Elhorga : "Même quand je jouais à Agen, je suivais les résultats de Bayonne"

  • Pepito Elhorga sous les couleurs bayonnaises - 2009
    Pepito Elhorga sous les couleurs bayonnaises - 2009
  • Pepito Elhorga sous les couleurs bayonnaises - 2009
    Pepito Elhorga sous les couleurs bayonnaises - 2009
  • Pepito Elhorga lors d'Agen-Stade français - 2007
    Pepito Elhorga lors d'Agen-Stade français - 2007
  • Les Bayonnais et Afa Amosa se sont imposés sur la pelouse de Toulon dans un match en retard de la 14e journée de Top 14
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  • Tournoi des 6 Nations 2005 - Pépito Elhorga (XV de France) face à l'Angleterre
    Tournoi des 6 Nations 2005 - Pépito Elhorga (XV de France) face à l'Angleterre
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TOP 14 - Arrière du SUA entre 2001 et 2007, puis de l’Aviron bayonnais jusqu’en 2012, Pépito Elhorga fait partie des nombreux joueurs passés par les deux équipes ces dernières années. Cette semaine, nous l’avons appelé et il a accepté de nous parler du duel de samedi qui opposera ses clubs de cœur.

Comme quelques heures après débutera le Crunch, l’ancien arrière international (18 sélections), qui faisait partie du dernier XV de France à s’être imposé à Twickenham pendant le Tournoi des VI Nations (2005), en a profité pour évoquer les récentes belles performances des Bleus.

Comment allez-vous, Pépito ?

Ça va plutôt pas mal, merci. Les conditions sont particulières pour tout le monde, mais on positive.

Que devenez-vous ?

Je suis actuellement ambassadeur d’une marque de vêtements, Otago Rugby, qui existe depuis une trentaine d’années. Un ami à moi, Gérard Bothier, l’a lancée. Depuis trois ans, j’ai repris la boutique de Bayonne. En parallèle, je suis également ambassadeur de Resovalie Consulting, un réseau d’entreprises créé par Philippe Momparler, dans lequel on parle business club.

Samedi, vos deux anciens clubs, Bayonne et Agen, s’affrontent. Quel regard portez-vous sur cette opposition ?

C’est un match de bas de tableau avec, d’un côté, une équipe qui me tient énormément à cœur et qui est malheureusement hors course maintenant, le SUA. Elle n’a pas débloqué son compteur de victoires, s’accroche, donne le maximum, mais n’arrive pas à gagner. C’est malheureux et compliqué de voir les joueurs, le club, les supporters dans une telle situation. De l’autre, se trouve mon second club de cœur qui, lui, joue plutôt pas mal, mais qui est actuellement treizième. Le choix est un peu compliqué parce que j’ai passé de très belles années dans les deux clubs. Malheureusement, l’un va descendre, l’autre n’est pas encore sauvé. J’espère que, sur les deux, un se maintiendra.

Pepito Elhorga sous les couleurs bayonnaises - 2009
Pepito Elhorga sous les couleurs bayonnaises - 2009

Avez-vous été marqué par un Bayonne-Agen en particulier ?

Oui. C’était le 15 avril 2006. Je jouais à l’époque au SUA. Nous affrontions l’Aviron à Jean Dauger, dans un stade plein. Nous nous étions imposés avec Agen (19 - 25) et on avait fait un super match derrière. C’était l’époque de Rupeni Caucaunibuca. Ce jour-là, j’avais marqué un essai, Rupeni aussi. L’ambiance était exceptionnelle. Même quand je jouais à Agen, je suivais les résultats de Bayonne. À la fin du match, j’avais reçu la boina, le béret qui est remis au meilleur joueur après la rencontre. Ça m’avait marqué, en tant qu’adversaire, d’avoir pu récupérer ce prix. C’était un sacré souvenir avec ce public, à la fin, avec qui j’avais pas mal discuté. C’était super.

Surtout que vous évoquez une période où, d’avis d’anciens, l’ambiance était la plus chaude à Dauger…

Ah oui, c’était chaud. C’était très, très chaud ! Sur ce match-là, nous l’avions plutôt bien négocié, mais c’était l’époque des Massabeau, Dourthe, Bergez et j’en passe. Les joueurs mouillaient vraiment le maillot et il fallait être très performant pour pouvoir s’imposer à Jean Dauger. Ce jour-là, on l’avait fait. C’était beau, pour nous, Agenais.

De nombreux joueurs sont passés par Agen et Bayonne, ces dernières années. Pourquoi ?

