Matt Giteau : "Avec le Hall of Fame, Toulon crée son histoire"

  • Matt Giteau est revenu à Toulon pour le Hall of Fame du RCT.
    Matt Giteau est revenu à Toulon pour le Hall of Fame du RCT. Icon Sport - Sandra Ruhaut
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International - À l’occasion du Hall of Fame du RC Toulon, Matt Giteau est revenu sur les terres varoises six ans après son départ. L’ancien centre des Wallabies a des souvenirs plein la tête de son passage à Toulon.

Matt, comment s’est passée votre arrivée à Toulon ?

Je suis arrivé d’Australie c’était un long voyage mais je suis très excité et heureux d’être ici. Je ne suis pas revenu depuis six ans c’était une grande opportunité de revoir certains de mes coéquipiers. Mes enfants sont nés ici donc c’était drôle de revenir ici, mais également à Carqueiranne.

Que pensez-vous de cette initiative du Hall of Fame par le club toulonnais ?

C’est extraordinaire. Le club crée son histoire, maintenant dès que des nouveaux joueurs ou des Espoirs rejoindront le club, ils verront les joueurs les plus glorieux qui ont porté le maillot rouge et noir. Personnellement, le Hall of Fame m’a surtout permis de retrouver certains de mes coéquipiers. Et après six ans éloignés, on s’est tous retrouvé comme si rien n’avait changé. Ce sont des vrais amis. La première chose que j’ai dit à Joe Van Niekerk c’était : "rien n’a changé !".

Quels sont les premiers souvenirs qui émergent ?

Le terrain, la foule, toute l’atmosphère rugby qui règne dans cette ville… Le Pilou Pilou bien sûr ! C’est vraiment incroyable. Mais je me rappelle bien de 2014 quand on a fait le doublé. On faisait la fête avec toute la ville, je me rappelle que mon fils a fait une ola avec tous les supporters. Je me remémore également de mon dernier match à Mayol où tout le public m’a applaudit. C’est comme si je revenais à la maison finalement !

Vous avez remporté la première coupe d’Europe du club en 2013. Qu’avez-vous ressenti ?

De la fierté. Nous n’avons pas simplement cocher une case avec ce titre. La ville et le club attendaient cela depuis vingt ans. Je me rappelle avoir dit à ma femme : « C’est bon je peux arrêter ma carrière ici » ! Et finalement, l’été passe et vous avez envie de retrouver cette sensation extraordinaire en chassant une nouvelle coupe d’Europe. C’était vraiment spécial.

Avez-vous eu le sentiment que ce match aurait pu vous échapper ?

Je n’ai pas pensé à cela pas plus que je pensais que nous étions certains de gagner. Quand vous jouez ce genre de match, vous devez juste tout donner dans la batailler et rester froid. Je ne pensais pas à gagner ou perdre, c’était juste une grande opportunité de marquer l’histoire et on l’a fait.

A cette période, beaucoup de critiques ont émergé sur le RCT, souvent qualifié de club de mercenaires. Comment avez-vous ressenti cela ?

Au plus profond de mon cœur je savais que j’étais à Toulon pour une vraie raison : tout donner pour cette ville et représenter les habitants de la meilleure manière possible. Je n’ai jamais été un mercenaire. Peu importe ce qui a été dit à l’époque.

Quelle était l’ambiance dans ce groupe rempli de stars ?

Nous étions une fratrie sur le terrain. Nous passions également des moments ensemble hors rugby, mais lorsque nous étions en match, chacun se donner pour l’autre

La Coupe du monde 2023 s’ouvrira dans cinq mois. En 2007 vous faisiez partie de l’équipe australienne pour le Mondial en France, quelles sont les plus grandes différences entre ces deux époques ?

Dans le jeu, je crois que l’accent était davantage mis sur l’attaque. Aujourd’hui on mise plus sur la défense, le jeu d’occupation et la gestion du terrain. Du point de vue de la Coupe du monde en elle-même, le Mondial 2007 en France a été celui que j’ai le plus préféré dans ma carrière. Nous étions à Montpellier avec les Wallabies c’était incroyable mais nous avons perdu en quart de finale… donc c’est plutôt un mauvais souvenir (rires). La France est un grand pays de rugby. Quand vous venez d’un pays étranger, vous êtes ébahis par la culture française et vous avez envie de jouer en Top 14. Les villes étaient imprégnées de cette atmosphère de Coupe du monde.

Selon vous, quelle sera la clé de ce prochain Mondial ?

La constance. Le niveau des nations devient de plus en plus élevé, et vous vous devez de bien jouer chaque match. Vous aurez beau faire une bonne phase de poules, si vous baissez le niveau en quart c’est fini pour vous. Peu importe ce qu’il s’est passé avant. Et c’est le point sur lequel doit progresser l’Australie. Les Wallabies ont trop souvent alterné entre des rencontres exceptionnelles et des matchs ratés ces derniers mois. Le conseil que je peux donner aux jeunes australiens qui sont actuellement avec Eddie Jones est simple : soyez prêts, et dormez bien. Eddie Jones va rester ces joueurs à l’occasion de ce premier camp d’entraînement car il sait que ce sera une compétition très dure.

Comment expliquez-vous vous que les nations de l’hémisphère Nord ont élevé leur niveau par rapport à celles du Sud ?

La raison principale est la qualité des compétitions européennes. Il y a le Top 14 mais aussi la Champions Cup où ce genre de rencontres ressemble vraiment à des test matchs. Quand je jouais à Toulon je sentais vraiment cela. Le Super Rugby est très différent, c’est un autre style de jeu, moins proche de celui du niveau international. C’est un cercle vertueux : plus les compétions locales sont fortes, plus les nations sont fortes.

Selon vous, quelle est la plus grande évolution du poste de centre ?

Le jeu avec ballon. Quand j’ai commencé ma carrière, j’étais l’un des plus petits centres. A l’époque, le numéro 12 ou 13 était grand, plaquer dur et ne donnait pas un ballon. Quand je suis arrivé à haut niveau je ne pouvais pas faire tout cela, donc j’ai dû être très fort dans mon jeu avec ballon. Et aujourd’hui, les centres sont très agiles, ils ont beau être très physiques ils ont beaucoup plus de créativité qu’avant. Ils sont en quelque sorte des deuxièmes numéro 10.

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