Top 14 - Adoubé par Alun Wyn Jones et Eben Etzebeth, qui est Matthias Halagahu (Toulon) ?

Par Mathias Merlo
  • Matthias Halagahu s'affirme cette saison
    Matthias Halagahu s'affirme cette saison Icon Sport
Publié le Mis à jour
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À 22 ans, le néo-professionnel, nouvel étendard de la formation du RCT, s’affirme dans la cage varoise, et devient, au fil des sorties, le symbole d’une nouvelle génération qui montre le bout du nez. Au plus grand plaisir de Pierre Mignoni qui tient à cette caution toulonnaise.

À la fin de la saison dernière, au moment de distribuer les bons points, Pierre Mignoni ne s’était pas montré avare en compliments pour ses jeunes pousses de muguet. "Le joueur qui a le plus progressé cette année ? Je vais parler de certains joueurs que je ne connaissais pas trop : Matthias Halagahu, Adrien Warion, Jules Coulon, Mattéo Le Corvec. Surtout Matthias et Adrien ont franchi un palier, physiquement et au niveau du rugby. J’espère qu’ils vont prendre une dimension encore supplémentaire la saison prochaine. Matthias n’a pas été épargné par les blessures et c’est important de le voir évoluer cette année. Il se transforme et il va évoluer encore." 

Dans la maison estampillée au muguet, personne n’est vraiment surpris de la progression croissante de Matthias Halagahu. Arrivé lors de sa première année Cadets au RCT, le môme du Club Athlétique Raphaëlo-Fréjussien a toujours eu les faveurs de ses éducateurs, qui voyaient en lui "un futur joueur de l’équipe première". À vrai dire, l’éclosion a été un peu plus tardive, freinée notamment par des soucis aux épaules.

L’évidence s’est tout de même concrétisée le 24 août 2023 avec une prolongation de deux saisons, et un premier contrat professionnel. "Forcément, il y a de la satisfaction, a confié l’intéressé à RCTPlay.tv. Tu repenses aux gens qui ont fait des efforts pour toi, pour que tu puisses signer dans ton club. Tu penses à tes parents, à tes éducateurs. C’est une récompense personnelle, mais aussi pour tous ceux qui y ont cru. J’ai d’abord eu une pensée pour mes parents qui ont fait des sacrifices financiers pour m’amener depuis Saint-Raphaël jusqu’à Toulon. Ils m’ont payé l’internat, tous ces trucs… Je pense aussi à 'Brique' (Éric Dasalmartini devenu entraîneur de la mêlée chez les professionnels, NDLR) en Cadets. À Suta qui m’a accueilli les bras ouverts chez lui quand ça n’allait pas. Je pense à toutes ces personnes qui ont fait des efforts."

La Challenge Cup comme pied à l’étrier

Face à la concurrence, l’ex-international en moins de 18 ans a longtemps rongé son frein. Insatisfaits des performances de plusieurs cadres, Pierre Mignoni et Franck Azéma ont décidé de secouer le groupe professionnel en incorporant de nombreux jeunes lors de la Challenge Cup édition 2022-2023. Un trophée qui sera enfin remporté par les Rouge et Noir, en partie grâce à la phase de poules aboutie des "Minots de la Rade". "De la génération 2000 à 2002, on est un groupe de jeunes qui s’est suivi sur toutes ces catégories, s'est félicité le gamin de l'est-Var. L’an dernier, la Challenge Cup a offert du temps de jeu à plusieurs mecs. On a pris de l’expérience. Autour de ça, lors du Top 14, quand on ne jouait pas, on a fait énormément de physique pour répondre aux exigences de la première. C’est comme ça qu’on a passé les étapes !"

Ainsi, les discussions en rêvant, dans les vestiaires de Léo-Lagrange, sont devenues une réalité. "Avec Mattéo Le Corvec (qui a signé professionnel dans la foulée de son camarade, NDLR), on joue ensemble depuis plus de huit ans. On se le disait quand on était en Cadets, en Crabos qu’on aimerait aller chez les pros ensemble. L'étape a été franchie. On est en train d’arriver doucement, avec les autres. Mais, on arrive. C’est une responsabilité de porter ce maillot par rapport aux anciens. Ce n’est pas n’importe quel club, c’est Toulon… C’est quelque chose d’être pro ici. Maintenant, c’est nous. On doit mettre le RCT là où il doit être : en haut du classement. Pour l'instant, j’ai juste envie de postuler pour le plus de matchs, je veux en jouer, et être bon avec Toulon. Pour la finalité, bien évidemment, ce sera de ramener des titres à Toulon."

"Je le vois bien jouer pour la France dans 2 à 3 ans"

Bosseur, à l’écoute, Halagahu est probablement le joueur professionnel qui passe le plus de temps au Campus. "Il aime être là même après les entraînements pour tout savoir du club. Il s’intéresse à tout ce qui tourne autour du RCT, même aux futilités. Il veut tout connaître du plus petit projet jusqu'aux plus grands", s’amuse un habitué des lieux. Il n’y a pas que les salariés des bureaux qui sont sous le charme du sourire de ce descendant de Wallisiens. À son époque toulonnaise, Eben Etzebeth l’avait pris sous son aile et voyait en lui un "joueur à fort potentiel". De retour dans le Var, pour préparer la Coupe du monde, l’élément des Sharks l’a contacté dans le but de "se voir" autour d'un café. "Eben, c’est le mec ! Il m’a donné des conseils incroyables. Il m’a boosté pour faire les efforts nécessaires. Il croyait en mes capacités. Je n’avais pas envie de le décevoir au moment d’être sur le terrain avec lui."

Dans la même lignée, le vétéran Alun Wyn Jones, en l’espace de quelques semaines, s’est pris de sympathie pour cet ancien abonné de Mayol, devenu depuis le parrain des Fils de Besagne. Du quart de virage à partager la cage aux lions avec la légende galloise, il n'y a qu'un pas et la sueur du travail. "J’avais la pression. Il vient d’arriver à Toulon, j’ai la chance de jouer avec lui, je n’avais pas envie de passer pour un rigolo. Certes, je suis jeune, mais j’avais envie qu’à la fin du match, il se dise : ‘Ce mec, il en veut.’"

Qu’est-ce qu’en a pensé l'ex-membre des Lions britanniques ? "Je suis venu ici avec l’idée d’aider les jeunes à grandir. Matthias est l’un des plus grands talents du club. C’est un mec humble, et je vois dans son regard qu’il a envie d’apprendre. Je vois en lui, un mec qui a été un peu ralenti dans sa progression par la période du Covid. Il n’a pas eu l’opportunité de jouer les grandes compétitions de son âge avec sa sélection nationale. C’était un peu frustrant… Il a une énorme envie de jouer au rugby, quelque chose de puissant. Il a tout ce qu’il faut dans le corps pour devenir un joueur de haut niveau." C’est-à-dire ?  "Il vient de récolter le fruit de son travail avec son premier contrat. Je vais continuer, pendant mon temps ici, à l’aider dans son travail. Je ne vais pas être conciliant, mais il m’en sera reconnaissant plus tard. Je vais vous dire ce que je pense vraiment de lui : je le vois bien jouer pour la France dans 2 à 3 ans. Je n'ai pas d'éléments qui me font dire pourquoi il n'y arriverait pas. Il a tout du deuxième ligne moderne. Sur cette même période, il deviendra capitaine de Toulon, car il a toutes les compétences pour l'être." 

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