Saint-André: "Je cherche à créer"

Par Rugbyrama
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Philippe Saint-André, le futur manager de Toulon, revient sur la fin de son aventure anglaise et il se projette sur sa prise de fonction au RCT. Officiellement, l'ancien patron de Sale est en vacances jusqu'au 1er juin mais il travaille déjà activement à la saison prochaine.

Votre aventure anglaise vient de se terminer. Quel est votre premier sentiment ?

Philippe Saint-André.- C'est la fin d'une belle aventure après cinq saisons passées à Sale. J'ai pris beaucoup de plaisir à entraîner cette équipe avec laquelle j'ai eu la chance d'être champion et de participer à quatre Heineken Cup. Je suis un entraîneur qui a pu décider de sa sortie et c'est plutôt un luxe dans notre métier (rire). Nous manquons les demi-finales à cause de deux ou trois points de bonus oubliés en route ou une victoire. Mais nous avons été beaucoup handicapés pendant les tests internationaux du mois de novembre. A ce moment, je ne pouvais pas compter sur ma première ligne et nous avons notamment perdu un match à domicile contre Worcester.

Sous votre " mandat ", les Sharks sont devenus une référence en Angleterre. Est-ce une satisfaction ?

P. S.-A.- Avant que j'arrive, les Sharks de Sale n'avaient réussi qu'un seul match nul en France. Ils n'y avaient jamais gagné. C'est devenu une équipe régulière que nous avons amenée en Coupe d'Europe. Nous avons aussi réussi l'exploit de remporter le titre après avoir fini la phase régulière à la première place. C'est la seule fois où c'est arrivé dans l'histoire du championnat anglais. Nous pourrions avoir quelques regrets sur nos campagnes européennes mais nous avons eu le Munster dans notre poule à trois reprises.

Pourquoi avez-vous décidé de quitter les Sharks ?

P. S.-A.- Je sentais que je ne pourrais pas passer un palier supplémentaire notamment en terme de structures ou au niveau du stade. Les Sharks sont installés dans une ville qui vibre à 500% pour le football. Le président Brian Kennedy s'est donné à 500% mais c'est difficile d'exister. Il faut savoir qu'à Manchester le rugby league et plus important que le rugby à quinze.

Le challenge qui vous attend à Toulon paraît similaire à celui de Sale quand vous avez repris cette équipe. Est-ce votre avis ?

P. S.-A.- C'est vrai, et c'était aussi une aventure similaire à Gloucester et Bourgoin où j'avais pris part à la mise en place des structures et où j'avais participé à la recherche du sponsoring. A chaque fois, j'ai par exemple dû mettre en place une salle de musculation et c'est encore le cas à Toulon. Il faut se doter de structures qui permettent de valider un projet à moyen terme. Celui du RCT est de figurer dans les places européennes. Mais pour l'instant, il ne faut pas oublier que le club n'est toujours pas sûr à 100% de se maintenir. Il y a aussi des similitudes entre Mourad Boudjellal et Brian Kennedy. Tous les deux ont réussi dans leurs affaires et maintenant ils ont envie de réussir dans leur club pour donner du plaisir à leur ville. En revanche, il y a aussi des grandes différences. Je vivais à Manchester dans le nord de l'Angleterre où le rugby est minoritaire et je vais maintenant vivre dans le sud-est de la France et dans une ville où le rugby est une religion.

Autant de similitudes, ce n'est pas anodin...

P. S.-A.- Ce sont des projets similaires car c'est ce genre de challenge que j'aime. Je cherche à créer, à façonner l'équipe à mon image. Je ne veux pas être un simple pion.

Vous venez de passer les cinq dernières saisons en Angleterre. Avez-vous quelques appréhensions avant de retrouver le championnat de France ?

P. S.-A.- Le championnat de France est devenu très médiatique et il sera encore plus dur la saison prochaine avec la montée du Racing-Metro et des équipes comme Brive et Bayonne qui ont très bien évoluées. Je ne ressens pas d'appréhension mais je suis conscient qu'une adaptation sera nécessaire. C'est pour cela que je regarde énormément de matchs du Top 14 depuis trois ou quatre mois. C'est un championnat qui se joue différemment et qui est arbitré différemment.

En quoi est-ce différent ?

P. S.-A.- Les très bonnes équipes françaises ont d'autres points forts par rapport aux très bonnes équipes anglaises. En France, la mêlée est beaucoup plus importante et si les ballons portés sont de nouveau autorisés, ce sera aussi un secteur capital. En Angleterre, les entraîneurs veulent que l'équipe soit capable d'être en place sur douze temps de jeu, qu'elle puisse toujours se réorganiser tout en restant disciplinée. Je prends officiellement mes fonctions au RCT le 1er juin mais nous avons beaucoup anticipé mon arrivée avec le président Boudjellal. L'autre différence majeure vient de l'intersaison. En Angleterre, nous avons deux mois de préparation où nous pouvons travailler énormément physiquement ainsi que la structure de notre jeu. En France, la préparation est très courte et nous avons une équipe jeune avec des nouveaux joueurs. Ce ne sera pas facile mais heureusement qu'Aubin Hueber, pour les avants, et que Tana Umaga, pour les trois-quarts, seront là pour m'épauler et faire le lien entre les deux saisons.

Vous avez évoqué le moyen terme, mais quel sera votre objectif pour la saison prochaine ?

P. S.-A.- Le rugby, c'est un équilibre à trouver et cela peut parfois prendre du temps. L'objectif sera de ne pas trembler jusqu'à la dernière journée pour nous permettre d'évoluer et de construire.

A Toulon vous allez trouver un contexte qui n'est pas toujours évident. Craignez-vous la pression, quelle soit au niveau de vos dirigeants, médiatique ou populaire ?

P. S.-A.- Je me suis toujours mis une énorme pression au niveau des résultats car je ne supporte pas la défaite. Je transmets cela à mes joueurs et c'était déjà le cas à Gloucester, à Bourgoin et à Sale. Je crois que l'on ne survit que par les résultats. En revanche, il est certain que la pression médiatique et populaire sera très importante par rapport à mes choix dans la composition d'équipe ou dans le coaching. J'ai déjà connu cette situation à Gloucester et cela ne me fait pas peur car l'important reste la pression du résultat. Moi, je crois au travail, à la discipline, à la maîtrise. C'est un travail collectif car le but est de donner les clés aux joueurs pour qu'ils trouvent les solutions. Les supporters devront être un peu patient... sauf qu'à Toulon... En premier lieu, il faudra arriver à faire de Mayol une forteresse.

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