Coupe du monde de rugby 2023 / XV de France - Dans le Nord, le rugby doit "surfer sur la vague de ce Mondial" pour Laura Di Muzio

Par Loïc Bessière
  • Laura di Muzio à son époque de joueuse
    Laura di Muzio à son époque de joueuse - DR
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Pour la première fois de l'ère Fabien Galthié, le XV de France jouera dans le Nord. Laura Di Muzio, ancienne internationale et présidente du Stade villeneuvois, espère que la Coupe du monde et la venue des Bleus permettront au rugby de s'implanter davantage dans le Nord.

La France jouera l'Uruguay ce jeudi soir, au stade Pierre-Mauroy (21h) de Lille. Sentez-vous l'engouement monter dans votre région ? 

Clairement, sur les dernières semaines, c'était la folie ! Cela fait quinze ans que je suis dans le milieu du rugby dans le Nord et je ressens cette ferveur et cet engouement car, au Stade villeneuvois, on est sollicités en permanence, que ce soit par les médias, des demandes d'initiation, des écoles, des expositions... C'est incroyable, il ne se passe pas une demi-journée sans que je reçoive un appel avec une proposition pour assister à un évènement sur le rugby. 

Cet engouement concerne-t-il que la Coupe du monde, que l'équipe de France, ou les deux ? 

Les deux ! On a la chance d'avoir l'équipe de France, mais Pierre-Mauroy va vivre aussi autour des autres sélections qui viendront jouer ici. Dans la globalité, l'engouement est autour du rugby. Ça a commencé avant la venue de la France, qui est quand même un tremplin. On a la chance qu'ils viennent dès le début de la compétition. Là, il y a le Moscoato Show sur la Grand' place à Lille, il y a le village rugby... Recevoir la France pour le premier match ici permettra de prendre un bon départ. 

Est-ce que l'intérêt pour le rugby, durant ce Mondial, dépasse le cercle des initiés et touche un large public ? 

Cela le dépasse, et j'en suis moi-même surprise ! J'ai un exemple. Après le match entre la France et la Nouvelle-Zélande, à minuit, au club, on a reçu un mail d'un père de famille : "Je viens de voir le match, c'était incroyable. J'ai regardé ce match avec ma fille de douze ans et elle veut essayer le rugby." Ceux qui sont fans, ils ont acheté leur place et ont bloqué les deux mois. Mais ça va au-delà, il y a une envie de découverte !

J-1 depuis Lille ! Allez !\ud83d\ude0d#FRAvURU #RWC2023 pic.twitter.com/ANW5Is5KOo

— RUGBYRAMA (@RugbyramaFR) September 13, 2023

L'Angleterre a établi son camp de base au Touquet. Y a-t-il un engouement dans le Nord autour du XV de la Rose ? 

On ressent un engouement des Anglos-Saxons. Au Stade villeneuvois, on reçoit chaque semaine des demandes d'équipes anglaises, qui viennent dans le coin avec des jeunes, pour des matchs amicaux. Encore aujourd'hui, j'ai reçu une proposition. On sent une ferveur.

Les deux locomotives pour le Nord en termes de rugby sont Marcq-en-Barœul (OMR) chez les garçons et, chez les filles, le club que vous présidez, le Stade villeneuvois. Est-ce qu’il faudrait des clubs encore plus attractifs pour que le rugby puisse aller titiller le volley, le basket ou le foot, les sports les plus populaires dans votre région ?

Ce n’est jamais suffisant. Nous sommes tellement loin en termes de licenciés et de connaissance du sport par rapport à ces sports-là. La Coupe du monde, c’est un bon coup de projecteur. Mais ce n’est pas suffisant, dans la mesure, où, on va en parler de ce sport en septembre pendant que des matchs se dérouleront ici, et puis plus rien. Ce qui compte, c’est la continuité, la capacité à pérenniser la dynamique. On le voit sur les sports féminins, par exemple, où les sports collectifs brillent mais, dans les faits, on n’en parle qu’une fois tous les quatre ans… On ne remplit pas plus les stades après.

Comment aller chercher de nouveaux licenciés dans la région des Hauts-de-France ?

Il faut surfer sur la vague de ce Mondial. Il faut profiter maintenant des huit semaines de cette fenêtre médiatique pour proposer des initiations, faire des rencontres dans les écoles, avec les professeurs… Avec la Coupe du monde, tu peux faire du concret. Si tu fais une initiation dans une école, le soir, les gamins, ils vont voir les meilleurs joueurs du monde à la télé et ils vont rêver ! Quand il n’y a pas le Mondial, il manque ce produit pour les faire rêver… Des places ont été offertes à des enfants qui n’auraient jamais pensé aller voir un match de rugby de leur vie. C’est comme cela que des vocations vont se créer !

Est-ce que la montée en Pro D2 refusée à Lille Métropole Rugby en 2016, avait plombé la dynamique rugby dans le Nord ?

Oui, cela avait cassé la dynamique, car il y avait eu un engouement et un suivi dans la montée du LMR. Une communauté avec des supporters et une ferveur au stade avait été créée. Il y avait eu plusieurs années pour monter ça, cela avait été un travail de longue haleine… Tout s’était arrêté net, la dynamique avait été brisée. Pour nous, les filles, le LMR était une locomotive pour nous. On aimerait bien être la locomotive, mais ce n’est pas vrai. Tant que le rugby féminin n’est pas considéré à sa juste valeur, on n’en sera pas une, cela sera une équipe masculine, même d’une division inférieure, alors que nous jouons en première division. Le LMR avait fait le boulot… Avec l’OMR, une nouvelle dynamique se lance mais c’est reparti du début ! On n’attend que ça, que la vague rugby décolle dans la région !

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