Dachary : "Mec, tu joues avec Savea et Etzebeth !"

  • Théo Dachary - Rugby Club Toulonnais
    Théo Dachary - Rugby Club Toulonnais
  • Pro D2 - Theo Dachary (Biarritz)
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Publié le Mis à jour
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TOP 14 - Arrivé à l'intersaison en provenance de Biarritz, Théo Dachary (22 ans) symbolise le "RCT nouveau" qui axe sa nouvelle identité sur la formation, mais également sur le recrutement de jeunes à fort potentiel. Sa découverte du RCT, ses premiers pas en Top 14 mais également le premier carton rouge de sa carrière, le centre varois s'est longuement confié à Rugbyrama.

R.R : Théo, après quatre saisons au Biarritz Olympique, pourquoi avoir rejoint Toulon à l'intersaison ?

T.D : J'étais en contrat avec Biarritz jusqu'en juin 2020, et j'ai vécu beaucoup de belles choses sous ce maillot, à commencer par ma découverte du monde pro à 18 ans. Mais Patrice Collazo m'a contacté en décembre 2018. Ou en janvier. Il m'a appelé directement sur mon téléphone, ce qui est inhabituel, et forcément plaisant et m'a expliqué qu'il avait le projet de recruter plusieurs jeunes joueurs pour essayer de redynamiser le club, et qu'il comptait notamment sur moi. Je ne le connaissais pas personnellement, mais je savais ce qu'il avait fait à La Rochelle. Il n'a jamais hésité à faire confiance à de jeunes joueurs et leur a permis d'atteindre le plus haut niveau. J'ai alors pris le temps de réfléchir, j'en ai parlé à ma famille et j'ai finalement décidé de faire mes valises.

Pourquoi ne pas avoir attendu la fin de votre contrat avec le BO ?

Ça faisait quatre ans que j'étais à Biarritz, et donc en ProD2. Ç'a été très enrichissant, mais la dernière saison j'ai connu quelques difficultés, et je jouais moins. Quand j'ai reçu le coup de fil de Patrice, je me suis dit que l'opportunité était folle. Son discours m'a plu et j'ai compris que le train ne passerait certainement qu'une fois. Donc je suis monté dedans. Tous les voyants étaient au vert : on m'offrait l'opportunité de découvrir le Top14, dans un club immense. J'ai donc foncé.

À l'image de Gervais Cordin ou Julien Hériteau, vous symbolisez l'un des axes du "RCT nouveau", à savoir le recrutement de jeunes joueurs Français à fort potentiel.

Ce discours m'a parlé ! D'autant qu'en rejoignant Toulon, je voyais l'opportunité de parfaire ma formation. En démarrant en pro à 18 ans, je n'ai pas travaillé comme pouvaient le faire les mecs de mon âge, notamment en muscu... Comme je jouais le week-end, je m'économisais peut être sur d'autres aspects, sauf qu'après quatre saisons je me suis dit que si je restais à Biarritz, je risquais de m'empâter, de moins briller, de plafonner. Alors j'avais accepté qu'il faudrait peut être partir. Toulon était donc une opportunité folle pour travailler, me challenger et progresser.

À ce point ?

En sortant d'un contexte devenu "confortable", je savais que j'allais être confronté à des regards nouveaux, et à des coéquipiers qui ne savaient pas qui j'étais. Il allait alors falloir se faire sa place. C'est ce challenge qui m'a fait venir. Puis voir mes potes jouer en Top 14 à la télé, ça me faisait rêver. Donc je me suis dit que c'était le moment de tenter ma chance.

Pro D2 - Theo Dachary (Biarritz)
Pro D2 - Theo Dachary (Biarritz)

Après six mois, pensez-vous avoir pris la bonne décision ?

Sans le moindre doute : jouer pour Toulon, c'est fou ! Puis quand on voit les joueurs qui composent l'effectif...

On vous écoute.

Je n'en fais pas des tonnes, car ce n'est pas mon genre et que finalement en les côtoyant quotidiennement, ça devient presque "normal", mais quand mes proches m'appellent, que ce soit ma famille ou mes potes, ils me répètent à chaque fois : "mais putain, mec, tu joues avec Savea et Etzebeth !". Au centre j'ai également évolué aux côtés de Ben Te'o. C'est dingue.

