Rois de l'attaque, les All Blacks n'en oublient pas d'être une incroyable machine défensive
COUPE DU MONDE - Si la réputation offensive de la Nouvelle-Zélande n'est plus à faire, un aspect du jeu des All Blacks semble aujourd'hui sans égal: la défense. Un point fort discret mais sur lequel Steve Hansen compte pour conserver le titre mondial. Analyse d'un système qui semble quasiment parfait.
C'est une évidence, la première clef de la défense, c'est le plaquage. Et dans ce registre, les All-Blacks sont (presque) les meilleurs. 86,7% de réussite. Avec moins de 13 plaquages manqués par match, la Nouvelle-Zélande est l'équipe qui rate le moins de plaquages par match dans cette Coupe du monde… Juste derrière l'Afrique du Sud (12,20 !).
Un pourcentage élevé qui ne révèle pourtant pas le plus important: les All Blacks ne ratent presque aucun plaquage dans leurs 20 derniers mètres. Ni le fait que les joueurs à la fougère plaquent moins car le système mis en place est efficace et pousse l'adversaire, impuissant, à souvent rendre le ballon en tapant au pied.
Le discipline, arme numéro 1
Plus que l'efficacité comptable, c'est surtout la pertinence du système mis en place par Brian McLean (analyste vidéo défensif) et Wayne Smith (entraineur de la défense) qui frappe. Le système repose tout d'abord sur la discipline: pas de fautes, pas de points gratuits. La Nouvelle-Zélande ne concède presque pas de pénalités: 5,20 par match dans son camp. Là encore, la meilleure formation encore en course. Un choix disciplinaire assumé. Exemple: lorsque Crockett annule un temps fort en faisant une faute stupide face au XV de France, Hansen le met dehors. A la 28e minute…
Des joueurs au service d'un système
C'est dans son expression collective que l'organisation touche au magnifique. Pas de conteste au sol dans les couloirs des 15m, un milieu de terrain très fort et agressif pour annuler toute vitesse au large et l'interdiction de se consommer dans les rucks sauf sur un plaquage offensif (lorsque le plaqueur fait reculer le porteur de la balle). Une mécanique qui permet à la Nouvelle-Zélande, malgré sa volonté de ne pas contester la balle trop souvent, d'afficher là encore les meilleures statistiques du dernier carré avec 36 ballons gagnés par match.
La partie émergée de l'iceberg. Car l'autre arme défensive des All Blacks est une arme de poids : la touche. Avec un alignement défensif très performant, les joueurs néo-zélandais récupèrent 2 ballons par match. Dans les airs, Read (meilleur contreur en touche du Mondial) et Retallick (2e meilleur contreur ex aequo) font leur loi et grippent bien souvent les lancements adverses. Un chiffre qui grimpe lors des matchs décisifs, avec 4 ballons gagnés face à la France par exemple.
Un système fait pour faire briller les joueurs
Ce schéma tactique n'est rendu possible que grâce au talent individuel de quelques joueurs. Si le milieu de terrain est si important défensivement, il le doit à 3 joueurs d'exception. Ma'a Nonu, gros défenseur sur l'homme, Conrad Smith, capitaine de défense et dont ses coéquipiers néo-zélandais disent qu'il n'est jamais battu et Richie McCaw, le meilleur joueur du monde pour ralentir les ballons (parfois à l'extrême limite de la règle). Un trio qui contrôle la distance, Nonu très agressif et Smith compensant les déplacements, et le temps, McCaw et Nonu pouvant ralentir les ballons de manière impressionnante… et régulière. Et en rugby, contrôler le temps et l'espace de l'attaque, c'est contrôler le match.
Enfin l'interchangeabilité des joueurs qui pousse le système à s'adapter constamment. En témoigne la présence régulière de Nonu au ras quand Whitelock va défendre en position de centre. Seulement l'adversaire ne peut pas compter sur les duels "qualitatifs" (un arrière face à un avant) pour se sortir de la toile: il n'y a presque aucune différence dans la façon dont le joueur va monter et défendre…
Des résultats impressionnants
Au final, le résultat est sans appe : 15,7 points concédés par match depuis la dernière Coupe du monde. Dans ce Mondial ? Jamais plus de 16 points. Le système est réfléchi, pensé, organisé en fonction des qualités de chacun. Et si des failles existent dans l'armure all black, cela fait maintenant près de 4 ans que personne ne trouve la clef de cette défense.
Probablement parce qu'une organisation de qualité, même (re)connue, peut être une problématique insoluble. Mais aussi parce que les All Blacks ont ce génie de pouvoir adapter sans cesse, de pouvoir se sortir d'un schéma qui marche d'ordinaire mais qui ne fonctionne plus aussi bien le temps d'un match. C'est probablement cela l'immense différence qui existe entre la Nouvelle-Zélande et les autres nations: les All Blacks sont des caméléons, sûrs de leur force collective. Tellement que sortir d'un système, même considéré comme le meilleur du monde, ne fera peur à personne.
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