Hériteau : "Mon épaule ? Je sais désormais que ça tient, que c'est du solide"

  • Julien Hériteau (Toulon) ici lors de son retour à la compétition face à Bayonne
    Julien Hériteau (Toulon) ici lors de son retour à la compétition face à Bayonne
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TOP 14 - Opéré de l'épaule après une blessure contractée lors de la deuxième journée de Top14 contre Lyon, Julien Hériteau a retrouvé la compétition contre Bayonne, avant d'enchaîner contre le Racing 92. Un soulagement pour le centre de 26 ans, qui s'était imposé lors de sa première saison sur la rade comme un titulaire indiscutable de Patrice Collazo.

Julien, votre saison semblait démarrer sur de bonnes bases, avec d'excellents matchs amicaux, mais finalement vous vous êtes blessé à l'épaule gauche dès la deuxième journée de la saison, et vous avez été opéré dans la foulée. Que s'est-il passé ?

Je revenais d'une première opération à l'autre épaule (N.D.L.R. suite à une blessure contractée en février), j'avais fait une bonne prépa et j'étais en cannes... Mais ma deuxième épaule était un peu instable, et sur un plaquage tout bête, elle s'est luxée. L'opération était inévitable.

Alors même que ce n'était qu'une "simple" luxation ?

J'ai toujours eu de grosses instabilités aux épaules, et au fur et à mesure des saisons ça a fini par céder... Il était nécessaire de mettre une butée pour stabiliser chaque épaule.

Doit-on comprendre qu'après l'épaule droite, la gauche allait quoi qu'il arrive finir par céder et nécessiter une opération ?

Je me sentais plutôt bien en début de saison, grâce notamment à une longue prépa sans match ni contact, mais je savais bien que le risque existait... J'étais strappé à l'épaule, et j'y pensais un peu, mais je me sentais en forme. Sauf que ç'a fini par lâcher contre Lyon. Je prends un crochet intérieur, alors j'engage le bras, sauf que ce dernier part en arrière et se luxe... En plus c'était sur Clément Laporte, un super pote à moi...

Lui aviez-vous réservé un "plaquage maison" ?

Même pas : il a de bons steps, et je dois reconnaître qu'il m'avait pris sur le cadrage (rires). C'est con, mais ça n'aurait pas dû lâcher sur ce genre de plaquage. C'est la preuve que j'avais une grosse faiblesse...

Comprenez-vous tout de suite que l'opération est inévitable ?

Après ce plaquage je reste quelques minutes sur le terrain, mais je sens que ça ne va pas. Et sans surprise, quand je suis sorti et que le corps a refroidi, la douleur était intense. On n'a pas tardé à voir le chirurgien, et nous avons directement opté pour l'opération. C'était indispensable.

Sachant que les deux épaules étaient fragiles, pourquoi ne pas avoir fait les deux opérations d'un seul coup ?

Je me suis posé la question, mais la rééducation avec deux épaules immobilisées aurait été galère. Finalement le médecin ne me l'a pas proposé, et tant mieux : si j'avais eu les deux bras en écharpe, je n'aurais vraiment plus rien pu faire (rires). Quoi qu'il arrive, après cette deuxième opération j'ai décidé de rapidement aller de l'avant, en pensant à mon retour. On m'a expliqué qu'il me faudrait trois/quatre mois pour rejouer, alors je me suis fixé cet objectif. J'en ai finalement mis cinq.

Pourquoi ?

Car j'ai retrouvé rapidement de la mobilité, mais des douleurs tendineuses m'ont gêné sur la fin de la réathlétisation. Mais c'est désormais derrière moi : je n'ai plus la moindre douleur.

On imagine que ça quand même été un coup d'arrêt assez rude, sachant que vous sembliez en forme au terme d'une longue préparation physique ?

Entre la première blessure et la coupure Covid, j'avais fait en sorte de revenir en pleine forme... C'était ma deuxième saison à Toulon et je m'étais dit "ok, c'est l'occasion de repartir de zéro". J'avais envie de bien faire, ç'a donc été un coup d'arrêt. Maintenant, j'ai tenté de voir le bon côté des choses.

C'est-à-dire ?

C'était long, mais j'ai aujourd'hui la garantie que mes deux épaules sont stabilisées. Mieux, selon le chirurgien, elles sont désormais plus solides qu'elles ne l'étaient à la base. Je ne devrais plus être embêté.

Pour finir sur cette blessure : n'avez-vous pas perdu quelques degrés de mobilité ?

Comme une butée bloque, il y a quelques pertes, mais j'ai quasiment récupéré toutes mes amplitudes, donc c'est ok. On perd toujours quelques degrés, mais c'est infime.

Vous semblez avoir pris cette période d'absence avec pas mal de philosophie...

Je voyais les copains se régaler sur le terrain, alors je me suis dit que j'avais trois/quatre mois à tenir, à en chier avec les autres blessés, mais que la suite ne serait que meilleure. J'ai tenté de ne pas trop me prendre la tête, sinon ç'aurait été long.

