Aldigé : "Aujourd’hui, il faut que la commission de discipline devienne professionnelle"

  • Jean-Baptiste Aldigé - Biarritz Olympique
    Jean-Baptiste Aldigé - Biarritz Olympique
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TOP 14 - Le 2 octobre dernier, le BO perdait son talonneur Romain Ruffenach après un plaquage dangereux de Iosefa Tekori. Dernièrement, la suspension du deuxième ligne toulousain a été réduite à trois semaines. Une décision qui n’a pas tardé à faire réagir le président du club basque, Jean-Baptiste Aldigé, qui pointe du doigt le fonctionnement de la commission de discipline.

Cette semaine, sur votre compte Twitter, vous avez écrit au sujet de la commission de discipline, "il est temps de revoir le mode de fonctionnement de certaines de nos instances". Pouvez-vous expliquer ?

Tout d’abord, je veux signaler que ces réactions n’ont rien à voir avec le Stade toulousain. C’est un club que je respecte, j’ai beaucoup d’amitié pour le Stade et son président. Elles n’ont rien à voir, non plus, avec le joueur et la personne qu’est Iosefa Tekori. C’est un grand joueur et un chic type. Là, on parle d’un cas de discipline, d’un geste violent sur un de mes joueurs, qui a donné lieu à une décision de la commission de discipline pour le moins ubuesque. Nous avons fait de la santé des joueurs la grande cause nationale numéro une. Si c’est pour arriver à ce genre de résultat lorsqu’il y a vraiment un blessé et un mauvais geste, ça ne sert strictement à rien. J’ai en tête le cas du joueur de Castres (Ryno Pieterse), qui a mis un plaquage incompréhensible sur Maxime Lucu. Il prend douze semaines et la justification, c’est de dire "vous vous rendez compte, il aurait pu le tuer".

Et Ruffenach, dans tout ça ?

De l’autre côté, vous avez Joe Tekori, pour qui j’ai de l’amitié, qui chope Romain Ruffenach au cou. Ce dernier est blessé pour les huit prochains mois. Il n’a qu’une chance sur trois de revenir à son niveau physique d’avant blessure. Et là, on vous explique par des additions, des soustractions, que la sanction est de sept semaines, qu’elle repasse à six, puis huit. On multiplie par l'hypoténuse et pythagore et on arrive à quatre et ensuite, on vous dit qu’on enlève une semaine parce qu’en effet, ils ont bien lu le règlement de World Rugby. Mon problème, ce n’est pas le règlement de World Rugby. Mon problème, c’est la nature de la sanction à l’origine. Je n’ose même pas imaginer si ça avait été un grand joueur du XV de France qui avait subi le même placage et qui avait été blessé. Si ça avait été un joueur du XV de France, je peux vous dire qu’on aurait même demandé à Emmanuel Macron de faire un communiqué afin de savoir ce qu’il en pensait.

De mieux en mieux ??
Est ce que la commission pourrait faire revenir Romain Ruffenach sur les terrains avant 8 mois et surtout s’assurer qu’il retrouvera toutes ses capacités puisque l’on sait que seul 1 joueur sur 3 retrouve 100% de ses capacités après une telle blessure https://t.co/rFuL1XdNyI

— Jean-Baptiste ALDIGÉ (@jbaldige) October 27, 2021

Pour vous, il y aurait donc deux poids deux mesures ?

Pour moi, le problème est dans l’application de la politique que la Ligue et la Fédération veulent donner au rugby en général. On a dit qu’on voulait protéger les joueurs. Depuis des années, on a demandé à ce que les rugbymen deviennent professionnels, puisque le championnat s’est professionnalisé. De là, on a voulu protéger et faire évoluer le jeu en demandant à ce que les arbitres deviennent professionnels. Aujourd'hui, il faut qu’on puisse avoir les moyens que la commission de discipline devienne professionnelle dans son mode de fonctionnement, dans sa nomination, sinon, notre sport se discrédite. Les joueurs jouent, les arbitres arbitrent et derrière, si la commission de discipline n’est pas capable d’assumer le fonctionnement, ça ne peut pas marcher. Comment voulez-vous que tous les staffs et clubs travaillent dans la sérénité, quand vous voyez les décisions qui se suivent et qui sont toutes différentes et plus incompréhensibles les unes que les autres.

Développez…

Aujourd’hui, il y a un vrai besoin au sein des instances de la Ligue de réfléchir au bon fonctionnement de cette commission, à commencer par sa nomination. Si vous voulez savoir comment elle a été nommée, elle a été réélue par un comité directeur à 7 heures du matin, il y a deux ou trois mois. La moitié des mecs ne savait pas pourquoi ils votaient et cette commission a été élue à douze voix contre onze avec deux abstentions. Si on est une commission élue, sur le travail passé, à douze voix contre onze, on n’est pas légitime. Comme tout le monde le sait, il m’a souvent été donné la chance d’avoir affaire à elle. On est en France, un pays de droit et il y a donc une présomption d'innocence. Quand on vous accuse de quelque chose, celui qui vous accuse doit amener la preuve de votre culpabilité et non pas l’inverse. Quand vous allez face à cette commission, c’est à vous de prouver que vous êtes innocent, plutôt qu’à eux de prouver que vous êtes coupable. Ce n’est pas du droit.

Il est temps de revoir le mode de fonctionnement de certaines de nos instances @LNRofficiel ? https://t.co/MJAHRjBXqF

— Jean-Baptiste ALDIGÉ (@jbaldige) October 27, 2021

Vous êtes donc pour une refonte totale de cette commission ?

Je pense qu’aujourd’hui cette commission est en place depuis très longtemps. Je crois que le président de cette commission était déjà en place lorsque Serge Blanco était président de la Ligue. Le rugby, depuis, a évolué. Il s’est professionnalisé, les joueurs, arbitres, clubs et staffs ont évolué. Pour que le système se passe bien, la Ligue doit faire l’effort d’évoluer aussi sur le mode de nomination et de fonctionnement de cette commission de discipline.

Estimez-vous que la sanction adressée à Iosefa Tekori n’a pas été assez sévère ?

Je n’ai pas à répondre à ça. Je suis pour un monde où il y a des règles, des lois, qui s’appliquent avec un barème bien défini, pour qu’on ne soit pas sur le fruit du hasard et des petits arrangements. C’est un monde qui se porterait beaucoup mieux. Aujourd’hui, sur le cas Tekori, est-ce qu’il aurait dû prendre 5, 6, 8 semaines, je n’en sais rien et je n’ai rien à dire. Ce serait juste faire du sentiment que de donner des choses non-factuelles. Moi, ce que je sais, c’est qu’il y a des textes, des gens pour les faire appliquer et c’est là que ça se passe. On ne peut pas comparer, aujourd’hui, le cas du joueur castrais qui plaque Maxime Lucu qui, fort heureusement, n’a rien, et qui prend douze semaines. Et de l’autre côté, un joueur qui fait un plaquage haut sur un joueur du BO, lequel est blessé pour huit mois, et à la fin, on se retrouve avec trois semaines de suspension. Ce n’est pas possible, c’est illogique. J’ai eu de nombreuses fois affaire à eux. Je sais qu’en parlant, je m’expose à des représailles, car c’est leur façon de fonctionner. Mais peu importe, défendre mon joueur et son intégrité dans cette situation est bien plus important pour moi.

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