Top 14 - Benjamin Urdapilleta (Castres) : "Je n’étais plus la priorité au poste d'ouvreur à Castres"

Par David Bourniquel et Charles Cavailles
  • Benjamin Urdapilleta s'est longuement confié sur les raisons de son prochain départ pour Clermont.
    Benjamin Urdapilleta s'est longuement confié sur les raisons de son prochain départ pour Clermont. Icon Sport - Icon Sport
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Le numéro 10 argentin du CO sera Clermontois l'année prochaine et revient longuement sur les raisons de son départ. Il quittera le club tarnais sans rancœur, la tête et le cœur remplis de riches souvenirs obtenus au fil de huit longues saisons passées à servir le Castres olympique. Musique, maestro ! 

Après huit saisons passées au CO, vous avez annoncé que vous serez Clermontois la saison prochaine. Pourquoi ce départ alors que l’on vous sait très attaché à Castres ?

C’est vrai que je suis très attaché à ce club et pour tout dire mon souhait premier était de rester ici. Ma famille est très bien ici, on a une belle vie sociale, mes enfants sont bien dans cette belle ville castraise. L’année dernière quand j’ai signé un an pour jouer la saison en cours, j’ai parlé avec le président Revol et je lui ai expliqué ce qui était alors mon intention : jouer cette saison, espérer participer à la Coupe du monde et arrêter ma carrière là-dessus. Lui, je pense qu’il est resté là-dessus. En décembre, j’ai dit au coach d’alors (Pierre-Henry Broncan, N.D.L.R.) que si le club avait besoin de moi, j’étais d’accord pour me réengager. Je pensais qu’il avait communiqué avec le président et que ce dernier était au courant de ma volonté. J’ai attendu longtemps un message du club qui n’est jamais venu. L’ancien coach a fini par m’envoyer un message en me disant qu’il voulait me conserver. Problème, il a dû quitter le club quelques semaines plus tard. Je n’ai ensuite plus eu de nouvelles du club. J’ai commencé à évoquer avec ma femme la possibilité de partir, je me suis rapproché d’un agent …

On a fini par discuter avec le CO lorsque j’ai répondu de manière humoristique à une information parue dans Midi Olympique selon laquelle le club allait me proposer un contrat de joker Coupe du monde. Lors de cette entrevue, le président Revol était très étonné. Il m’a assuré qu’il n’était pas au courant de ma volonté de rester et qu’il s’était arrêté sur notre conversation datant de l’année dernière, celle où j’expliquais vouloir arrêter après la Coupe du monde. Bon, au club, des joueurs à l’intendant, tout le monde était au courant que j’avais changé d’avis et que finalement j’étais prêt à rempiler. Au fil de la conversation, il m’a proposé de rester dans un rôle d’encadrant des autres numéros 10 de l’effectif. Je n’étais plus la priorité au poste. Moi je m’entraîne et je ne suis pas encore éducateur. Je veux être sur le terrain et jouer. Bien sûr que je suis prêt à aider mais là, on ne me proposait pas la transition normale, naturelle. À partir de là, rester à Castres devenait difficile. Je suis trop compétiteur pour accepter cela. La proposition de Clermont était bien différente …

D’après vos propos, Christophe Urios n’a pas eu beaucoup de mal à vous convaincre de le rejoindre. Quel discours vous a-t-il vendu pour arriver à ses fins ?

Il ne m’a pas dit que j’allais être premier, deuxième ou troisième ouvreur, il m’a simplement dit qu’il avait besoin de moi, de mon expérience, de mon jeu au pied… Il a confiance en moi, et moi en lui, j’y vais pour gagner ma place, être le meilleur et avoir le numéro 10 rien de plus.

Après huit saisons à Castres, Urdapilleta quittera le CO en laissant une trace importante.

On en parle ici > https://t.co/pQKGnUJokV pic.twitter.com/lghdA0waNL

— RUGBYRAMA (@RugbyramaFR) May 4, 2023

On sait que plusieurs clubs se sont manifestés pour vous recruter. Qu’est ce qui a fait que vous avez choisi l’Auvergne et quel rôle Christophe Urios, qui vous a entraîné dans le passé à Oyonnax puis à Castres, a-t-il joué dans votre prise de décision ?

