Haddad : "Arriver prêt et tout casser !"

  • Mondial U20 2019 - Matthias Haddad-Victor (France) lros de la finale contre l'Australie
    Mondial U20 2019 - Matthias Haddad-Victor (France) lros de la finale contre l'Australie
Publié le Mis à jour
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TOP 14 - Considéré comme l'un des plus grands espoirs du rugby français si ce n'est mondial, le Rochelais Matthias Haddad, 19 ans, vit un rêve éveillé au plus près du groupe professionnel cette saison. Dans l'attente de sa première feuille de match avec le dauphin du championnat, il se confie à Rugbyrama.

Rugbyrama : Matthias, en tant que champion du monde U20, vous faites partie des leaders naturels de la liste Pôle France divulguée mercredi soir par la fédération. Comment accueillez-vous la nouvelle ?

Matthias Haddad : C'est toujours le même plaisir, la même excitation, la même fierté de représenter ses couleurs, de faire partie de ce groupe. Je suis très content. Ça va dans la logique des choses, oui, mais il n'y a pas d'assurance à avoir. Il faut toujours travailler pour faire partie de cette liste. C'est un aboutissement. J'espère que, cette fois ci, on pourra aller au bout de l'aventure, ce qui n'a pas été le cas cette année avec l'annulation du mondial.

Il vous reste une chance pour réaliser le doublé, comme certains de vos anciens coéquipiers sacrés champions du monde à deux reprises en 2018 et 2019.

Ça va être une aventure extraordinaire parce que c'est avec ma génération 2000-2001, cette fois. Celle avec laquelle j'en ai vécu le plus en équipes de France jeunes et grâce à laquelle j'ai pu prétendre à faire la Coupe du monde 2019. C'est après mes matches en moins de 18 ans que j'ai eu la chance d'intégrer les stages de préparation au mondial. Ce sera ma dernière année avec les U20 et j'espère pouvoir la clôturer de la plus belle des manières.

"Ce que je veux, c'est jouer en pro pour avoir la chance d'être champion du monde avec la grande équipe de France"

Vous étiez surclassé lors de votre premier titre mondial, en crevant l'écran à 17 ans. Avez-vous réalisé, depuis, ce que vous avez accompli ?

Pour moi, je n'ai rien accompli dans la mesure où je ne joue pas encore en pro. C'est l'un de mes rêves d'être champion du monde U20 mais c'est loin d'être un aboutissement. Ce que je veux, c'est jouer en pro pour avoir la chance d'être champion du monde avec la grande équipe de France même si je sais qu'il y a encore énormément de chemin à parcourir. Ça restera mon objectif final. Il faut se tendre des carottes.

Le Rochelais Matthias Haddad a éclaboussé la rencontre de sa détermination, son envie de bien faire et sa technique de plaquage incroyable ?https://t.co/lj0AwH3NTB

— Midi Olympique (@midi_olympique) June 17, 2019

D'aucuns vous listent en tout cas parmi les futurs cracks sur la scène nationale comme internationale. Comment gérez-vous les propos dithyrambiques à votre égard ?

C'est très flatteur. Mais c'est un peu "abusé". C'est tellement abstrait pour moi. Déjà, je ne joue pas en pro, donc… J'ai tout à prouver. Chaque chose en son temps. J'ai la chance d'avoir un entourage qui est là pour me faire toujours garder les pieds sur terre. Je suis Matthias Haddas. Il y a un an et demi, je jouais en crabos. C'est un sport collectif le rugby. Si j'ai brillé, c'est forcément grâce à mes partenaires. Dans ce cas-là, tous peuvent être des potentielles stars mondiales. On verra, il ne faut pas non plus se monter trop la tête. Je ne me pose pas 36 000 questions, je ne vais pas m'inventer un rôle. Je n'ai pas encore joué en pro.

Justement, sentez-vous se rapprocher le spectre de la première apparition en Top 14 ? Vous avez fait toute la préparation d'intersaison avec le groupe, vous étiez même dans le XV de départ de l'amical face à Toulouse, en août.

J'ai eu une opportunité en début de saison, pour la 2e journée et le déplacement à Toulouse. Sauf que je me suis blessé à l'épaule à l'entraînement. Dans un 1 contre 1 face à Botia. Il faut dire qu'il est très solide et que je ne suis pas tombé sur le plus doux (rires). C'était une toute petite acromio, stade 1. Le truc qui dure 3-4 jours sauf que c'était trois jours avant le match…Bon, ça fout un peu les boules de se dire que j'aurai pu toucher mon rêve du bout des doigts et que ça ne s'est pas fait. Mais c'était un message fort envoyé par le staff. Ça veut dire qu'il me fait confiance. Quand les coachs ont appris que j'étais dans l'incapacité de pouvoir jouer ce match, ils étaient là pour me réconforter, pour me dire qu'il fallait que je me tienne près cette saison et que je me prépare vraiment physiquement pour pouvoir postuler et jouer à tout moment. La frustration est vite passée.