Plus encore que le manque de la compétition, on entend souvent que le plus compliqué est de passer tout son temps avec les préparateurs physiques...

Je ne vais pas mentir : à la fin, je commençais à ne plus pouvoir encadrer Cédric Vivant, le prépa physique des blessés (rires). Ce n'était pas contre lui, car il m'a permis de bien bosser, mais c'est dur de faire tout le temps la même chose, d'être uniquement dans le dur. Et on a envie de voir autre chose.

Vous avez finalement repris la compétition contre Bayonne, fin février. Comment avez-vous vécu ce retour ?

Le plus dur est souvent de ne pas avoir peur du contact, surtout quand tu reviens d'une blessure à l'épaule, mais tout s'est bien passé, je n'ai pas vraiment eu d'appréhension. Maintenant, je ne pensais pas démarrer par 80 minutes (sourire). Remarque, ça m'a remis directement dans le bain, et je sais désormais que ça tient, que c'est du solide. En revanche, physiquement...

On vous écoute.

Après cinq mois sans compétition, je me suis senti dans le dur assez rapidement. Je ne m'attendais pas à démarrer, et je pensais faire un bout de match, mais avec les nombreux absents, le staff n'a pas eu le choix. Sur le terrain ? Je me suis plutôt senti à l'aise, mais je ne peux pas nier un manque d'automatismes avec les mecs dans les courses, les replacements. Je manquais un peu de rythme et j'étais perdu sur certains points, mais ça va revenir avec les matchs. Je ne me fais aucun souci.

Et au niveau technique ? On pense notamment au simple fait de faire une passe, qui nécessite une coordination des deux épaules ?

La plus grande partie de la rééducation concernait le contact, les passages au sol et les plaquages, mais concernant la passe, j'ai eu la chance de recommencer à la travailler assez tôt, et de la récupérer au bout de deux mois, deux mois et demi.

Pour finir sur ce retour à la compétition, vous formiez une paire de centres avec Ma'a Nonu, aux côtés duquel vous n'aviez jamais évolué...

On avait bossé ensemble depuis ma reprise des entraînements collectifs, mais il y a des repères que seul le temps peut nous permettre d'avoir. Ça ne se fait pas de suite, d'autant que Ma'a a dû glisser à l'ouverture en cours de rencontre, alors c'était encore plus compliqué dans l'organisation.

Au-delà de cette première rencontre, qu'est-ce que cela représente pour vous d'évoluer aux côtés d'un joueur comme Nonu ?

En tant que centre, Ma'a est LA référence. Deux fois champion du monde quand même... C'était une idole, et aujourd'hui, nous sommes associés au centre, c'est chouette. Pour l'anecdote, je me souviens de son tout premier match en Top14 avec le RCT, en 2015, puisqu'il avait démarré contre Agen et que j'étais son vis-à-vis. C'est génial d'être de l'autre côté du terrain désormais (sourire).

Pour revenir à l'équipe, comment sentez-vous le groupe qui, après un mois de février compliqué, est parvenu à battre le Racing 92 juste avant la trêve internationale ?

Contre le Racing il nous manquait encore pas mal de monde, et nous avons réalisé une belle perf ! Les jeunes qui ont intégré le groupe ont fait le taff, je pense notamment à Matthias (Halagahu) qui a performé. Nous avions la peur au ventre avant le coup d'envoi, car nous restions sur deux défaites à Mayol, et finalement nous nous sommes retrouvés sur ce match.

Était-ce un test de caractère dont le groupe avait besoin ?

Peut-être qu'il y avait eu un peu de légèreté dans la préparation du match précédent contre Bayonne, je ne sais pas... Mais contre le Racing qui était au complet, avec ses internationaux, on savait que passer à côté serait dangereux. On n'avait pas le droit à l'erreur, et nous sommes parvenus à l'emporter.

Après deux semaines sans compétition, vous allez désormais préparer un déplacement très important dans la course au top 6, du côté de Lyon...

On arrive dans les meilleurs matchs de la saison, car ce sont ceux qui nous permettront ou non de rester dans le wagon des six. Le Racing était devant nous, le LOU est juste derrière : il va à nouveau falloir mettre le bouton sur ON si on veut faire un résultat à Lyon. Désormais, tous les points vont compter dans la course à la qualification.

Pour conclure, quels objectifs personnels vous fixez-vous ? Pensez-vous notamment au XV de France, vous qui aviez été appelé par Fabien Galthié pour préparer le Tournoi 2019, avant cette fameuse blessure à l'épaule droite ?

Non pour l'instant je suis vraiment focalisé sur le club. Je veux être en forme, performer, gagner des matchs et qualifier le club. Enfin, j'aimerais jouer le plus possible. En mon absence, des mecs ont joué, ont fait de bonnes performances, et il commence à y avoir du monde au poste de centre, donc je vais devoir revenir en forme (sourire).

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