Ce sont des clubs qui se ressemblent un petit peu. Il y a un côté famille, on s’y sent bien, les supporters sont à 400 % derrière. Quand on joue à Bayonne ou à Agen, on s’y retrouve. C’est un peu la même ambiance entre joueurs. Ou alors, c’est peut-être une simple coïncidence, je ne sais pas… En tout cas, ce sont deux clubs qui donnent envie de jouer pour.

Et qui ont compté pour vous…

Oui. J’ai fait mes débuts, tout petit, à Sare. Je suis ensuite parti une saison à Saint-Jean-de-Luz, où nous avons été champions en Balandrade. Derrière, au haut-niveau, je n’ai connu que Biarritz, Agen et Bayonne.

Vous devez être peiné de voir ces deux clubs, en bas du classement…

Oui, très peiné pour Agen, parce qu’on sait déjà qu’ils ne vont pas s’en sortir et que, l’année prochaine, le Pro D2 les attend sauf si un Top 16 sort, mais je n’y crois pas trop. Bayonne s’accroche avec ses armes, joue plutôt bien, et je l’espère, va s’en sortir. Ils ont un match en moins, ils peuvent quitter la zone rouge dès ce week-end. Après, c’est sûr que j’aurais préféré voir ces deux équipes dans le ventre mou, ou plus haut.

Pepito Elhorga lors d'Agen-Stade français - 2007
Pepito Elhorga lors d'Agen-Stade français - 2007

Les Bayonnais reçoivent et n’ont pas le droit à l’erreur. Auront-ils, selon vous, plus de pression ?

Je ne pense pas qu’ils vont se mettre plus de pression que ça. Pour avoir vu Bayonne jouer depuis le début de la saison, c’est une équipe accrocheuse, qui ne calcule pas trop l’adversaire. Elle joue son jeu et je pense qu’elle fera abstraction de tout ça. Peu importe le club qu’elle affronte, elle se donne à fond. Ils vont se mettre de la pression, c’est sûr, car le match est capital pour eux, mais je ne pense pas qu’elle sera négative.

Pensez-vous le SUA capable de remporter un match cette année ?

Ça validerait les efforts fournis par les joueurs et ça donnerait un peu de baume au cœur aux supporters et au club. Je croise les doigts pour qu’ils aient au moins une victoire cette saison. Plus ça va, plus on se dit que ça va être compliqué, mais impossible n’est pas agenais.

Ils connaissent une saison plus que compliquée, à la fois sur et en dehors du terrain. Avez-vous déjà vécu un tel scénario ?

L’année où nous descendons avec Agen, sur la saison 2006-2007, le début de championnat est plutôt satisfaisant et, au milieu, on a commencé à s’écrouler. Nous étions dans une spirale de défaites et psychologiquement, malgré une grosse volonté de la part de tout le monde, nous n’avions pas réussi à remonter la pente. Je me mets à la place des joueurs actuels qui, depuis le début de la saison, n’arrivent pas à trouver les bons ingrédients pour gagner… J’imagine dans quel état psychologique doivent être les joueurs et même toute la ville.

Que pensez-vous du travail effectué par Régis Sonnes, depuis son arrivée ?

Je connais Régis. Avec son arrivée, couplée à celles de Sylvain Mirande et David Ortiz, il y a un autre discours et on voit des joueurs qui se lâchent un petit peu. Mais le mal est tellement profond… Au bout de 50 minutes, ou à l’heure de jeu, l’équipe commence à baisser de régime, commet beaucoup de grosses fautes lourdes de conséquences. On sent néanmoins un autre état d’esprit et un nouveau souffle.

Revenons à Bayonne. On sent que les arrivées récentes de Pelo ou Amosa ont fait du bien, ces dernières semaines…

Oui. On connaissait ces joueurs-là. Pelo a fait de très gros matchs avec La Rochelle, puis était moins utilisé ensuite. Il avait à cœur de revenir dans la compétition. Afa Amosa, de son côté, était utilisé en impact player à l’UBB, il faisait de très bonnes entrées. Là, ils se retrouvent dans le grand bain et sur les deux derniers matchs, ils ont été plus que convaincants. Ces deux joueurs vont faire énormément de bien à Bayonne.

Les Bayonnais et Afa Amosa se sont imposés sur la pelouse de Toulon dans un match en retard de la 14e journée de Top 14
Les Bayonnais et Afa Amosa se sont imposés sur la pelouse de Toulon dans un match en retard de la 14e journée de Top 14

Un duel à deux ou trois équipes se dessine pour le maintien. Quelle sera, selon vous, la clé du maintien ?

Je pense que la saison va se jouer à un ou deux points. Toutes les petites erreurs seront à gommer. Des matchs capitaux vont arriver. Je pense notamment à Pau-Bayonne, mi-avril. Chaque point sera bon à prendre, il ne faudra lâcher aucune rencontre. Les petites fautes bêtes peuvent coûter cher à chaque club. Et les blessures peuvent aussi avoir leur importance. L’Aviron n’est pas épargné dans ce secteur-là.