Le fait que Christophe Urios soit à Clermont m’a bien sûr aidé à prendre ma décision. J’avais aussi d’autres propositions, mais je voulais finir mon histoire avec le rugby français de la meilleure des manières possibles, je voulais que l’histoire soit belle ; soit à Castres, soit avec l’entraîneur qui m’a fait venir en France et qui m’a aidé à avoir la carrière que j’ai aujourd’hui. Je me suis beaucoup entraîné mais il m’a donné de la confiance pour réussir. Si le coach n’avait pas été Christophe Urios, je ne sais pas si j’aurais signé là-bas mais honnêtement, c’est "la classe" quand à 37 ans un grand club comme Clermont vous appelle. Je vais en plus retrouver trois autres Argentins (Lavanini, Kremer et Delguy, N.D.L.R.).

Comment avez-vous vécu cet engouement autour de vous et de votre transfert à Clermont ?

Ma femme et moi avons été très stressés ces derniers mois. Maintenant que tout le monde sait où je vais aller la saison prochaine, je peux profiter à fond de mes dernières semaines au club, dans la ville et avec mes amis castrais. Tout est plus facile pour moi, je suis plus libéré, plus tranquille et ça me fait plaisir de recevoir autant de messages de la part des supporters et de mes coéquipiers. C'est très touchant de voir tout cet amour des Castrais pour un Argentin comme moi.

Benjamin Urdapilleta a été l'ouvreur d'Oyonnax entre 2012 et 2015 sous les ordres de Christophe Urios.
Benjamin Urdapilleta a été l'ouvreur d'Oyonnax entre 2012 et 2015 sous les ordres de Christophe Urios. Jean Paul Thomas / Icon Sport - Jean Paul Thomas / Icon Sport

En voulez-vous aux dirigeants castrais de ne pas s’être positionnés plus vite et plus fort sur votre cas, eu égard à vos prestations cette saison ?

Non, jamais je n’en voudrais aux dirigeants. Cela fait huit ans que je suis là, j’ai gagné un titre de champion de France ici, j’ai passé des années que je n’aurais jamais pu espérer. Comme je l’expliquais, je pense que tout cela est né d’un malentendu entre les deux parties. Je ne peux pas leur en vouloir à ce club, tout le monde ici a été tellement gentil et bienveillant avec moi et ma famille durant toutes ces années ! Je voulais finir ici, c’est clair, mais finalement, ça peut aussi être un très beau final pour ma carrière que d’aller à Clermont retrouver Christophe. Je suis triste de partir mais aussi content et excité à l’idée d’aller là-bas découvrir un nouveau projet. Ici, on peut avoir n’importe quel problème à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit, on sait quoi faire et qui appeler pour se dépanner. À Clermont, il va falloir reconstruire.

Notre Président, Pierre-Yves Revol réagit au départ de Benjamin Urdapilleta à l'@ASMOfficiel .

Le communiqué \u25b6\ufe0f https://t.co/z8O6tRRWKt pic.twitter.com/dabAvnOxlS

— Castres Olympique (@CastresRugby) May 4, 2023

Est-ce que vous resterez en France après votre carrière ?

Mes enfants sont nés en France et sont français mais ma femme et moi nous sommes Argentins pure souche. On adore la France mais on a toujours dit qu’après ma carrière nous retournerons là-bas. C’est notre culture. On se rapprochera de nos familles, de nos amis d’enfance. J’irai bien faire une dernière pige auprès de mon premier club amateur (CUBA, Club Universitario de Buenos Aires, N.D.L.R.) pour rendre au rugby ce qu’il m’a donné. Je m’imagine en train de buter avec mon fils qui m’amène le tee. Bon, il faut voir ce que me dira mon corps quand le moment sera venu. Ma signature à Clermont repousse l’échéance !

Que peut-on vous souhaiter pour que la fin de l’histoire à Castres soit belle ?

Déjà, de finir sur le terrain. Certains joueurs n’ont pas eu cette chance-là. J’espère pouvoir jouer mon dernier match à la maison ici avec toute ma famille et mes amis au stade et bien sûr obtenir une dernière victoire !

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