?️ Le jeune troisième ligne, Matthias Haddad, a prolongé ?? Il sera rochelais jusqu'en 2023 ! #FievreSR https://t.co/1gxZMjr23S

— Stade Rochelais (@staderochelais) September 15, 2020

Dans la semaine suivant ce déplacement à Toulouse, vous avez d'ailleurs contractualisé avec le club une prolongation de trois années.

Je me sens vraiment bien ici. Il y a eu le choix du cœur, aussi. C'est quand même le club où j'ai commencé le rugby. C'est un sentiment particulier de se lever le matin, de se dire que tu vas t'entraîner avec Kévin Gourdon, avec Victor Vito, des Greg Alldritt, des mecs comme ça…C'est génial, surtout pour le développement personnel. Après, j'essaie de prétendre toutes les semaines à postuler pour jouer le week-end même si je sais que la concurrence est vraiment incroyable en troisième ligne. J'étais préparé à ce que ce soit compliqué car c'est une année de transition pour moi. Jono (Gibbes, son manager, NDLR) me l'a dit très clairement, il faut que je m'inspire de ce qui se fait de mieux en apprenant au quotidien auprès de ma concurrence. J'ai la chance de m'entendre avec tout le monde et recevoir aussi, en échange, beaucoup de conseils. Ils me voient plus comme leur petit frère. Mon objectif, c'est d'emmagasiner un maximum d'expérience. J'en aurai besoin aussi en jouant. Mais bon, il faut savoir ronger son frein.

"J'ai de la chance d'être dans un club que j'aime et qui m'aime. Le but, ce sera de rendre au club ce qu'il m'a donné […] Ce serait incroyable de faire partie des premiers champions de France du club"

A vous entendre, vous semblez particulièrement épanoui au quotidien

Il faut toujours se rappeler que c'est déjà un privilège d'être là et de côtoyer le groupe pro tous les jours. Je n'en tire que des avantages, en fait. On se tire vers le haut. C'est à moi d'être le meilleur et ce défi me plait vraiment. Ce n'est pas plus mal d'avoir une année comme ça. Forcément, le temps de jeu sera amoindri mais je peux apprendre davantage et arriver encore plus prêt pour que, une fois entré dans la rotation, je puisse vraiment durer et enchainer les performances. Cela ne m'intéresse pas forcément de faire trois matches par-là, de jouer dix minutes. Je la vois comme un défi cette prolongation de contrat, avec l'envie d'être champion de France avec mon club de cœur.

Le Stade rochelais donne l'impression, dès qu'il s'exprime à votre sujet, d'avoir en quelques sorte un diamant à polir entre les mains. Vous le ressentez ?

Oui. Si je le ressens, ce n'est pas anodin. Je suis beaucoup accompagné au quotidien. J'ai un entourage super important à La Rochelle. C'est inégalable dans n'importe quel club. Il y a quelque chose qui s'est crée avec des relations humaines importantes. Tout le monde est là quand ça ne va pas, quand j'ai besoin. On m'apporte beaucoup de solutions à des problèmes qui peuvent survenir. C'est quelque chose qui ne s'achète pas. J'ai de la chance d'être dans un club que j'aime et qui m'aime. Le but, ce sera de rendre au club ce qu'il m'a donné. Et ça commence déjà par travailler pour arriver prêt et tout casser (rires) ! Soulever un jour ce bouclier de Brennus, c'est mon rêve ultime avec le titre de champion du monde. Ce serait incroyable de faire partie des premiers champions de France du club.

Que vous manque-t-il précisément, à vos yeux, pour vous installer dans la rotation.

Un peu d'assurance. Parce que quand tu es jeune, que tu arrives dans un groupe qui fonctionne aussi bien, ça met un peu la pression. Mais, surtout, il faut que j'essaye de rentrer petit à petit dans cette exigence, dans ces standards de haut niveau. Ils sont très élevés vu les ambitions de l'équipe. Après, sur le plan rugbystique, c'est vrai que je ne suis pas super imposant pour mon poste. Je suis grand, pas très massif, mais je ne pense pas que ce soit l'axe le plus important de progression. C'est vrai que ça tape fort en Top 14 mais c'est aussi ma force de pouvoir me déplacer et d'avoir de la vitesse. Il ne faut surtout pas que je la perde. J'étais trois-quarts, avant.

Matthias, du coup, à quand votre première en pro ?

J'ai deux semaines de pause pour revenir d'une petite entorse au genou que je traine depuis un mois. Vu qu'en ce moment, le staff n'a pas forcément pour projet de me faire jouer, Jono m'a dit qu'il fallait mieux que je soigne ça pour pouvoir postuler à 100%. Dans deux semaines, feu ! (rires) La réception du Racing, c'est un gros match donc reprendre sur un match comme, ça m'étonnerait un peu, on ne va pas se mentir. Mais je me tiens près à tout moment, on ne sait jamais.

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