Sur le toit du monde?

Il y a presque un an, l"Afrique du Sud devenait championne du monde. Une fois la Nouvelle-Zélande écartée, elle avait parfaitement su s'asseoir dans le fauteuil de favori pour conquérir ce titre. Mais certaines mauvaises langues affirmaient que les All Blacks restaient la meilleure équipe de la planète... jusqu'à ce que les Springboks l'emportent sur leurs glorieux adversaires, samedi dernier à Dunedin (30-28), au terme d'un match d'une grosse intensité.

Huit jours après avoir perdu la tête haute (19-8) en terre néo-zélandaise (alors qu'ils menaient à la mi-temps!), ils ont ainsi pris une formidable revanche. Et ont fait taire leurs ultimes détracteurs. Une victoire éclatante pour un exploit retentissant! Surtout, une véritable leçon de courage et de maîtrise collective: à cinq minutes de la fin, menés de cinq points, dominés par les All Blacks et réduits à 14, ils ont trouvé les ressources pour mettre à terre leurs adversaires. Sur un exploit personnel de Januarie qui est venu récompensé l'énorme travail de tout un groupe.

"Ils sont redoutables"

Après une telle performance, les Sud-Africains abordent évidemment leur troisième match de la compétition de manière sereine. Encore un déplacement, en Australie cette fois, pour un nouveau défi. Celui de confirmer leur prestation… et leur suprématie. Toujours aussi solides sur les fondamentaux, les Springboks montrent désormais un visage beaucoup plus séduisant. Ils ont prouvé lors de leurs dernières sorties qu'ils s'appuyaient sur un jeu plus ambitieux, basé sur davantage de ballons au large et de prises de risques. Les Blacks s'y sont cassés les dents.

Les Wallabies, encore dans l'inconnu, peuvent-ils sérieusement les inquiéter ? Robbie Deans, leur sélectionneur, est admiratif : "Les Sud-Africains sont redoutables. Il y a un très bon mélange de présence physique et de précision dans leur jeu, notamment dans leur façon de convertir leur domination en points. En plus, ils ont faim" . Peut-être une baisse de régime ou un relâchement de leur part alors ? "Il n'y a aucune chance qu'ils laissent filer le match. Ce groupe est plein d'expérience et ne connaît que très peu de fluctuations de forme". Les choses sont claires.

Devenus grands favoris

Dans tous les compartiments du jeu, l'Afrique du Sud semble supérieure à l'Australie. Pour autant, Peter De Villiers, le sélectionneur springbok, reste perfectionniste : "Nous avons bien joué à Dunedin et sommes enchantés par la victoire. Cependant, nous avons eu des soucis dans quelques secteurs de jeu et avons durement travaillé pour améliorer ces erreurs" . Malgré la confiance engendrée, les champions du monde ont donc décidé de jouer la carte de la modestie. Et Victor Matfield, leur capitaine, se méfie des Wallabies : "Ils sont toujours une grande menace. Ils ont une approche tactique différente, ce qui nous fournit un défi intéressant. Ils ont l'avantage de jouer leur premier match à la maison alors que ce sera le troisième à l'extérieur consécutif pour nous".

Les Springboks ont bien sûr à coeur de prouver que leur exploit de la semaine passée n'est pas un accident. De même que leur statut actuel est mérité. En effet, depuis une semaine, ils ont de nouveau délaissé le costume d'éternel outsider pour enfiler celui de grandissime favori. L'habit ne sera-t-il pas trop grand pour eux ? En tout cas, le scénario ressemble étrangement à celui du dernier Mondial... Et à l'époque, force est de constater que l'Afrique du Sud s'en était parfaitement accommodée...