Malié : "Avec la Section paloise, j'ai grandi en tant qu'homme et joueur"

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TOP 14 - Après un dénouement rocambolesque mais favorable à la Section Paloise, qui s'est maintenu sur le fil en Top 14, l'arrière Charly Malié évoque ces dernières semaines dans le Béarn. Avant de se projeter sur le retour dans son club formateur de Béziers la saison prochaine, l'international espagnol revient sur les six années passées au Stade du Hameau.

Rugbyrama : Après quelques jours de recul, quel sentiment vous anime après ce maintien arraché à la dernière seconde ?

Charly Malié : Beaucoup de fierté déjà, sachant que la physionomie de la rencontre fut incroyable. Tout le monde disait que Montpellier était amoindri sur ce déplacement, mais honnêtement on a bien vu qu'ils avaient joué le jeu et n'ont jamais faussé le championnat. On est vraiment passés par tous les états, ce duel était très ouvert. Et puis cet essai à la dernière minute pour récolter le bonus offensif. Je nous revois aussi être tous ensemble à la fin du match, en train de regarder les deux ou trois dernières minutes de la rencontre Bayonne-Stade Français. La célébration sur la pelouse c'était quelque chose devant quelques supporters même si nous aurions préféré le fêter avec un Hameau plein.

Étiez-vous au courant de l'évolution du score à Jean-Dauger durant votre opposition face à Montpellier ?

Nous ne savions rien, même à la pause quand on a échangé avec des coéquipiers, ils ne savaient rien. On s'était surtout focalisé sur notre stratégie et ce qu'on devait mettre en place. On avait pas trop le droit de regarder ce match de toute façon. Peut-être que le staff a fait passer quelques messages à la fin, que Paris reprenait le score. Moi personnellement, je n'ai rien entendu de tout cela. Nous étions davantage préoccupés par l'acquisition d'un bonus offensif afin de ne rien regretter.

#TOP14 - #MondayMotivation
Quelle émotion samedi soir à Pau où le deuxième ligne Philip a offert le point de bonus offensif synonyme de maintien, à ses coéquipiers de la @SectionPaloise deux minutes après la sirène ! ? pic.twitter.com/RCS5av3IuJ

— TOP 14 Rugby (@top14rugby) June 7, 2021

A l'image de cette issue, la Section Paloise est passée par tous les états cette saison ?

C'était déjà le cas avec celle de la saison dernière. On démarre pourtant bien en s'imposant à Montpellier, puis ce fut les montagnes russes. Quelques victoires mais trop de défaites. Par exemple contre le Racing 92 à domicile, on tente d'aller chercher la victoire alors qu'on aurait pu assurer un bonus défensif. Ces détails qui nous amènent à une fin de saison complexe. On ne se retrouvait plus dans notre rugby. Il est survenu le changement de staff en Décembre. C'était un désir des joueurs, il fut assumé. De jeunes entraîneurs sont arrivés jusqu'à l'intronisation de Sébastien Piqueronies il y a peu. Je pense à Geoffrey Lanne-Petit qui a joué un rôle important dans le club, il s'est beaucoup investi avec le groupe et son travail fut payant.

"Je suis arrivé sur la pointe des pieds"

Six saisons passées sous la tunique Béarnaise, qu'en retiendrez-vous ?

Je suis arrivé par la petite porte, dans l'anonymat, personne ne me connaissait. Au milieu d'un recrutement cinq étoiles, puisque je débarque la même saison quand Pau recrute Conrad Smith et Colin Slade notamment. Donc voilà, un petit joueur qui provient de Montauban, originaire de Béziers, au milieu de tout cela. Beaucoup de gens ont dû se demander de que je faisais ici. Mais au final j'ai grandi en tant que joueur et tant qu'homme. En arrivant sur la pointe des pieds avec mon épouse, je repars avec au final pas mal de matchs au compteur. Le fait que j'ai pu m'imposer et que je reparte avec deux enfants nés dans le Béarn me fait dire que cette aventure fut enrichissante. Des rencontres, des amitiés, cette ville magnifique que je quitte le cœur lourd, je suis reconnaissant auprès des supporters et tout ce club. Je ne remercierai jamais assez Pau de m'avoir permis d'évoluer avec des joueurs de ce calibre et ce qu'on a m'a permis de réaliser.

Il y a eu aussi une forme de symbole, un clin d'œil du destin, contre Montpellier votre offrande à Julien Fumat, l'enfant du club qui tire sa révérence ?

Sur cette action précisément, beaucoup m'ont dit que j'aurais pu y aller tout seul. Je ne sais pas si j'aurais pu conclure mais ce que je sais, c'est quand je parle d'amitié, Julien c'est un ami. De le voir partir, avec un essai, c'est tout aussi beau de lui donner la passe décisive. Dans 30 ou 40 ans quand on se reverra, on se souviendra de ce moment. Alors oui le symbole était présent, il a été présent quand je suis arrivé. Durant toute ma carrière à Pau, dans les bons comme les plus mauvais passages que j'ai rencontré, il fut présent à mes côtés et je l'en remercie.

