Coupe du monde de rugby 2023 - Siya Kolisi (Afrique du Sud) : "Le rugby est parfois brutal, on ne se cache pas sur ce que nous sommes"

Par Jérémy FADAT
  • Siya Kolisi, capitaine de l'Afrique du Sud, s'exprime en conférence de presse avant le quart de finale de Coupe du monde face aux Bleus
    Siya Kolisi, capitaine de l'Afrique du Sud, s'exprime en conférence de presse avant le quart de finale de Coupe du monde face aux Bleus Midi Olympique - Patrick Derewiany
Publié le Mis à jour
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Capitaine et leader charismatique des Sud-Africains champions du monde en titre, le troisième ligne Siya Kolisi assure que son équipe est prête à relever le défi français, dimanche soir, en quart de finale de la compétition. Et il n'entend pas renier l'identité des Springboks, même s'il insiste aussi sur l'excellente discipline des siens ces dernières semaines...

Le XV de France va disputer ce quart de finale à domicile. Êtes-vous prêt pour ce défi ?

Bien sûr, ce sera un grand match, nous le savons tous. Nous avons aussi joué contre une nation entière au Japon (en 2019, N.D.L.R.), c’était difficile. Mais ce sont les matchs que nous voulons jouer, ceux qui nous mettent à l’épreuve. On trouve des forces entre nous, nous représentons 65 millions de personnes en Afrique du Sud. Nous avons déjà joué contre la France à Marseille, l’atmosphère et l’ambiance étaient fantastiques. Si on réfléchit trop à ce qu’il se passe autour, on peut y perdre notre concentration. On doit adapter et exécuter nos plans.

Vous êtes tenants en titre. Que change le fait d’aborder désormais la phase finale ?

Notre staff d’entraîneurs est incroyable depuis longtemps, bien avant la Coupe du monde. Il avait planifié différents scénarios, il nous a préparés. Pas grand-chose ne change pour nous. La manière de se préparer est la même. Mais sentir cette pression, c’est bien. Beaucoup, dans notre groupe, connaissent ce contexte. Il n’y aura pas d’excuse, on ne peut pas dire qu’on ne sait pas comment ça va se passer. La plupart d’entre nous sont déjà passés par là. On tire de la confiance de cette expérience. Ceux qui ont connu ça vont s’occuper de ceux qui ne le connaissent pas. Mais la France est également confiante et elle évolue à domicile. Ce sera une grande lutte.

On a parlé d’un jeu physique ou brutal de la part des Springboks. La gestion de l’arbitre sera-t-elle décisive ?

Je pense que la performance sera plus cruciale que n’importe quoi d’autre. Nous sommes la seule équipe à n’avoir pas pris de carton dans cette Coupe du monde. La discipline sera primordiale. Nous avons l’habitude d’effectuer des plaquages bas, nous travaillons beaucoup sur les hors-jeu ou les pénalités à l’entraînement. L’objectif est qu’il n’y ait pas de mauvaise décision de l’arbitre. On ne peut pas craindre quoi que ce soit, il faut jouer aussi dur que nous le pouvons. Le rugby est parfois brutal. Notre pack doit être aussi physique que possible pour que les arrières s’expriment. Du moment que l’on ne fait rien de mal, tout ira bien. On ne se cache pas sur ce que nous sommes, on ne va rien faire de différent. C’est comme ça que nous jouons. Le principal sera de le faire pendant 80 minutes dimanche. Contre les Tonga, c’était brutal sur le match entier, contre l’Irlande aussi. Nous sommes préparés, ce ne sera pas différent. Mais la France peut aussi être très physique.

On a beaucoup évoqué Antoine Dupont et sa blessure récemment. En quoi sa présence est-elle décisive ?

C’est un grand joueur, il est respecté dans le monde entier. C’est le leader de cette équipe française. Nous ne souhaitons jamais de voir un adversaire blessé, on veut jouer contre les meilleurs, on veut affronter la France au complet. J’ai hâte de défier la plus forte équipe de France possible. Alors, c’est bien de voir Antoine Dupont revenir sur le terrain.

Vous allez vous livrer un duel avec Charles Ollivon notamment. Quel regard portez-vous sur lui ?

Charles, c’est un joueur fantastique, un excellent lien entre les avants et les trois-quarts. C'est aussi un bon leader, à Toulon et en équipe de France. Je sais que lui, comme les autres Français, se préparent pour une bataille physique.

Bongi Mbonambi a expliqué que, cette semaine à l’entraînement, vous aviez simulé le bruit auquel vous serez confrontés dimanche...

Si on se prépare, on le fait à 100 %. Nous nous sommes rapprochés autant que possible de l’ambiance qu’on va connaître, avec une enceinte au bord du terrain, avec les chants, les cris des supporters, etc. À Marseille (en novembre 2022, N.D.L.R.), on ne pouvait pas s’entendre entre nous, c’était dur de communiquer. On a retenu la leçon. Les Français sont des passionnés, mais il faut rester concentrés, surtout pour les annonces autour du jeu arrêté. On doit pouvoir communiquer. Là, on rentre dans les détails de la préparation. J’espère que cela nous aidera dimanche.

Vous dites souvent que vous êtes dans une position privilégiée. Avez-vous un message pour les Sud-Africains ?

Tout ce que nous possédons en tant qu’équipe, c’est le courage. Nous avons la chance de venir d’un pays qui croit en cette équipe. Les gens feraient n’importe quoi pour venir nous voir ici. Nous sommes reconnaissants envers ceux qui ouvrent leurs écrans pour que les autres voient nos matchs. Nous représentons toutes les catégories de notre pays. On joue aussi pour nous bien sûr. Mais ce qui nous rassemble et nous fédère, c’est l’Afrique du Sud. C’est le sens des efforts et du travail qu’on fait sur le terrain. On doit toujours tout donner, car tellement de personnes donneraient tout qu’elles ont pour être à notre place. Nous jouerons pour elles. Nous ne serions pas là si elles ne nous avaient pas autant soutenus.

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