Marcel-Michelin, ce stade devenu un mythe

  • Supporters Clermont - 20 avril 2013
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  • Stade Michelin - clermont - 2013
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Publié le Mis à jour
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Invaincus à domicile depuis plus de quatre ans, les Clermontois ont fait du stade Michelin une forteresse imprenable. Un atout avant de recevoir Toulon.

Novembre 2012. D'un drop, Jonny Wilkinson croit briser net la série de victoires consécutives de Clermont sur son terrain. A la 79e minute du match Clermont-Toulon, l'Anglais arrache le match nul 21-21. C'est sans compter sur le stade Michelin et ses sortilèges. Sur la sirène, Giteau expédie volontairement le ballon en touche, et James passe la pénalité qui offre une 50e victoire d'affilée aux Clermontois. Ce vendredi, face aux mêmes Toulonnais, le public auvergnat poussera les siens vers un 74e succès consécutif à domicile. Depuis le 21 novembre 2009, et une victoire de Biarritz (16-13), le Michelin n'a connu ni défaite, ni match nul. Quatre ans et quatre mois que ça dure. 73 victoires, 58 en Top14, 15 en H Cup, et des statistiques impressionnantes. Plus de 3,5 essais inscrits par match, pour un score moyen de 34 à 13 pour les Auvergnats.

Un poster devenu célèbre montre le stade Marcel Michelin perché sur un piton rocheux, cerné de gouffres profonds. Une citadelle imprenable, c'est un peu ce qu'est devenu ce stade construit en 1911 lors de la création de l'ASM, à l'initiative de Marcel Michelin, dirigeant de la manufacture et premier président du club. 100 ans plus tard, après plusieurs extensions, le Michelin est désormais fermé par quatre tribunes, les angles sont clos, et ses 18 030 places sont invariablement occupées à 95%. "Avant c'était un stade ouvert, il n'y avait que deux tribunes, et pas de résonance comme maintenant, témoigne Thierry Fraisse, président de l'Interclubs des supporters clermontois. Depuis qu'il est fermé, quand tu es au milieu tu prends tout dans la gueule, c'est vraiment impressionnant. Il ne fait que 18 000 places, mais ça fait du bruit".

Supporters 1 Clermont Leinster 29 avril 2012
Supporters 1 Clermont Leinster 29 avril 2012
La réputation du public de Clermont date même d'avant le Top 14.

Le bruit, c'est la Yellow Army qui s'en charge. Si tous les adversaires se cassent les dents à Clermont depuis si longtemps, c'est aussi parce qu'une armée de supporters jaune et bleu pousse derrière ses joueurs. "Le stade est tout le temps plein, et toujours à fond derrière nous, témoigne le pilier Thomas Domnigo. Malgré les défaites et les désillusions qu'on a connu certaines saisons, on sent qu'il y a un engouement important autour du club, et cette invincibilité est une belle récompense pour eux".

La série victorieuse dure depuis plus de quatre ans, mais ses racines sont plus profondes. "La réputation du public de Clermont date même d'avant le Top 14, confirme Thierry Fraisse, qui passe ses week-ends au stade depuis les années 70. A Clermont, le rugby a une place très importante, et même au-delà. On peut parler de tout le Massif Central, il n'y a qu'à voir les plaques d'immatriculation autour du Michelin, ça vient de partout. On est le club du centre de la France, et beaucoup de gens se retrouvent avec nous". Olivier Merle a passé huit saisons à Montferrand dans les années 90, et témoigne de la force du public auvergnat, déjà à son époque. "Lors de moments difficiles sur le terrain, le public réagit immédiatement, raconte la 'Merluche'. Je le dis parce que je l'ai vécu. C'est ressenti de manière différente par les uns et les autres, mais c'est un phénomène bien réel".

Pas toujours simple...

Pendant ces quatre ans d'invicibilité, Clermont a connu des moments difficiles. L'édifice a vacillé, mais le puissant souffle venu des tribunes a aidé les joueurs à gagner leurs bras de fer. "Ça fait partie de l'histoire de cette série, explique Thierry Fraisse. Ce n'est pas le bonus offensif à tous les matches, il y a des fois où ça a été serré, mais les joueurs ont eu les ressources pour garder cette invincibilité". Comme lors d'un Clermont-Stade français, en septembre 2012. Clermont encaisse trois essais dans la première demi-heure, par Warwick et un doublé de Vuidravuwalu. Les Clermontois n'égalisent qu'à la 77e, et c'est un drop de James à la sirène qui leur offre la victoire. La joie de l'Australien, poing levé, dans les bras de ses coéquipiers, en disait long sur la fierté de garder leur antre inviolée.

Autre scénario lors du dernier match à domicile face à Montpellier. Un carton rouge contre Morgan Parra, et des tribunes qui se mettent à rugir. "C'est chaud, c'est bouillant, c'est Clermont-Ferrand" affiché sur la tribune Phliponeau, celle du kop et des tambours, adossée aux usines Michelin de Cataroux. Ce n'était pourtant qu'un échauffement, des vocalises pour les supporters, avant les deux prochains rendez-vous, contre Toulon et Leicester. Face aux rouge et noir de la rade, bourreaux de Clermont en finale de H Cup la saison dernière, les tribunes vibreront, avec encore plus de ferveur et de rage que d'habitude. "S'il y a un match qu'on ne veut pas perdre, c'est celui là", confie Thierry Fraisse. "Ce n'est pas notre motivation première, mais des matches comme ça, des finales de Coupe d'Europe ou de Top 14 qui se passent de cette manière, ça reste ancré dans un coin de la tête", témoigne le pilier Thomas Domingo.

Jusqu'à quand ?

"Le fait que ces victoires à domicile perdurent, c'est non seulement grâce à cette présence du seizième homme, mais aussi parce que c'est un facteur de motivation d'avant-match constant, permanent, explique Olivier Merle. Quand on rentre sur le terrain, on n'a pas envie de faire partie de l'équipe qui a interrompu cette belle série de victoires sur ce terrain". "C'est forcément une fierté d'être invincibles à la maison, de faire douter les plus grandes équipes, explique Thomas Domingo. Après c'est une pression supplémentaire parce qu'on n'a pas envie que le record tombe".  Le troisième ligne, Julien Bonnaire, a vécu une période du même genre avec Bourgoin, au stade Pierre-Rajon. Il n'était pas sur le terrain le jour où la série s'est arrêtée. "Ce n'est pas un fardeau, mais on sait que les équipes viennent ici pour nous faire tomber, et qu'elles n'ont aucune pression. C'est pour ça qu'on doit constamment hausser notre niveau pour gagner".

La série s'interrompra fatalement. Le record, lui, appartiendra pour longtemps à l'ASM Clermont Auvergne. "De match en match, on se rapproche de la fin dette série, résume Thierry Fraisse. Ça arrivera bien un jour, mais ce que j'espère, c'est que ce jour là, le public sera reconnaissant. Il faudra faire une ovation aux joueurs. Mais le plus tard sera le mieux quand même..."

Stade Michelin - clermont - 2013
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