Pensez-vous Bayonne capable de se maintenir sans passer par le barrage ?

Oui, je pense que l’Aviron a les moyens et les capacités, dès ce week-end, de se sortir de cette treizième place. Derrière, ils auront une réception du Racing. Bayonne a les cartes en main pour s’en sortir cette année.

Est-ce qu’un joueur vous impressionne, aujourd’hui, dans cette équipe bayonnaise ?

D’abord, je vais mettre le collectif en avant avec le travail effectué par Yannick Bru, Joël Rey et Rémy Ladauge depuis le début de la saison. On sent vraiment une équipe qui joue ensemble, qui est très solidaire et soudée. Après, s’il faut ressortir un joueur, je pense à Yan Lestrade. Pour moi, il a pris beaucoup d’ampleur cette année. Il a eu la confiance du staff et à chacune de ses sorties, il a prouvé qu’il avait le niveau. Il met tout le temps son équipe dans le sens de la marche. Malgré son jeune âge, on sent qu’il a de l’assurance et qu’il commence à avoir de l’expérience. Je pense que c’est un garçon très important dans l’équipe de l’Aviron.

Un pronostic pour ce week-end ?

Je vais pronostiquer une victoire de Bayonne. Les Agenais vont arriver ici avec les dents longues, mais on a l’habitude de les voir un peu s’écrouler au bout de cinquante minutes. Je vois Bayonne s’imposer 25-15.

Tant que nous y sommes, quel est votre pronostic pour le Crunch, qui aura lieu dans la foulée ?

Je vois bien les Français s’imposer en Angleterre. On sent qu’ils progressent de match en match. La victoire en Irlande va les booster, puis c’est une équipe qui est jeune, qui va aller là-bas sans pression et elle aime bien relever les défis. En plus, ça fait quelques années que nous n’avons pas gagné là-bas. Sur la Coupe d’Automne, nous ne sommes pas passés loin et nous aurions mérité de gagner. La dernière fois, pendant le tournoi, c’était en 2005. Je le sais, puisque j’y étais…

Tournoi des 6 Nations 2005 - Pépito Elhorga (XV de France) face à l'Angleterre
Tournoi des 6 Nations 2005 - Pépito Elhorga (XV de France) face à l'Angleterre

Ça doit être un sacré souvenir…

En termes de jeu, je ne m’en rappelle plus trop. Ça date, maintenant. Je me souviens quand même du coup de sifflet final et là, c’était une immense joie. Gagner à Twickenham n’est jamais évident. Tout le monde parle du Crunch et il y avait donc une certaine pression sur ce match. L’emporter là-bas face à Robinson, c’est un super souvenir.

Quel regard portez-vous sur le jeu proposé par le XV de France ?

Un très bon regard. Ça faisait un petit moment qu’on n’avait pas pris du plaisir à regarder l'Équipe de France jouer. Elle est jeune, elle a de l’envie. Le staff a bien compris qu’il fallait s’appuyer sur nos Bleuets champions du Monde pendant deux ans. On commence à voir une ossature qui se dégage avec des joueurs, à des postes clés, qui sont peut-être les meilleurs du monde. Je pense à Dupont, Ntamack, qui font progresser le XV de France. C’est vraiment encourageant pour la Coupe du Monde 2023.

Vous avez évoqué les jeunes. Derrière, il y a un joueur un peu moins jeune, d’Agen et qui a retrouvé une place de titulaire…

Oui, Brice Dulin est actuellement devenu incontournable à ce poste. Il avait déjà prouvé que c'était une pièce maîtresse par le passé. Une blessure l’a écarté des terrains et il a su, avec du travail et du mental, revenir dans la partie puis s’imposer. Ça fait plaisir de le voir à ce niveau.

Pour finir, pouvez-vous nous parler de votre rôle de consultant ? Cette fonction vous plaît-elle ?

Oui, c’est sympa ! On prend beaucoup de plaisir à commenter les matchs, faire des debriefings. J’ai baigné dans le rugby depuis tout petit et ça me permet de rester dans le milieu tout en parlant de ma passion.

Vous reverra-t-on, un jour, sur un terrain ?

En tant que joueur, non (rires). Sur un banc ? Je ne dis pas non, je ne dis pas oui. J’ai fait quelques stages de rugby, je ne peux pas quitter ce milieu comme ça, car c’est ma passion. Mais de là à entraîner ou me retrouver sur un banc, je ne sais pas. On peut être bon joueur et pas forcément bon entraîneur. À voir, donc….

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