Meafou, le successeur désigné

  • Top 14 - Emmanuel Meafou (Toulouse)
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Publié le Mis à jour
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TOP 14 - Le jeune deuxième-ligne australien de Toulouse, Emmanuel "Many" Meafou est physiquement et techniquement impressionnant. Il profite de ce début de saison pour confirmer tout son incroyable potentiel lui qui, à 22 ans, a déjà un parcours tout aussi incroyable. Dans le sillon d’un certain Joe Tekori.

Arrivé en novembre 2018 en provenance des NSW Country Eagles en Australie, ce deuxième-ligne (2,03m et 142kg) a bien failli abandonner le rugby. Avant de rejoindre la Ville rose, le joueur a hésité à rallier les Etats-Unis où une draft l’attendait pour peut-être évoluer en NFL. Heureusement pour les derniers champions de France en titre, il a préféré rester fidèle au ballon ovale sans lacets.

Cette saison, il a déjà disputé 12 matches sur 15 possibles (en comptant la fin de campagne européenne 2019-2020), le tout avec deux essais inscrits. Prometteur pour un élément qui l’est tout autant. Le manager du haut niveau, Jérôme Cazalbou : "On sait déjà que c’est un garçon qui s’est façonné jeune. Mais durant deux saisons, on avait besoin de lui permettre de s’adapter aux exigences du poste, du rugby européen et au jeu toulousain. Avec son physique, il doit ainsi redoubler d’efforts pour aller vite au sol sur les plaquages et au contraire rester debout balles en mains. Mais des profils aussi grands, puissants, pénétrants, rapides et adroits, en France, il n’y en a pas beaucoup."

Le principal intéressé se veut lucide. "Le rugby australien n’est pas aussi physique que celui pratiqué en France, ce qui n’est pas pour me déplaire, même si j’ai mis un peu de temps à m’adapter." Le coach Clément Poitrenaud explique pourquoi, durant deux saisons, il a été bichonné. "Il a travaillé dur pour se mettre au niveau en termes de répétition de tâches, de capacité à se déplacer et d’activité globale. La transformation est en train de se faire. Il sera rapidement prêt à démarrer régulièrement des rencontres, voire à jouer des matches en entier."

Clément Poitrenaud : "Un joueur qui va compter"

S’agissant de sa personnalité, deux éléments sont primordiaux : son âge (22 ans) et ses origines australiennes éloignées. "Ma famille et mes amis en Australie me manquent beaucoup confesse le joueur. Surtout durant les confinements. Heureusement, tout le monde au club fait en sorte qu’on se sente comme dans une famille." Clément Poitrenaud poursuit l’analyse. "Malgré son âge, c’est un garçon de caractère, qui ne se laisse pas faire, avec de l’agressivité. Le tout en étant bien intégré au groupe. C’est un joueur qui va compter dans l’avenir pour nous."

Son compatriote Zack Holmes sourit à l’évocation de son nom. "Comme on dit en France, c’est un bon mec. Le joueur gagne quasiment tout le temps ses duels et l’homme est super. Même si les règles de vie en raison de la pandémie ne facilitent rien, on arrive à se voir entre Australiens du club. C’est notre petite famille dans la famille. Et puis nous avons tous deux des Bulldogs comme animaux de compagnie qui font n’importe quoi quand ils sont ensemble."

Autre trait de sa personnalité, l’ambition. "Avec un club qui a le palmarès de Toulouse, concède celui qui était façadier en Australie, nous nous devons d’avoir de l’ambition de remporter chaque épreuve dans laquelle on est engagé. Vu les efforts consentis par le groupe, on s’en donne les moyens."

Top 14 - Emmanuel Meafou (Toulouse)
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Mais le sportif avec ses obligations à court terme ne l’empêche pas de regarder loin. "En Australie, j’ai étudié la préparation physique, le fitness. J’aimerais avoir la possibilité d’enseigner à l’avenir. J’adore travailler avec les enfants. C’est un axe de réflexion pour mon avenir." Récemment, en Coupe d’Europe, le chambrage en tapotant la tête de l'expérimenté O’Connor en Ulster a rapidement permis de recadrer le colosse, et ainsi continuer de lui montrer la voie.

Le rêve bleu

Justement, trois autres Australiens peuplent le squad haut-garonnais avec Zack Holmes et les jumeaux Arnold. Evoluer d’ailleurs entre les deux deuxième-lignes wallabies ou devant Jérôme Kaino est un accélérateur de formation pour celui qui est aussi proche de Pita Ahki ou David Ainu’u dans le privé. Mais une personnalité ressort du lot le concernant : Joe Tekori. Cette combinaison de physique et d’aisance technique d’Emmanuel n’est d’ailleurs pas sans rappeler celle de Iosefa Tekori quand il a débarqué à Castres avant de devenir un incontournable Rouge et Noir. Et puis, "Joe est tout à la fois un frère et un père pour moi, nous souffle Emmanuel Meafou. Quand je suis arrivé en France, c’est lui et sa compagne Helen qui m’ont accueilli et m’ont fait me sentir bien sur le terrain et en dehors. J’ai un profond respect pour lui et il fait un travail invisible incroyable pour le bien de ce club".

Au Stade Toulousain justement, on ne se cache pas que le plan de succession est établi avec ces deux-là aux profils proches mais avec 15 ans d'écart. Meafou a eu droit à une prolongation de contrat pour deux nouvelles saisons quand Tekori pourrait mettre un terme à son aventure avec ce sport à l’issue de son contrat en juin 2022. La voie est tracée mais de là à ce que Many mène aussi bien les patias de fin de match que Big Joe, signe de son importance humaine dans le groupe, il faudra un peu patienter.

Né un jour de victoire en finale de la Coupe du monde de foot (12 juillet 1998), le jeune deuxième-ligne n’hésite pas à clamer ses rêves bleus. "Aujourd’hui, j’ai construit ma vie ici où j’ai prévu de rester pour un long bail. Si j’en ai l’opportunité, j’adorerais pouvoir jouer pour l’équipe de France. Même si j’ai déjà validé le diplôme A2 en langue française, il me faut encore progresser en Français pour atteindre cet objectif" (rires).

Discret, ambitieux, talentueux ou physiquement hors-norme, Emmanuel Meafou ne se retourne pas sur son passé. "Le meilleur est à venir," glisse celui qui est vierge de toutes sélections jeunes. On ne peut que lui souhaiter.

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