L'antisèche : Toulon, dominer n'est pas gagner

Le match : Toulon s'obstine à ne pas prendre les points

Frustrés par leur défaite à Thomond Park la semaine passée face au Munster, les Toulonnais avec des joueurs en quête de temps de jeu s'avançaient avec quelques questions sur la pelouse synthétique de la U Arena. Avaient-ils évacués ce qu'il s'était passé en Irlande ? Quel serait leur état d'esprit ? Force est de constater que les premières minutes du match ont permis d'enlever les doutes qui entouraient cette équipe. Face à un Racing en pleine embellie et sûr de sa force, les Varois n'ont pas eu à rougir. Durant le premier quart d'heure, ce sont même les Rouge et Noir qui dominaient les débats avec près de 59 % de possession . Dans un match au rythme élevé, c'est le Racing qui ouvrait le score par Machenaud (3-0). Trinh-Duc répondait (3-3) et la première grosse occasion du match était pour Ashton. L'ailier anglais allait en touche à la 12ème minute.

François Trinh-Duc, auteur de 8 points au Munster mais aussi d'un coup de pied dégagement fatal et malheureux ratait deux pénalités. Un déchet et un manque de réalisme qui profitaient au Racing puisque le champion de France 2016 se réveillait dans le sillage de son géant fidjien Leone Nakarawa. Le deuxième ligne voyait l'intervalle à la 24ème et échappait à Mathieu Bastareaud et Jean Monribot pour envoyer Viremi Vakatawa derrière l'en-but (10-3). Le RCT répondait dans la quasi-foulée à la 27ème minute par son centre All Black Malakai Fekitoa.

L'ancien joueur des Highlanders fendait le centre du terrain et échappait lui aussi à plusieurs plaquages pour faire recoller les siens au tableau d'affichage (10-10). Il se claquait la cuisse gauche sur la même occasion et était remplacé par Nonu. Après 33 minutes de jeu, la possession était de 66 % pour les Varois mais le Racing courbait l'échine sans rompre. Machenaud trouvait le poteau gauche juste avant la mi-temps.

Au retour des vestiaires, ce sont les Franciliens qui dégainaient les premiers. Le coup de pied de renvoi de François Trinh-Duc allait directement en touche et les Ciel et Blanc faisaient parler la qualité de leurs trois-quarts sur une action de classe en première main. À la 42ème minute Lambie combinait avec Chavancy pour offrir un doublé à Vakatawa. Le cinquième essai dans l'enceinte francilienne de l'international tricolore positionné en centre (17-10). Le Racing allait passer les trente minutes suivantes à défendre son gain. Toulon inscrivait trois points à la 58ème (17-13) mais ne parvenait pas à forcer le verrou des coéquipiers de Camille Chat.

Plusieurs fois, les Varois s'obstinaient à jouer plutôt que prendre les points dans le camp francilien. À la 62ème, à la 66ème, à la 69ème, à la 74ème, il y avait toujours une faute de main d'un toulonnais ou l'intervention d'un racingmen pour empêcher le RCT de marquer l'essai tant attendu. Attwood avait beau intercepter un ballon après que Le Roux ait subtilisé un ballon en touche à Kruger, rien n'y faisait. Antonie Claassen mettait les mains sur le ballon et le Racing pouvait souffler. Après le Munster, Toulon gâche encore.

L'action : Le deuxième essai de Vakatawa

Malgré ses deux échecs au pied lors du premier acte, François Trinh-Duc a plutôt animé avec justesse le jeu d'attaque de son équipe. Le problème est qu'il a été une nouvelle fois irrégulier et inconstant dans l'ensemble. Il est ainsi au point de départ du deuxième essai du Racing, un essai qui a fait mal à la tête des Varois. En loupant son renvoi qui a filé directement en touche au tout début de la deuxième mi-temps, l'international tricolore a offert une munition aux Franciliens. Qui ne s'en sont pas privés. En sortie de mêlée, Machenaud décalait Lambie côté gauche. Le demi d'ouverture springbok mettait Chavancy dans l'intervalle. Le centre se jouait de Trinh-Duc et Nonu, trop naïf en défense, pour percer et remettre intérieur à Vakatawa qui ne serait pas repris. Un essai d'école qui compte sur le résultat final.

Le facteur X : Le Racing et sa défense de fer

Quand la meilleure attaque (636 points avant le coup d'envoi) rend visite à la meilleure défense (395 points) , il faut s'attendre à une opposition de style. Sur le synthétique de la U Arena qu'il commence à connaître sur le bout des doigts, le Racing a été fidèle à certains de ses principes. Alors qu'on les avait vu redoutables et tranchants dans leur animation offensive en quart de Champions Cup face à Clermont, les joueurs du duo Labit-Travers ont montré leur autre visage : pragmatiques à souhait, opportunistes et diablement solides en défense. Comme d'autres équipes avant lui, le RCT s'y est cassé les dents. Malgré plus de six minutes passés dans le camp ciel et blanc en deuxième mi-temps, et 61 % de possession, les Varois n'ont jamais réussi à prendre à revers les Franciliens. Une défense de champion.

La question : Est-ce que le Racing va se qualifier directement en demi-finale ?

Rejoint par Toulouse en terme de points (66 pts) avant la rencontre face à Toulon, le Racing avait une belle occasion de creuser un petit écart avec les Haut-Garonnais. C'est chose faite après leur victoire acquise au forceps face à Toulon. Le déplacement dimanche prochain à Toulouse va valoir très cher mais le Racing peut (un petit peu) voir venir.

Par Enzo Diaz