Clermont, le ténor sans voix

Par Rugbyrama
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L'orchestre auvergnat, si bien réglé collectivement depuis deux ans, tarde à trouver une harmonie cette saison. Les deux défaites à Toulon et Bayonne en attestent. Etat des lieux avant la venue du Stade toulousain samedi à Marcel-Michelin, où l'ASM espère

. Le poids du 28 juin

Le Maudit du rugby français. Le Poulidor du Top 14. Toujours placé, souvent brillant, jamais gagnant. Clermont en a marre de cette rengaine. Marre de ces huit finales perdues, de cette pseudo-malédiction qui ne repose sur rien de tangible, mais qui pourrit pourtant la vie du club auvergnat. Le groupe de Vern Cotter reste sur deux échecs en finale, face à Paris en 2007 et contre Toulouse, le 10 juin dernier. Juste après le match, les Clermontois avaient d'emblée cherché à minimiser l'impact psychologique de cette nouvelle défaite, ô combien douloureuse. Mais il ne s'agit pas de se le répéter, de s'en convaincre, pour que la chose soit effective. Cela s'appelle la méthode Coué. "C'est vrai, nous n'avons toujours pas écarté de nos esprits cet échec" , admettait lundi Jean-Marc Lhermet dans Midi Olympique. Si la finale perdue contre le Stade français, en 2007, avait été vécue comme une étape sur le chemin de la gloire, celle face à Toulouse a fait beaucoup plus mal. D'abord parce que les coéquipiers d'Aurélien Rougerie sont passés complètement à côté de leur match. Surtout, ils venaient de dominer la saison régulière de la tête et des épaules, battant tous les records. Ce devait être leur saison, leur tour. Difficile dans ces conditions de repartir comme si de rien n'était.

. Le recrutement

Pour franchir le cap, l'ASM aurait peut-être eu besoin d'un peu de sang neuf. Or le groupe a très peu évolué à l'intersaison. Les dirigeants ont choisi la stabilité. Au niveau du jeu, difficile de leur reprocher, d'autant que l'effectif était déjà copieux, et sans faille apparente. Clermont a perdu Smit, Delasau, Broomhall ou encore Shvelidze. Des joueurs de poids, même si aucun n'était un titulaire absolument indiscutable. Les nouveaux venus, comme Pierre, Cabello ou Mignardi, ne sont pas encore des leaders, davantage des joueurs de complément. Il manque toujours une deuxième charnière de haut niveau, derrière Pierre Mignoni et Brock James. "J'attendais davantage, regrette Mario Ledesma dans La Montagne. Regardez ce que Kelleher a apporté à Toulouse!" L'argument se tient, même si en l'état actuel, l'ASMCA a déjà tout ce qu'il faut pour prétendre au Brennus. Plus encore qu'au niveau sportif, c'est donc en termes de régénérescence qu'un recrutement plus abondant aurait pu faire du bien à ce groupe. Après le double échec en finale, il manque peut-être un peu de sang frais.

. La préparation

A l'image de Toulouse, le vice-champion de France a choisi de reprendre tardivement l'entrainement. Physiquement, les joueurs n'ont sans doute pas encore digéré le travail imposé avant le début de la saison. D'où ce côté emprunté du collectif jaunard, comme en seconde période à Bayonne. L'objectif était d'être à 100% au début de l'automne pour la Coupe d'Europe. La saison sera longue. Mais aujourd'hui, les Clermontois paient incontestablement leur stage aux Etats-Unis. En plus de la préparation, il a fallu encaisser la chaleur, l'humidité... et le décalage horaire. Pas l'idéal pour aborder le Top 14 frais et dispo. D'autant qu'il a fallu assimiler dans le même temps les nouvelles règles. "On a encore du mal à tout saisir", avoue Elvis Vermeulen. Mais toutes les équipes sont dans ce cas...

. Des leaders à la peine

La mécanique collective a des ratés. Ces insuffisances pourraient partiellement être palliées par le talent des individualités, nombreuses. Mais les habituels leaders de jeu sont en panne en ce début de saison. Le capitaine Aurélien Rougerie s'est trouvé en difficulté dès le premier match à Bayonne. Touché aux cervicales, il n'était pas à 100% et va se faire opérer. Il sera absent trois mois. Brock James le maitre à jouer, alterne le bon et le très quelconque. Napolioni Nalaga, la terreur des ailes, n'a pas le même impact qu'en fin de saison dernière. Anthony Floch et Julien Malzieu n'apportent pas ce qu'ils devraient dans le jeu offensif.

BILAN: Clermont est clairement en retard en ce début de saison. Pour diverses raisons, mentalement, physiquement, collectivement, l'ASMCA a du retard à l'allumage. Dans quelle mesure faut-il s'inquiéter? Pour l'heure, joueurs, staff et dirigeants calment le jeu. "Nous sommes dans un processus de création d'une nouvelle dynamique. Cela peut prendre cette année un peu plus de temps que l'an denier, mais il n'y a pas le feu", assure le président René Fontès. Après tout, les Auvergnats ont perdu à Toulon et Bayonne, deux terres où ils ne seront pas les seuls à chuter. Les bases sont saines. Le talent est là, à tous les niveaux. "Nous ne sommes pas devenus mauvais du jour au lendemain", se convainc Pierre Mignoni. Il a raison. Clermont a peut-être simplement besoin d'un déclic. La venue de Toulouse, samedi, tombe donc à pic. Une victoire lancerait la saison pour de bon et, accessoirement, permettrait de solder un premier compte avec ce maudit 28 juin.

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