Boudjellal : "Vincent Clerc, c'est un All Black"

Rugbyrama : Vincent Clerc a officialisé hier qu'il mettrait un terme à sa carrière en fin de saison. Comment avez-vous vécu cette annonce ?

Mourad Boudjellal : Je n'étais pas à Toulon en ce début de semaine, je n'étais donc pas là pour en parler avec lui... Mais pour être tout à fait honnête, si sa fin de carrière n'était pas encore officielle, tout le monde au club s'y attendait. Personne n'a donc vraiment été surpris. Pourquoi ? Car il avait déjà été question que Vincent arrête à l'issue de la saison passée. Alors quand il a décidé de rempiler, nous imaginions que ce serait sa dernière saison.

C'était important pour vous qu'il termine sa carrière sur une saison pleine ?

M.B. : La saison passée, à la suite de sa rupture totale du tendon d'Achille gauche, en janvier 2017, qui faisait elle même suite à une longue blessure intervenue au tendon d'Achille droit, de nombreuses personnes lui ont affirmé que sa carrière était terminée. Il l'a forcément envisagé, mais le plus grand ailier de l'histoire du rugby français ne pouvait pas terminer sa carrière sur une mauvaise note... avec un goût d'inachevé. Alors quand il m'a demandé de prolonger d'une saison, la question ne s'est même pas posée, je lui ai fait signer son année supplémentaire sur le champ. Puis ce joueur est exceptionnel...

C'est à dire ?

M.B. : Au niveau de l'attitude, de la compétitivité, de la motivation, de l'hygiène de vie, c'est un All Black. Vincent Clerc, c'est un All Black. C'est un joueur qui tire le groupe vers le haut. Ce n'est pas celui qu'on entend le plus, mais l'un de ceux qui est le plus écouté, le plus observé. En deux ans à Toulon, et même s'il a été éloigné des terrains près de huit mois la saison passée, il a beaucoup apporté au groupe.

Le fait qu'il mette un terme à sa carrière à Toulon a-t-il une saveur particulière ?

M.B. : Se dire que Vincent Clerc a terminé son œuvre au RCT, c'est magnifique. Et vous imaginez bien qu'être le dernier président de cette légende du rugby français et mondial est une grande fierté (sourire). Maintenant on sait qu'il n'a joué "que" deux saisons à Toulon, contre quatorze à Toulouse. Il n'y a donc que deux saisons, au cours desquelles il a longtemps été blessé, qui nous appartiennent, si je peux le dire ainsi. Vincent Clerc est donc Toulousain, et nous n'aurons pas l'outrance de s'accaparer son œuvre. D'ailleurs, pour son centième essai, qui lui permettait de devenir le co-meilleur réalisateur de l'histoire de la première division (ndlr ex-eaquo avec Laurent Arbo), nous avions mis Toulouse de Claude Nougaro à Mayol. Comme ils peuvent le faire à Ernest-Wallon. C'était un hommage, pour le plus Toulonnais des Toulousains.

Vous parlez de son centième essai. Peut-on imaginer que, malgré la fin de saison à suspens qui attend le RCT, Vincent Clerc puisse jouer un dernier match et espérer devenir seul recordman ?

M.B. : Je ne peux vous répondre. Je n'ai jamais, et je n'interfèrerai jamais dans les choix sportifs. En ce qui concerne Fabien (ndlr Galthié), je ne suis pas certain qu'il fasse une exception pour Vincent Clerc, simplement pour le record. S'il lui permet de jouer à nouveau cette saison, c'est simplement parce qu'il considère qu'il a besoin de lui sur le terrain.

Quant à vous, lui avez-vous proposé quelque chose pour son après-carrière ?

M.B. : Avant de penser à l'après, il lui reste déjà une ultime saison à terminer pour ajouter un titre à son palmarès... Bien que ce dernier soit déjà impressionnant (sourire). Ensuite, il est vrai que j'y ai beaucoup réfléchi, mais finalement je ne l'ai pas fait. D'une part parce que j'ai un staff en place, et d'autre part parce que Vincent a des projets a mener en dehors du rugby. Je pense qu'il va couper quelque temps. Et revenir en suivant ? J'en suis convaincu. Vincent fera un excellent technicien. Il a une excellente analyse du jeu, comprend et aime le rugby, est pédagogue et surtout il est entraînant. Selon moi, l'histoire qui lie Vincent Clerc et le rugby n'est pas terminée.