Lyon : L’heure de la remise en question

  • Top 14 - Baptiste Couilloud (Lyon) contre Bordeaux-Bègles
    Top 14 - Baptiste Couilloud (Lyon) contre Bordeaux-Bègles
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Top 14 – Alors que le groupe lyonnais bénéficie de quelques jours de repos, les questions demeurent sur les leviers à activer afin de relancer un collectif qui éprouve des difficultés depuis les fêtes, au regard du bilan comptable des derniers matchs et du niveau de jeu affiché.

La troisième défaite du LOU en quatre matchs, le week-end dernier sur le terrain de l’UBB, n’a rien arrangé à la frustration de Pierre Mignoni depuis la fin décembre. Son équipe vit un coup d’arrêt assez brutal et des questions se posent. Au micro de Canal+ après le match, il avait fait part de sa déception expliquant être "déçu sur l’ensemble des quatre matchs que l’on vient de faire, et qui ne nous ressemblent pas. Je n’arrive pas à trouver la solution pour les rebooster. Cela fait partie du métier, c’est comme ça. Il faut se remettre en question et chercher des solutions mais j’ai besoin de voir des mecs qui ont faim. Moi, je ne fonctionne pas avec des mecs qui n’ont pas faim. Je ne sais pas ce qu’ils ont, je vais me creuser la tête pour trouver les bonnes conditions. C’est la mode des électrochocs, je vais leur en donner un."

Dans un contexte de calendrier chamboulé et avant de se projeter sur un déplacement à Montpellier le 23 janvier, la première décision a d’abord été de donner une semaine de congés aux joueurs pour qu’ils puissent se régénérer et peut-être aussi se retrouver face à leurs responsabilités. Certains en ont d’ailleurs profité pour partir quelques jours ensemble à la montagne… Une manière de se ressouder ? Le technicien avait déjà fait le choix de laisser les joueurs seuls dans leur vestiaire après la deuxième défaite à domicile, face à Castres, le 2 janvier. Elle suivait un revers à Brive et, depuis, il y a eu une victoire poussive contre Montpellier et cette défaite de plus à Bordeaux. Mais plus encore que ces contre-performances, le niveau de jeu affiché interpelle, au même titre que certaines attitudes.

À commencer par celle du technicien que l’on a rarement vu ainsi depuis son arrivée entre Rhône et Saône à l’été 2015. Pierre Mignoni, sous contrat jusqu’en juin 2023, avait déjà tendu une première perche lorsqu’après le succès contre Montpellier, il évoquait le fait d’avoir joué pour la troisième fois face à une équipe venant tout juste de changer d’entraineur (après Agen et Castres) : "il est clair que si l’on avait perdu, c’est peut-être à nous qu’il aurait fallu un électrochoc", un mot qui revient souvent… Mais comment l’interpréter ? Le Toulonnais reste un élément central du projet rhodanien, et si le LOU est parvenu à se stabiliser en Top 14 pour y jouer les premiers rôles, il le doit en grande partie à Pierre Mignoni dont on sait qu’il est de plus en plus sollicité et qui reconnait que sa méthode est mise à l’épreuve.

Quels points sont ciblés ?

Néanmoins, tout ne s’est pas joué sur les trois dernières semaines et rien ne dit que Lyon ne sera pas au rendez-vous de ses ambitions en fin de saison. Actuellement 4e (34 points), le LOU est dans les temps de passage sauf qu’il regarde davantage derrière que devant. Il a raté ce train qu’il souhaitait prendre pour s’asseoir à côté de Toulouse, de La Rochelle et du Racing, mais il y en aura d’autres à ne pas rater.

Les blessures qui ont touché un groupe déjà fortement impacté par la Covid-19 n’ont rien arrangé. Celle de Mathieu Bastareaud en premier lieu, car il était ce leader de combat qui montrait la voie. Depuis sa blessure en début de match à Brive, il est surprenant de constater des difficultés dans les duels, même si les statistiques viennent au secours car avec 88% de plaquages réussis depuis le début de saison, Lyon affiche le meilleur bilan du Top 14 ! Autre blessure importante qui a impacté le collectif, celle de Jonathan Wisniewski – dont l’absence pourrait finalement être moins longue – propulsant Léo Berdeu dans un rôle de titulaire et de leader que le prometteur ouvreur de 22 ans a peut-être encore du mal à assumer. Ses récents échecs au but (64% de réussite) ont surement fait du mal à sa confiance, malgré des qualités et un potentiel certains. Le LOU semble surtout dépendant d’individualités, et l’on pense maintenant aux Tuisova, Ngatai et consorts, qui ne peuvent tout faire.

Il habituait par ailleurs à un certain niveau de performance qui laisse moins de place à la patience. On pense alors au secteur de la touche, surement moins central dans le jeu lyonnais, mais qui n’a perdu "que" 27 ballons (loin des 38 de La Rochelle et Clermont). En début de saison, l’indiscipline avait été pointée du doigt et semble s’améliorer alors qu’il reste encore à soigner l’attitude dans les rucks où Lyon perd encore trop de munitions, de même que la capacité à performer dans les mauls. Une fois ce constat du jeu établi, il est important de constater que cette équipe est restée stable à l’intersaison, qu’elle a performé avec cette ossature les saisons précédentes et qu’elle peut s’appuyer sur une génération dorée (Bamba, Geraci, Lambey, Cretin, Couilloud, Barassi, Laporte, etc). L’arrivée récente du deuxième ligne fidjien Temo Mayanavanua, très intéressant face au MHR, apporte aussi d’autres solutions devant. Alors remise en question, oui. Des raisons de garder confiance, également.

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