autres ne font pas ? » Je veux de la transgression. Plus mes joueurs transgressent, plus j’aime. Qu’on ait le culot de faire ce que les autres ne font pas.

Effectivement, c’est un discours ambitieux, presque extrémiste.

Les Portugais ont choisi de donner une chance à ce discours et je les en remercie. Nous voulons allumer un feu avec une équipe tout terrain, adaptable, capable de faire de la programmatique quand la météo ou le terrain le réclament. Et on le fera. Mais dès qu’on le pourra, il faudra s’autoriser un rugby total en étant jusqu'au boutiste. Allons-y à fond !

Quid du risque de se faire contrer ?

Je vais vous dire : en moyenne, un match de rugby, c’est 60 ballons à jouer. 60 balles à tirer, donc un potentiel de 400 points à marquer. Pour gagner, ce n’est pas grave de prendre des points : il faut juste en mettre plus que l’adversaire ! C’est ça, le rugby de demain. J’y crois très fort. On va jouer comme des marteaux jusqu’à trouver notre facteur limitant, qu’il soit mental, technique ou physique. Mais il faut enlever toute l’anxiété autour de ça.

Pablo Lemoine (sélectionneur du Chili) réclamait plus de confrontations avec les nations du tier 1 pour progresser. Est-ce aussi votre cas ?

Oui. Pas forcément des test-matchs, mais au moins des entraînements, des échanges de bonnes pratiques. On peut aussi imaginer affronter des équipes B, qui restent très compétitives dans les nations majeures. Mais, à un moment, il faut matcher et se confronter aux meilleurs. L’Irlande et l’Angleterre viennent de nous solliciter pour qu’on se rencontre. On verra si ce sera sous la forme de matchs officiels ou d’entraînement à balles réelles. C’est marrant, le Portugal est soudainement devenu sexy. (il sourit) C’est une bonne chose, l’entre-soi a ses limites. Je crois que le Tournoi des 6 nations gagnerait à s’ouvrir, avec un système de montée-descente. Et plus globalement, il faut que les grandes jouent leur rôle de parents. Qu’il y ait un pourcentage de réversion destiné à la promotion de notre sport et au profit des petites nations.

Parmi son réseau, Sébastien Bertrank est notamment proche de Christophe Urios.
Parmi son réseau, Sébastien Bertrank est notamment proche de Christophe Urios. DR

  • Le staff et le management

Qui composera votre staff ?

Je souhaite une transition en douceur. Je redis tout le bien de ce que Patrice et son équipe ont mis en place. On va se rencontrer le week-end prochain, avec une partie du staff en place. J’ai besoin de les voir, de les écouter, de les sentir. Et je veux m’accorder le temps de l’étonnement. Dans un premier temps, je suis prêt à travailler avec tout le monde, tous ceux qui le souhaitent. Ensuite, on fera des bilans intermédiaires, on fera des ajustements si besoin, on ajoutera de la compétence là où il le faut. J’ai déjà reçu des sollicitations, mon réseau chez les entraîneurs me sert. Avant cela, il y a un temps de rencontre important avec les gens en place. J’arrive sans a priori, je ne demande qu’à être surpris. Et je ne me formalise pas sur l’idée de verrouiller un staff pour quatre ans.

Vraiment ? N’est-ce pas un gage de continuité ?

Il y a un côté où tu deviens prisonnier de ton staff. C’est bien d’avoir de la continuité mais aussi de la nouveauté, des respirations, des apports ponctuels extérieurs. Si les entraîneurs ont souvent peur des apports extérieurs, c’est surtout qu’ils ont peur de se trouver désavoués. Ils ont peur pour leur place. Mais ça devrait être tout l’inverse, ce n’est que du rugby ! Il faut être challengé, il faut des réunions avec du désaccord, il faut parfois être désavoué, toujours avec un fond de légèreté. On est là pour donner de la joie, du bonheur. Et il n’y a que comme ça qu’on progresse. Que plein de gens amènent leur regard, leur étonnement, leurs critiques. Je souhaite travailler ainsi et j’ai déjà l’accord de 5 ou 6 intervenants pour venir nous visiter. Moi, ensuite, je ferai mon diagnostic hyper précis.

Quoi d’autre ?

Il faut aussi que les joueurs soient à la source de tout. Je ne veux pas d’un management vertical. C’est dépassé. Je suis persuadé que l’avenir, c’est un management horizontal. Je crois à l’intelligence collective, à la co-construction, à la relation entraîneur-entraîné bien au-delà du lien hiérarchique. OK, il faut un chef à la fin qui tranche. Mais on dit souvent que les joueurs doivent être acteurs du projet : je vais plus loin, je veux qu’ils soient créateurs du projet et innovants. Il faut arrêter de prendre les mecs pour des agneaux, pour des abrutis, juste pour asseoir son autorité. En 2023, cela n’a plus lieu d’être.

Le joueur au centre de tout ?

J’y crois, comme je crois qu’au service de leur développement, il faut un momentum sur la préparation mentale. C’est un sujet sur lequel le rugby est encore très frileux. C’est pourtant essentiel pour la performance du joueur et la dynamique de groupe. J’entends souvent qu’on joue comme on s’entraîne : je crois en fait qu’on joue comme on vit. Quels sont ton éducation, ton parcours de vie, ton humeur et des nouvelles de la semaine, bonnes ou mauvaises. Les Portugais ont un pied dans la vraie vie, la vie active. La plupart ont un travail à côté. Je trouve cela hyper intéressant, en termes de matière humaine.

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Les commentaires (2)
grimin777 Il y a 6 mois Le 15/10/2023 à 20:26

En fait, le management que vous prônez c'est celui qui implique tout le monde et quand tout le monde est impliqué pour ce qu'il sait il maximise ses compétences et est donc acteur de la performance collective.

grimin777 Il y a 6 mois Le 15/10/2023 à 20:10

Tout votre discours sur le management impliquant une co-construction et une co-création collective du projet se trouve dans les principes du management socio-économique créé par Henri Savall et Vétonique Zardet (ISEOR). Leurs travaux s'adaptent à toutes les formes d'entreprises et d'organisations et montrent que la réelle performance socio-économique permet de lutter contre les coûts cachés. Ce que vous prônez est l'essence même d'un système où tout le monde dans "le projet" est concerné de manière horizontale.
Bravo à vous pour votre implication originale.