Clermont, ça urge...

"On joue moyen. On attaque moyen. On est une équipe moyenne, en fait". Tels furent les mots du capitaine auvergnat Aurélien Rougerie à l'issue de la fessée encaissée par les Jaunards, jeudi soir à La Rochelle (22-14). "On a pris une leçon de passion, de détermination et d'envie", ajouta dans la foulée Vern Cotter, désabusé dans les vestiaires du stade Marcel Deflandre. En clair, sur la cote Atlantique, les coéquipiers de Rougerie ont enfilé le maillot jaune et bleu et joué à la baballe pendant quatre-vingt minutes. Sans passion ni conviction. "Cette défaite est largement méritée et notre septième place aussi", conclut Cotter dans un murmure. Le constat est cruel. Sept déplacements en Top 14 ponctués par six défaites : le champion de France en titre marche à côté de ses pompes à l'extérieur et végète dans le ventre mou du classement. Depuis le début de saison, les Clermontois sont incapables, loin de leur forteresse imprenable du Michelin, d'imposer leur jeu et leur dimension physique à leurs adversaires.

Comment expliquer cela ? Les Jaunards, couronnés fin mai, n'auraient-ils donc plus d'appétit ? On n'ose le croire : "Il nous faut aujourd'hui trouver un autre but, analyse le coach. Les quatre saisons précédentes, il était tout trouvé. Nous devons donc donner du sens à ce que l'on fait, pas jouer les matchs les uns après les autres, sans objectif particulier. Posons nous les bonnes questions : Pourquoi est-on là ? Où veut-on aller ? Mes joueurs sont toujours de bons joueurs : il faut juste qu'ils se responsabilisent davantage". On a évoqué, dans les couloirs du stade de La Rochelle, la possible démission des internationaux clermontois (onze sur la dernière feuille de match), réquisitionnés par leurs sélections respectives au lendemain de ce match face aux Maritimes. Un argument éliminé d'autorité par Julien Malzieu : "J'ai déjà vécu ce genre de situation. Le problème n'est pas là, je vous l'assure. Quand tu joues un match, tu n'es pas ailleurs..." Interrogé sur le sujet, Cotter a quant à lui jugé qu'il ne pouvait répondre à la place de ses internationaux.

Un mois pour réfléchir

Ce déplacement à La Rochelle sera nécessairement un tournant dans la saison des champions de France : ou ceux-ci se réagissent, ou ils coulent. "Nous allons relever la tête, souffle Julien Pierre. Il ne faut jeter le bébé avec l'eau du bain. Mais nous devons réellement prendre conscience que nous sommes en danger. Depuis le début de saison, on répète après chaque défaite à l'extérieur que l'on n'est pas loin au classement. Aujourd'hui, on l'est. Soyons clairs". A La Rochelle jeudi soir, les murs ont tremblé. Le vent de colère de Cotter a rappelé le temps où Clermont se cherchait encore. De mémoire de Jaunard, on n'avait pas connu ça depuis deux ans et un certain soir d'hiver où ils furent battus à Mont-de-Marsan, alors condamné au Pro D2. "Il y a cinq saisons que je travaille avec ce groupe, détaille Cotter. Tous les ans, nous connaissons une période de doute similaire. Mais il ne faut pas dramatiser non plus. J'ai toujours confiance en eux". La réponse viendra du groupe et de lui-seul.

A la suite du naufrage rochelais, les Clermontois ont d'ailleurs déjà crevé certains abcès. "Nous avions besoin de nous parler, poursuit Julien Pierre. Chacun de nous doit se remettre en question. On ne peut plus continuer ainsi". Des propos corroborés par Malzieu : "Les coachs n'ont rien à voir là-dedans. Il faut chercher la flamme en nous. En gros, on a un mois pour réfléchir, chacun de son côté, à ce que nous voulons amener à ce groupe". Et rendez-vous début décembre, pour un match face au Stade toulousain aussitôt suivi par une double confrontation contre le Leinster, ogre déclaré de la poule 2.

Retrouvez ce vendredi dans Midi Olympique toutes les analyses et les réactions de la rencontre entre La Rochelle et Clermont.