47' L'ESSAI DE FUMAT !!! Le 40e de sa carrière et le 40e avec la Section en pro !
Après une grosse avancée sur ballon porté, le ballon sort sur les extérieurs, Malié joue son duel et envoie Fumat à l'essai !#SPMHR #TOP14 #EnVertEtContreTous #GreenTeamSection pic.twitter.com/gTjGA4ePBu

— SectionPaloise (@SectionPaloise) June 5, 2021

Votre départ pour Béziers pour la saison prochaine peut surprendre, alors que vous êtes titulaire en Top 14 à 29 ans, quelles furent vos motivations ?

L'amour que je porte pour ma ville et mon club a pris le dessus. L'histoire avec Béziers s'était mal terminée, je ne voulais pas qu'on garde cette image de moi. Lors de mon départ, pas mal de choses furent dites, mais avec ce qui se passait en interne je ne pouvais pas rester. J'en avais un peu marre d'être trimballé et je souhaitais juste m'installer sur un poste. Voyant que je n'avais pas d'issue, j'ai préféré partir et Montauban s'était manifesté au dernier moment. Donc je suis parti quasiment comme un voleur, sans avoir pu joué le dernier match, sans avoir pu dire aurevoir aux supporters. Ce club, je l'aime plus que tout, j'ai eu donc l'opportunité de rentrer chez moi, le wagon ne passe qu'une fois. Retrouver Thibaut Bisman aussi, nous étions en cadets ensemble à l'ASBH, aujourd'hui il est capitaine et être à nouveau ensemble sous cette tunique représente énormément de choses à mes yeux.

"Béziers, c'est l'Olympique de Marseille du rugby"

Vous étiez déjà dans le radar de l'ASBH, notamment quand Christophe Dominici évoquait votre nom dans son projet ?

Je l'ai eu quelques fois au téléphone effectivement, c'était un tel passionné. Quand il m'avait demandé si un jour je souhaitais revenir à Béziers et qu'il pensait naturellement que cela devait se faire, j'ai été très touché. De voir toute l'énergie et l'envie qu'il avait mis dans ses idées, son recrutement, l'amour qu'il portait à la ville de Béziers et ce qu'il voulait faire du club, c'était franchement magnifique la façon dont il le vivait. J'ai été très flatté, quelqu'un comme lui avec sa notoriété, qu'il fasse le nécessaire pour me faire venir. Est-ce que c'était vrai, est-ce que c'était faux, je ne sais pas et je n'ai aucune certitude. Par contre, je peux vous garantir que cette belle personne y croyait à 100 % et désirait plus que tout que l'ASBH retrouve son lustre d'antan.

Depuis votre départ à Béziers, quel regard portez-vous sur le club Héraultais ?

Tout est exceptionnel ici, avec une forte histoire, rempli de gens passionnés. Depuis tout jeune je suis supporter de l'Olympique de Marseille, et je me dis que Béziers c'est un peu l'OM du rugby. J'aime les supporters chauds, j'ai grandi dans ce contexte, je ne suis choqué de rien. Depuis mon départ, l'ASBH n'a disputé qu'une seule phase finale. Et quand on voit l'engouement qui s'était passé et dans la ville, j'avoue que si je suis revenu c'est aussi pour vivre ce genre de moment. Quand l'effervescence est présente, c'est intense et tu n'as qu'une seule envie c'est le vivre avec tes proches et ta famille.

D'autant que le recrutement s'intensifie à l'ASBH ?

Quand Béziers m'a contacté, j'avais dit que mon ambition, c'était de finir avec ce maillot dans une équipe compétitive. J'ai reçu quelques garanties à ce sujet, le club a su me convaincre. Sur le papier, les arrivées amènent de l'expérience. Sur des postes stratégiques, on voit que des choix renforcent le groupe. J'observe aussi de nombreux joueurs déjà en place et compétitifs. J'espère que la mayonnaise prendra de suite. Je sais qu'actuellement, il y a des cassures entre la direction et les supporters. Je souhaite retrouver cette ferveur au stade dès le mois d'Août, qu'on forme qu'une seule personne et qu'on amène ce club à la place où il doit être.

Il y a aussi des échéances internationales, un autre défi à mener avec la sélection espagnole et la Coupe du Monde en France à venir ?

J'ai réalisé un rêve en jouant en Top14, j'en ai un autre c'est de jouer une Coupe du Monde avec un pays qui m'a beaucoup donné. J'ai trois grands-parents sur quatre qui sont espagnols, c'est donc un honneur de représenter ce pays. Beaucoup d'entre eux sont au ciel, ils me regardent de là-haut, j'en serais fier. Il y a trois ans, on s'est fait voler une participation face à la Belgique, la plaie n'est pas refermée. Donc on fera tout pour y être, et permettre aussi de développer le rugby encore plus en Espagne.

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