Est-ce que vous imaginiez le vestiaire toulonnais tel que vous le découvrez ?

Quand j'ai signé je ne me projetais pas réellement... Je venais d'un autre club historique, d'un autre championnat et je ne savais pas comment ça allait se passer. Et quelle belle surprise : j'ai été intégré dès les premières minutes, et les mecs, malgré leurs 80 sélections, leurs armoires à trophées et le fait qu'ils soient des légendes vivantes de notre sport, sont des personnes tout à fait normales, humbles. Tu discutes avec eux comme tu le ferais avec un pote dans ton club en cadet.

Qu'est-ce qui vous a le plus surpris en Top 14 ?

La vitesse de jeu et le cardio, en premier lieu, qui sont beaucoup plus imposants que ce que j'avais connu jusqu'alors. Tout le monde va à 10 000, et la répétition des efforts est folle. Mais ce qui m'a le plus impressionné c'est l'aspect stratégique, et la capacité des mecs à réfléchir à leur rugby. Les mouvements sont bien plus complexes. En revanche, les gabarits sont les mêmes en Pro D2 qu'en Top 14.

Théo Dachary - Rugby Club Toulonnais
Théo Dachary - Rugby Club Toulonnais

Avec dix rencontres disputées entre fin août et début décembre, vous êtes rapidement devenu l'un des joueurs de confiance du staff toulonnais. Pensiez-vous jouer autant à votre arrivée ?

Absolument pas ! J'ai bien travaillé en pré-saison, tout se passait bien et j'espérais, forcément. Mais je ne pensais pas que les coachs me récompenseraient dès les premières rencontres de championnat. D'autant que j'ai eu la chance de marquer mon premier essai en Top14 dès mon deuxième match, à Agen. À ce moment il ne pouvait rien m'arriver : dans la tête tout allait bien, ça se retranscrivait sur le terrain. On m'a donné une chance, j'ai su la saisir et tout était merveilleux jusqu'à ce carton rouge...

Reçu contre le London Irish, début décembre, qui vous a coûté trois semaines de suspension...

L'équipe jouait bien, tout le monde allait dans le même sens et Patrice a décidé de me faire rentrer alors qu'il restait un quart d'heure à jouer (18 minutes). J'étais un peu surexcité, j'avais peut-être un trop plein d'envie et j'ai fait un geste maladroit... Évidemment je n'ai jamais voulu découper mon adversaire, mais quand j'ai pris mon élan, c'était déjà trop tard... J'ai reçu ce carton rouge, le tout premier de ma carrière. C'est une drôle de sensation... Heureusement l'équipe avait gagné, il y avait une ambiance festive dans le vestiaire. Mais j'étais tellement triste, déçu... J'étais au fond du seau, et en même temps je ne voulais pas plomber l'ambiance. Alors je ne sautais pas de partout, et j'étais un peu dans mon coin. Je ne voulais pas trop le montrer. Pour cinq minutes de jeu, je savais que j'allais manquer plusieurs semaines de compétition. Je ne l'ai pas très bien vécu, mais heureusement j'ai été particulièrement soutenu par le staff. Nous avons discuté et ils m'ont aidé à faire passer la suspension de 6 à 3 semaines.

Pas encore revenu de suspension, vous vous êtes bloqués le dos (sciatique), ce qui vous a à nouveau éloigné des terrains. Entre temps le RCT a enchaîné une série de douze matchs sans revers. Comment faire pour rentrer à nouveau dans la rotation, après deux mois sans match disputé ?

J'ai parlé avec le staff, les joueurs. Je sais que le club a bien tourné ces derniers mois, les mecs se sont donnés à fond et étaient performants ; il n'y avait aucune raison de les sortir. De mon côté j'ai pris ce carton rouge, j'ai eu des problèmes de dos : ce sont les aléas qui font qu'il est plus dur aujourd'hui de rentrer dans l'équipe. C'est difficile, et ça fait mal à la tête, mais c'est normal. Pour optimiser mes chances, je suis revenu plus tôt de vacances, et je travaille énormément. J'échange également avec le staff et j'attends que mon tour vienne à nouveau. À ce moment ce sera à moi de saisir l'opportunité qui me sera offerte.

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